La Bataille d’Alger en version symphonique
Le célèbre film de Gillo Pontecorvo, La Bataille d'Alger, sera projeté à Paris à l'occasion du 90e anniversaire de l'un des plus grands musiciens de cinéma, Ennio Morricone, qui dirigera le 23 novembre l'Orchestre symphonique national tchèque ainsi qu'un choeur composé de plus de 75 chanteurs.
Ce concert, qui se déroulera à l'AccorHotels Arena de Bercy, reprendra ces plus grandes musiques de film au terme de la tournée «60 Years of Music World Tour», a-t-on appris mardi des organisateurs. Globalement, la manifestation se décline en une Masterclass, une programmation dédiée à la Cinémathèque, un concert à Bercy et la parution d'un livre dont il est l'auteur, Ma musique, ma vie : à la recherche de ce son. Le livre, paru le 18 octobre dernier, résulte de trois années d'entretiens entre Ennio Morricone et le compositeur Alessandro De Rosa. Longtemps boudé par la critique de son vivant, le réalisateur italien du Bon, la brute et le truand et de Il était une fois en Amérique, Sergio Leone, est à l'honneur à la Cinémathèque française, qui lui consacre une grande exposition à partir de mercredi. Présentée à Paris jusqu'au 27 janvier, avant Rome, l'exposition «Il était une fois Sergio Leone» rassemble des extraits de films, photos, scénarios, maquettes de décors, dessins, costumes – dont le célèbre poncho de Clint Eastwood dans la Trilogie du dollar – ou objets ayant appartenu à ce cinéaste «à la fois expérimental et populaire», selon le directeur de la Cinémathèque française, Frédéric Bonnaud.
IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION
Considéré comme le père du western spaghetti, Sergio Leone «est le ''ET'' entre deux adjectifs qui ont l'air opposés, c'est l'oxymore permanent, c'est un cinéaste du trivial et en même temps de la majesté lyrique», a-t-il poursuivi, lors d'une conférence de presse. Le réalisateur italien, décédé en 1989, a «cette incroyable capacité à mettre ensemble des opposés. La richesse de son cinéma vient de là», a renchéri le commissaire de l'exposition Gian Luca Farinelli, directeur de la Cinémathèque de Bologne, pour qui Sergio Leone est «le premier metteur en scène postmoderne». L'exposition commence par l'enfance et la jeunesse du cinéaste, fils du réalisateur italien Roberto Roberti (Vincenzo Leone de son vrai nom) et de l'actrice Bice Waleran (Edvige Valcarenghi), et revient aux sources d'inspiration de cet homme de culture, dont l'oeuvre est influencée par les films de John Ford mais aussi de Charlie Chaplin ou Akira Kurosawa, par le théâtre de Goldoni, les personnages de Cervantes et Homère, par la peinture de Degas, Hopper ou De Chirico. Elle montre ensuite comment Sergio Leone a transformé les codes du western à travers une révolution à la fois narrative, visuelle et sonore. Elle décortique le processus de fabrication de ses oeuvres, de Pour une poignée de dollars (1964) à Il était une fois en Amérique (1984), sans oublier de consacrer une salle au célèbre compositeur des musiques de ses films, Ennio Morricone. «S'il n'a jamais eu de consécration internationale» de son vivant, Sergio Leone, «l'un des cinéastes les plus aimés par le public d'hier et d'aujourd'hui» et «vénéré» par des réalisateurs contemporains tels que Martin Scorsese et Quentin Tarantino, «nous a laissé un héritage créatif dont on commence seulement à comprendre la portée», estime Gian Luca Farinelli.