ALI BENFLIS MAINTIENT LE SUSPENSE SUR SA CANDIDATURE
Le président du parti Talaie El Hourriyet, Ali Benflis, a brossé hier un tableau des plus sombres de la situation qui prévaut en Algérie, 64 ans après le déclenchement de la Guerre de Libération nationale. Un pays, dit-il, qui risque de basculer dans l’inconnu, si le pouvoir en place n’ouvre pas les portes du dialogue avec toutes les forces vives de la nation.
A l’ouverture des travaux de la 6e session ordinaire du comité central du parti, Benflis charge «les gouvernants» qui ont déclassé la légitimité populaire au bénéfice d’une aberration nommée «la légitimité du terrain», et ce, au nom de ce qu’ils appellent le «pragmatisme politique».
Ali Benflis, président du parti Talaie El Hourriyet, a brossé hier un tableau des plus sombres de la situation qui prévaut en Algérie, 64 ans après le déclenchement de la Guerre de Libération nationale. Un pays, dit-il, qui risque de basculer dans l’inconnu si le pouvoir en place n’ouvre pas les portes du dialogue avec toutes les forces vives de la nation.
A l’ouverture des travaux de la 6e session ordinaire du comité central du parti, Benflis charge «les gouvernants» qui ont déclassé la légitimité populaire au bénéfice d’une aberration nommée «la légitimité du terrain», et ce, au nom de ce qu’ils appellent le «pragmatisme politique». La crise que vit l’Algérie est avant tout une crise de légitimité mais notre pays, déplore Benflis, vit aussi une opacité totale qui empêche une analyse lucide de la situation pour une prise de décision. «En l’absence de visibilité politique, devant un paysage politique brumeux, il est impossible d’avoir toutes les données pour trancher la question de la présidentielle, et les Algériens vivent dans un climat d’incertitude», accuse Benflis, qui dit ne pas être sûr que le président Bouteflika briguera un autre mandat. Seulement pour son parti, un éventuel 5e mandat sera de nature à exacerber la crise globale qui affecte notre pays. A la question de savoir si son parti lie sa participation à l’élection présidentielle à l’annonce du président Bouteflika de briguer un autre mandat, Benflis réplique qu’il dirige un parti d’essence démocratique. «Je ne peux pas répondre à cette question. Beaucoup s’interrogent sur notre position. Le problème n’est pas le 5e mandat, mais plutôt quelle est l’instance habilitée à prendre une décision aussi grave et importante dans un climat dénué de toute visibilité ? Le comité central tranchera la question au moment opportun», avance Benflis qui pense que la focalisation sur l’échéance présidentielle s’est traduite par une intensification de la lutte entre centres de décision du pouvoir, avec comme résultante l’accélération de la dégénérescence de ce qui reste du peu de crédibilité et de stabilité des institutions de la République. Benflis illustre ses propos par la crise dont l’Assemblée a été le théâtre le mois dernier et qui reflète, de son avis, cette confrontation interne au pouvoir, qui n’arrive même plus à gérer ses contradictions et à
transcender ses clivages.
L’OPPOSITION ET LES LIGNES ROUGES
Benflis, deux fois candidat à l’élection présidentielle, s’est élevé en outre contre les agissements du pouvoir contre les forces de l’opposition qu’il brime par tous les moyens et la pression que subissent les médias. Pour baliser le chemin qui le mènera jusqu’à 2019, le pouvoir tente de neutraliser, dénonce-t-il, l’opposition par la fermeture hermétique du champ politique et médiatique. «L’amendement de la Constitution en 2016 était censé donner plus de prérogatives à l’opposition. En fin de compte, nous assistons à un verrouillage encore plus serré et plus hermétique du champ politique et médiatique», relève-t-il avec regret, considérant que ces atteintes systématiques des autorités publiques au droit constitutionnel des partis politiques de tenir des rencontres pacifiques dans des salles et d’organiser des rassemblements tout aussi pacifiques dans des lieux publics illustrent l’acharnement du pouvoir politique à isoler l’opposition de la population. Benflis estime que le climat politique est vicié et que les gouvernants font tout pour diaboliser l’opposition, rendue responsable de tous les maux qui «empêchent notre pays d’avancer», tantôt accusée de servir des agendas étrangers, tantôt de «semer la fitna pour faire revenir l’Algérie aux années 1990». Ces graves accusations dénotent, selon Benflis, un certain état de panique et de peur de voir leur feuille de route pour 2019 fortement perturbée. Pour lui, les autorités ne lésinent pas sur les moyens pour empêcher l’opposition de s’exprimer et ne s’embarrassent plus des formes vis-à-vis de l’opinion publique. «L’opposition est cloîtrée dans un espace délimité par des lignes rouges, qui se rétrécit de jour en jour», s’insurge Benflis, accusant le pouvoir de faire du chantage à la stabilité et à la sécurité, un fonds de commerce pour plaider «la continuité». L’ancien chef de l’Exécutif tient à rassurer que la menace ne vient pas de l’opposition, mais de l’attitude irresponsable du pouvoir et n’écarte pas de ce fait une explosion sociale.
En outre, Benflis défend la liberté de la presse, qui est mise à mal par le pouvoir qui s’octroie le droit de contrôler et de distribuer l’information pour servir son agenda. «La place des journalistes n’est pas dans les prisons, mais sur le terrain et la liberté de la presse se mesure à l’aune des degrés de liberté du journaliste d’accéder à l’information et non au nombre de journaux et de chaînes de télévision», note l’orateur qui considère la liberté de la presse comme un pilier fondamental de la démocratie et de l’Etat de droit.