El Watan (Algeria)

Rebrab, un homme en colère

Le projet d’usine de trituratio­n de graines oléagineus­es du groupe privé Cevital reste bloqué par les autorités depuis près de 600 jours, sans aucune motivation légale.

- Akli Rezouali

Quelques jours à peine après l’accueil et le soutien qui lui ont été réservés en France, où il a annoncé de nouveaux investisse­ments, le patron du groupe algérien Cevital, Issad Rebrab, a lancé hier un véritable cri d’alerte contre les blocages injustifié­s dont continuent à faire l’objet plusieurs de ses projets en Algérie. «Nous avons saisi les trois Premiers ministres qui se sont succédé ces dernières années et nous avons même écrit au président de la République, sans que l’on ait la moindre réponse ou justificat­ion aux blocages de nos projets», s’estil ainsi insurgé, lors d’un point de presse, en marge du Salon de l’emploi au palais de la Culture à Alger. «Qui bloque l’investisse­ment et l’emploi en Algérie?» interroge l’homme d’affaires algérien, en décriant le sort injuste qui continue à être réservé à son grand projet d’usine de trituratio­n de graines oléagineus­es à Béjaïa. Cet investisse­ment, rappellet-il, reste injustemen­t bloqué depuis déjà près de 600 jours, alors qu’il devait permettre la création de 1000 emplois directs et 100 000 autres indirects, tout en économisan­t à l’Algérie une dépense de quelque 1,5 milliard de dollars à l’importatio­n et en ouvrant la voie aux exportatio­ns. «A travers notre usine de trituratio­n de graines oléagineus­es, nous avons prévu de cibler particuliè­rement l’exportatio­n vers des pays comme le Maroc, l’Egypte, mais aussi et surtout l’Europe», assure Issad Rebrab, mettant ainsi en avant l’existence d’un marché à fort potentiel à l’exportatio­n et offrant la possibilit­é d’intervenir à tous les opérateurs activant dans la filière. Or, déplore-t-il, les équipement­s destinés à l’usine de trituratio­n de Cevital restent bloqués depuis plus d’un an et demi par les autorités portuaires, sans aucune justificat­ion valable, alors qu’ils ont même été légalement dédouanés et donc «algérianis­és». Un autre opérateur, s’exclame le patron de Cevital, «a été autorisé officielle­ment à installer son projet d’usine de trituratio­n à Jijel, tandis que l’on exige de notre groupe de carrément réexporter un équipement désormais algérien et déjà dédouané, ce qui est tout simplement contraire aux lois et règlements en vigueur !» Au niveau des instances portuaires, rappelle-t-il en ce sens, le seul argument officiel avancé jusqu’ici pour justif ier le blocage du matériel destiné au projet de Cevital est «l’absence d’autorisati­ons de la part des autorités compétente­s». Sans savoir exactement, ajoutet-il, de quelles autorisati­ons et de quelles autorités «mystérieus­es» il pourrait être question… Ainsi décrié par l’homme d’affaires luimême, le blocage du projet d’usine de trituratio­n du plus grand groupe privé algérien interpelle, faut-il le souligner, aussi bien l’opinion publique que les acteurs de la sphère économique locale, tant il s’agit d’un cas d’entraves avérées à l’investisse­ment, sans aucune motivation cohérente, ni référence claire à un quelconque texte de loi. L’affaire suscite d’ailleurs d’autant plus d’interrogat­ions qu’elle concerne une entreprise réputée pour être le premier employeur privé en Algérie, mais aussi le premier exportateu­r du pays en hors hydrocarbu­res. «La vocation première de Cevital est d’investir en permanence», insistait hier Issad Rebrab lors de son passage au Salon de l’emploi à Alger, ajoutant que son groupe compte lancer de nombreux autres projets en Algérie, notamment dans les domaines de la formation et de l’équipement automobile.

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Le patron de Cevital, hier, lors du Salon de l'emploi au palais de la Culture à Alger

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