Le président Saïed prévient d’une dislocation interne de l’Etat
Réunion d’alerte, avant-hier, des directions sécuritaires et militaires, dirigée par le président tunisien Risque de déstabilisation interne En même temps, lutte au sommet au sein de la majorité gouvernante
En ce moment, l’armée est visée par des actes hostiles, au sud du pays.
«le danger ne provient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur»
Le président Kaïs Saïed n’a pas mâché ses mots, en affirmant, dans son allocution d’ouverture de la réunion des très hauts cadres de l’armée et de la police, en présence du chef du gouvernement, que «c’est l’un des plus graves moments, vécus par la Tunisie», puisque «certains essaient de détruire l’Etat de l’intérieur, par la dislocation de ses institutions et la création du vide». M. Saïed a précisé que «le danger ne provient pas de l’extérieur, mais, de l’intérieur» et qu’il y a «une tentative d’impliquer l’institution militaire dans les clivages politiques, cherchant à en faire une cible, comme les autres institutions».
AVERTISSEMENT
Le président Saied a souligné que «les protestations sont tolérées, tant qu’elles sont dans le cadre de la loi et du respect des institutions de l’Etat», tout en avertissant que «le feu peut brûler tout le monde, à commencer par ceux qui le déclenchent». Kaïs Saïed a néanmoins tendu la main aux habitants de Remada et Tataouine, en exprimant sa disposition à recevoir ceux qu’ils délèguent pour parler en leurs noms. C’est la première fois que le ton du discours présidentiel est aussi grave. Il est également à remarquer que Kaïs Saïed a tenu ses propos dans une réunion des hauts gradés des institutions sécuritaires et militaires, non dans une réunion du Conseil supérieur de la Sécurité nationale, où le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), l’islamiste Rached Ghannouchi, est membre. Une prudence extrême s’est installée entre l’Exécutif, représenté par les présidences de la République et du gouvernement, et le législatif, représenté par l’ARP.
TENSION EXTRÊME
Ces propos surviennent alors que la tension est à son comble entre les composantes de la majorité présidentielle, Ennahdha, Ettayar, Chaab et Tahya Tounes. Les islamistes étaient contraints d’accepter Fakhfakh après l’échec de leur candidat, Habib Jamli, à réunir la majorité. Le Président Saïed leur avait soumis le choix entre Fakhfakh et des législatives anticipées. Le choix Fakhfakh était celui du moindre mal, pourvu que les islamistes puissent le déloger à la première occasion, épaulés par les blocs Qalb Tounes et Karama. Malheureusement pour eux, Qalb Tounes ne dispose plus que de 28 députés, alors qu’il en avait 38, à la sortie des urnes, le 23 octobre dernier. 10 députés ont démissionné et formé le bloc nationaliste, proche du gouvernement. La majorité des 109 voix pour démettre Fakhfakh n’est pas facilement acquise, car les islamistes (54), avec Qalb Tounes (28) et Karama (19) réunissent 101 voix.
Ennahdha maintient donc la pression sur Fakhfakh, en demandant, d’un côté, d’élargir son gouvernement à Qalb Tounes, pour former un gouvernement d’Union nationale, comme n’a cessé de le réclamer son président, Rached Ghannouchi. D’un autre côté, le président du conseil de la choura des islamistes, Abdelkrim Harouni, a demandé à Fakhfakh de démissionner, suite à l’affaire de soupçon de conflit d’intérêts, à laquelle il fait face, pour préserver sa dignité. Fakhfakh n’a pas répondu à cette proposition. C’est plutôt le président du bloc parlementaire de Tahya Tounes, Mustapha Ben Ahmed, qui a proposé à Harouni de «demander aux ministres d’Ennahdha de démissionner, puisque leur parti ne soutient plus le gouvernement Fakhfakh». Entre temps, chaque camp renforce ses positions. Kaïs Saïed soutient son chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh. La centrale syndicale ouvrière, UGTT, soutient le président Saïed, qui essaie de rapprocher entre elle et Fakhfakh. C’est surtout la Tunisie qui sort perdante de ce conflit, à quelques mois du 10e anniversaire de sa révolution du 14 janvier 2011.
Le candidat libéral Rafal Trzaskowski pourrait battre de justesse le président sortant conservateur Andrzej Duda lors du second tour de la présidentielle dimanche en Pologne, selon deux derniers sondages publiés vendredi.
Un troisième sondage estime cependant que le président Duda pourrait recueillir 53% des suffrages, contre 47% pour le maire de Varsovie Rafal Trzaskowski, et la plupart des analystes considèrent qu’il est trop tôt pour se prononcer, la mobilisation des électeurs constituant un facteur-clé. Soutenu par le principal parti d’opposition, Plate-forme civique
(PO), Rafal Trzaskowski a gagné du terrain auprès d’électeurs craignant que la victoire de son rival aide le parti Droit et Justice (PiS), au pouvoir, à aller de l’avant dans des réformes controversées, notamment dans le domaine de la justice, critiquées par l’UE.
Les partisans du président sortant estiment pour leur part qu’il apporte une meilleure garantie pour conserver toute une série d’avantages sociaux. L’élection, initialement prévue le 10 mai, avait été reportée en raison de la pandémie de coronavirus. Selon un sondage de l’institut indépendant Kantar réalisé pour la chaîne d’informations en continu TVN24, Rafal Trzaskowski obtiendrait 46,4% des suffrages, contre 45,9% pour son adversaire.
Mais 7,7% des 1500 sondés se disent encore indécis.
Un sondage IBRIS du 8 juillet a pour sa part indiqué que le maire de Varsovie obtiendrait 45,3% des votes, contre 44,4% pour le président sortant, et 10,3% d’indécis sur les 1100 sondés.
Un troisième sondage
CATI Ipsos effectué les
7 et 8 juillet a de son côté prédit une victoire d’Andrzej Duda par 53% des voix, contre 47% pour son adversaire, avec seulement 3% d’indécis sur un échantillon de 1014 personnes.
Le président Duda est considéré comme un allié-clé du président américain Donald Trump, alors que les partenaires européens de Varsovie critiquent ses réformes, estimant qu’elles érodent la démocratie, trois décennies à peine après la chute du communisme.