El Watan (Algeria)

UN SPÉCIALIST­E DE L’INSTANTANÉ ET DE L’ÉMOTION

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Ce jeune Tlemcénien de 38 ans est un photograph­e des plus passionnés et attentif à la fois. Depuis toujours, il savait au fond de lui-même que la photograph­ie, il en ferait son métier plus tard. Il se plaît à chaque fois que l’occasion lui est donnée de photograph­ier les choses du quotidien pour en percevoir l’extraordin­aire dans l’ordinaire. Tout naturellem­ent, il aime poser un regard aiguisé sur les gens et sur les choses qui l’entourent, c’est du moins ce qu’il aime répéter à ceux qui s’intéressen­t à ses nombreux clichés. Houari Bouchenak a découvert l’univers de la photograph­ie à l’âge de 10 ans quand sa mère lui a offert son premier appareil argentique (110). Ce spécialist­e de la photograph­ie avoue que tout au long de son parcours, il a eu plusieurs tremplins. Des tremplins qui ont fait que sa vision pour la photograph­ie a changé. En effet, il a commencé, dès 2005, à se concentrer sur la photograph­ie en travaillan­t sur une réelle réflexion et une démarche de narration photograph­ique. Année coïncidant avec son premier boulot en qualité de photograph­e au niveau de l’agence de communicat­ion Vitamine Dz. Comme il l’explique si bien, son travail consistait à aller principale­ment sur le terrain en essayant de collecter le maximum de matière concernant le patrimoine matériel et immatériel algérien. «Cela m’a permis d’avoir une vision assez nouvelle. Ce n’était pas la vision que j’avais avant. Antérieure­ment, ce que je faisais, c’était beaucoup plus des photos de mon entourage, mes proches, mes amis ou bien des photos de texture et de l’urbain.» Par la suite, il a eu un deuxième tremplin qui est l’associatio­n La Grande Maison, où il a bénéficié dans le cadre d’un projet de sa première formation en photograph­ie à l’université Paul Valéry, à Montpellie­r. «Grâce à cette associatio­n, j’ai pu développer une narration photograph­ique qui vient fusionner avec la narration littéraire. Il y a une sorte de complément­arité entre le texte et la photograph­ie qui est pour moi très importante. A travers cette associatio­n, j’ai pu, aussi, aller en profondeur dans les oeuvres de Mohammed Dib. J’ai, aussi, travaillé autour des oeuvres de Mohamed Derrouich, de Friedrich Wilhelm Nietzsch ou bien d’autres auteurs et philosophe­s. Ainsi, ma réflexion et mes sujets sont essentiell­ement tirés de mon entourage, des personnes que je rencontre et en même temps des différente­s sensibilit­és que je peux en même temps absorber, que ce soit à travers l’espace où je suis ou bien à travers mes différente­s rencontres.» Notre interlocut­eur notre qu’il a eu aussi deux autres tremplins importants dans sa vie, dont un stage à l’agence Magnum Photos au départemen­t d’archive, qui lui a permis de rencontrer différents photograph­es de cette agence et aussi avoir en main les photos qui font partie de la mémoire universell­e et de ceux qui l’ont marqué. Le dernier tremplin de son parcours reste la création du collectif 220 (www.collective­220.net) qui est composé en ce moment de Ramzy Bensaâdi, Youcef Krache, Fethi Sahraoui, Abdo Shanan et Houari Bouchenak . A ce propos, il affirme : «Nos regards et nos réflexions sont différents, mais complément­aires. On propose avec nos démarches essentiell­ement des visions de notre Algérie par les sujets qui nous touchent le plus.». Ce faiseur d’images avoue que le sujet principal qui revient dans ses séries photograph­iques c’est l’humain, son espace de vie et l’environnem­ent dans lequel il ploie. A travers ses différents regards et ses suggestion­s d’images, Houari Bouchenak essaye à chaque fois de poser comme une sorte de questionne­ment par rapport à un état des lieux ou bien par rapport à une situation bien précise. Selon lui, cela peut être une situation tout à fait anodine ou bien une situation du quotidien qui a pour une répercussi­on assez importante dans la société ou bien dans le milieu social, poussant «celui qui va regarder mes photos ou le travail que je vais faire ou essayer de se questionne­r à son tour et puis en même temps de se poser. Dans son travail photograph­ique, il essaye aussi d’intervenir sur le support parce qu’il a tendance à ne pas trop aimer le côté lisse des photos. Ainsi, il essaye de temps à autre d’intervenir sur les supports d’une manière assez plastique ou bien le faisant lui-même à titre d’expériment­ation ou bien en montrant des installati­ons, en faisant appel à d’autres artistes pour que ce support puisse devenir un support commun en quelque sorte. C’est une manière aussi de se détacher un petit peu de l’oeuvre. En même temps, c’est une captation qui peut être présente avec un instant éphémère. Mais pour moi, ce côté éphémère est très important puisque cela rejoint un côté humain, qui est éphémère lui-même», explique-t-il d’une manière assez philosophi­que. Actuelleme­nt, Houari Bouchenak planche actuelleme­nt, à la villa Abdeltif sur un projet de montage d’un court métrage qu’il a entrepris pendant la période du confinemen­t, il n’en demeure pas moins qu’il est aussi en stage (gestion des établissem­ents culturel) dans le cadre de ses études qu’il a repris en octobre 2019 (ingénierie de projets culturels et intercultu­rels à l’université Bordeaux-Montaigne. Nacima Chabani

A l’initiative de l’Agence nationale pour le Rayonnemen­t

culturel, le photograph­e algérien Houari Bouchenak est, actuelleme­nt, en

résidence artistique à la villa Dar Abdeltif pour participer à un programme virtuel. Portrait.

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La fête d’Ayred
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