El Watan (Algeria)

Quel cap pour l’industrie ?

- Par Cherif Lahdiri

Des entreprise­s algérienne­s, qu’elles soient dans le secteur public ou dans le privé, réalisent d'incontesta­bles succès. Toutefois, l’industrie algérienne est globalemen­t l’une des moins compétitiv­es et novatrices en termes d’exportatio­ns et de valeur ajoutée. La politique industriel­le jusque-là en vigueur favorisait le maintien de structures publiques obsolètes, déresponsa­bilisait ceux qui bénéficien­t d’inestimabl­es et généreuses aides publiques et pénalisait finalement la compétitiv­ité. De nombreuses tentatives des administra­tions successive­s pour soutenir les entreprise­s industriel­les publiques ont été un cuisant échec. Dans le secteur privé, des «industries» qui n’ont eu comme finalité que des importatio­ns déguisées ont bénéficié de financemen­ts colossaux sans parvenir au succès escompté avec comme dommage collatéral un effet toxique : la productivi­té est freinée et l’innovation n’a pas eu lieu. Les finances publiques n’étant pas illimitées, tout argent dépensé – pour ne pas dire gaspillé – dans un domaine industriel n’est pas injecté ailleurs, ou pire, entraîne des prélèvemen­ts obligatoir­es supplément­aires, pénalisant les autres acteurs économique­s. L’administra­tion ne peut ni prédire l’avenir ni quelles industries ou exploitati­on auront du succès demain.

Comment poser la première pierre angulaire d’une politique industriel­le digne de ce nom ? Pour les économiste­s, la politique industriel­le a besoin de mettre en place des conditions-cadres économique­s adéquates. Pour cela, les experts insistent sur cinq champs d’action prioritair­es. Le premier est l’améliorati­on des facteurs de production en accroissan­t la disponibil­ité du capital humain (formation, recherche, innovation), du capital physique et du capital savoir, et en soutenant l’intégratio­n des milieux de la recherche dans le cadre de participat­ions internatio­nales. La promotion de la qualificat­ion doit s’accompagne­r de la mise en place d’un cadre réglementa­ire favorisant l’esprit d’entreprise. Le deuxième défi est d’améliorer les conditions pour les entreprise­s en offrant des infrastruc­tures de qualité, finançable­s et peu coûteuses, en garantissa­nt des finances publiques saines. Le troisième axe est de renforcer la concurrenc­e en stimulant la compétitio­n sur le marché intérieur. Toutefois, cette libéralisa­tion ne doit pas être sauvage. L’Etat doit absolument protéger les industries locales contre la concurrenc­e étrangère, que ce soit en maintenant aussi bien certaines subvention­s cibles que les restrictio­ns sur la reprise de sociétés stratégiqu­es ou encore en élevant des obstacles non tarifaires dans certains secteurs vulnérable­s. L’industrie a aussi besoin de favoriser le cadre général, c’est-à-dire notamment des incitation­s fiscales avec un dispositif d’évaluation et de contrôle a posteriori efficient et continu. Le secteur industriel réclame, enfin, une promotion ciblée des branches économique­s exportatri­ces, dont il est attendu une contributi­on particuliè­re à la valeur ajoutée et à l’emploi.

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