Les médias officiels et les chaînes privées en ordre de bataille
Le pouvoir, qui a rappelé l’ensemble de ses soutiens pour mener à terme son projet, pourra-t-il convaincre les milliers d’Algériens qui n’ont pas voté lors de la présidentielle à se rendre aux urnes le 1er novembre ?
La campagne d’explication et de «promotion» de la nouvelle Constitution n’aura pas lieu directement sur le terrain. Situation et protocole sanitaire obligent, le pouvoir s’appuiera pour vulgariser son texte sur les médias officiels et les chaînes privées ainsi que les réseaux sociaux. Pour l’heure, ils sont nombreux les Algériens n’ayant pas encore vu ni lu le projet de Constitution qui vient juste d’être publié sur le Journal officiel. Les partis politiques et les personnalités qui ont de tout temps soutenu les politiques du pouvoir se sont, d’ores et déjà, mis avec armes et bagages au service du président Tebboune. Le FLN, le RND et leurs anciens alliés ont installé des directions de campagne pour, disent-ils, sensibiliser les citoyens à se rendre aux urnes le 1er novembre prochain. Il est clair que ces formations attendent un retour d’ascenseur à l’issue de la consultation populaire. Autre entité sur laquelle Abdelmadjid Tebboune peut compter est «l’initiative des forces nationales de réformes», un conglomérat de partis qui a vu le jour récemment et qui soutient sans réserve la démarche politique globale du pouvoir et qui a appelé à une participation massive au débat et au vote du projet de révision de la Loi fondamentale du pays. Le pouvoir, qui a rappelé l’ensemble de ses soutiens pour mener à terme son projet, pourrat-il convaincre les milliers d’Algériens, qui n’ont pas voté lors de la présidentielle, à se rendre aux urnes le 1er novembre ? Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, a expressément demandé aux directeurs des chaînes privées d’«ouvrir leurs plateformes à la société civile et aux experts en vue d’expliquer et de clarifier le contenu de la Constitution à travers un débat fructueux». Ces médias mobilisés pour la circonstance vont-ils ouvrir leur antenne à l’opposition et aux autres parties qui contestent dans le fond et la forme le contenu de ce projet de Constitution ? La réponse est «non», puisque, selon ces parties, «le pouvoir n’accepte pas le débat contradictoire».
Notons que le décret présidentiel portant convocation du corps électoral, en prévision du référendum sur la Constitution, vient de paraître dans le dernier numéro du Journal officiel (JO). Le décret explique les modalités du déroulement de cette consultation. Selon le texte, les électeurs auront à répondre par Oui ou Non à la question «Etes-vous d’accord sur le projet de révision de la Constitution qui vous est proposé ?» Un bulletin blanc est prévu pour la réponse affirmative et un bleu pour la réponse négative. Le texte décrète, en outre, qu’en prévision de ce référendum, «une révision exceptionnelle des listes électorales est ouverte, à compter de demain et sera clôturée le dimanche prochain». Ledit décret contient, en annexe, le projet de révision de la Constitution, tel que approuvé récemment par les deux Chambres du Parlement. Il est décliné en 6 axes et 225 articles. Les six axes ont trait aux «Principes généraux régissant la société», aux «Droits fondamentaux, libertés publiques et les devoirs», à «L’organisation et la séparation des pouvoirs», aux «Institutions de contrôle», «Institutions consultatives» et enfin à «La révision constitutionnelle».