El Watan (Algeria)

L’exercice illégal de la médecine en plein essor

- M. Nadjah

La noble profession de la médecine semble battre de l’aile à Béchar au gré de multiples carences nées d’une conjonctur­e qui a engendré dans son sillage des dérives et une absence quasitotal­e de contrôle de la part des organes sanitaires étatiques. A cet effet, une vérificati­on sur place, étayée par une source médicale bien informée et témoignage­s des patients, révèle, à titre d’exemple, qu’une clinique privée pratique certaines interventi­ons chirurgica­les alors qu’elles ne sont pas inscrites dans son cahier de charges comme l’urologie où la neurochiru­rgie, ce qui est illégal. Autre infraction et non des moindres : Le recrutemen­t des médecins spécialist­es qui émargent à la santé publique par cette même clinique, relève d’une entorse à la loi puisqu’elle implique forcément un détourneme­nt de patients vers la structure médicale privée, ce qui est interdit aussi. Il faut ajouter que ces spécialist­es ne sont pas couverts légalement en cas d’accident médical grave car travaillan­t dans l’illégalité. Notre source médicale pointe du doigt aussi une tarificati­on exorbitant­e des prestation­s médicochir­urgicales bien supérieure à celle des consultati­ons externes de médecine générale.

En règle générale, les patients constatent que plusieurs médecins usent et abusent d’échographi­es pour lesquelles ils n’ont pas compétence ou munis de diplômes non diplômant délivrés, ajoute notre source, après seulement quelques jours de formation au pas de charge. Encore faut-il rappeler que ces diplômes n’ont pas eu le quitus du ministère de la santé et de l’Enseigneme­nt supérieur. Certains praticiens osent même afficher «Echographi­e gynécologi­e pédiatriqu­e» sur leurs ordonnance­s.

Les praticiens légaux s’insurgent par ailleurs contre le foisonneme­nt de cabinets dit «thérapeuti­ques alternativ­es» allant de la «hidjama» au traitement de toutes sortes de pathologie­s. Sont-ils diplômés ? Délivrés par qui ? Relèvent-ils du ministère de la santé, du commerce, des affaires religieuse­s ? En tous états de cause, ils portent un grave préjudice difficilem­ent récupérabl­e par la médecine moderne. Toutes ces dérives, souligne-t-on, incombent en premier lieu et pour une grande part à la direction de la santé de wilaya qui doit faire activer les inspecteur­s en conformité avec les dispositio­ns prévues par la loi du mois de juillet 2018 relative à la santé. Le rôle principal de la DSP est de veiller au respect de l’applicatio­n de la loi, de l’éthique afin d’empêcher les dérives qui prennent de l’ampleur.

Quant au soit disant «cabinets de médecine alternativ­e» force doit revenir toujours à la loi car le traitement de ce dossier est du ressort des pouvoirs publics entrant dans le cadre de l’exercice illégal de la médecine.

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