L’armée indienne reconnaît une bavure commise en juillet
L’armée indienne a admis hier, dans une déclaration inhabituelle, que ses soldats avaient «outrepassé» leurs pouvoirs et «contrevenu» aux directives officielles lors d’une opération qui a fait trois morts en juillet et soulevé l’indignation au Cachemire indien. «L’autorité disciplinaire compétente a demandé l’ouverture d’une procédure disciplinaire (...) contre ceux trouvés de prime abord responsables», a expliqué le porte-parole de l’armée, le colonel Rajesh, dans un communiqué. A l’époque, l’armée avait annoncé la mort de trois «terroristes pakistanais» présumés, trois cousins, le 18 juillet dans le village d’Amshipora, dans le sud du territoire, lors d’une opération présentée comme étant de contre-insurrection. Leurs corps avaient été enterrés dans une zone frontalière reculée. Mais leurs familles avaient affirmé le 10 août qu’il s’agissait de simples travailleurs après les avoir identifiés sur des photographies de leurs corps diffusées par les réseaux sociaux. L’affaire a soulevé l’indignation dans le territoire. Des défenseurs des droits de l’homme, des groupes politiques ainsi que de nombreux habitants ont réclamé une enquête indépendante. Le communiqué de l’armée hier a identifié les trois hommes tués et précise que leur implication «dans le terrorisme ou des activités liées au terrorisme fait l’objet d’une enquête de la police». La police est normalement présente lors d’opérations de contre-insurrection, mais elle n’a pas participé à celle de juillet, selon des responsables. Des résultats d’analyses ADN sont également attendus.
L’armée indienne, dont 500 000 soldats sont déployés dans le territoire, est régulièrement accusée d’outrepasser ses pouvoirs d’urgence au Cachemire. Ce territoire de l’Himalaya disputé entre l’Inde et le Pakistan est en proie à une insurrection séparatiste depuis 30 ans, avec des dizaines de milliers de morts, principalement des civils.
Le «faux affrontement armé» de juillet a ravivé les souvenirs d’incidents similaires. En 2010, l’armée indienne a tué trois jeunes gens, présentés comme des infiltrés pakistanais, dont la mort a déclenché des mois de manifestations de masse, avec un bilan de 120 civils tués par les forces indiennes. L’enquête policière a prouvé qu’ils avaient été attirés dans un traquenard et tués dans une fusillade mise en scène. En 2000, l’armée a affirmé avoir tué cinq «terroristes» responsables du massacre de 35 Sikhs, mais une enquête a démontré que les cinq hommes étaient des habitants tués par des soldats lors d’une prétendue fusillade.