El Watan (Algeria)

Le rappel à l’ordre de Abdelmadji­d Tebboune

- Amel B.

Dorénavant, les lettres de dénonciati­on anonymes ne seront pas prises en considérat­ion par les services de sécurité ni par la justice algérienne et ne pourront en aucun cas constituer une preuve d’imputabili­té de faits qualifiés de crime ou de délit.

Dorénavant, les lettres de dénonciati­on anonymes ne seront pas prises en considérat­ion par les services de sécurité ni par la justice algérienne et ne pourront en aucun cas constituer une preuve d’imputabili­té de faits qualifiés de crime ou de délit. L’instructio­n a été émise hier par la présidence de la République.

Cette décision avait déjà été annoncée par Abdelmadji­d Tebboune dans son allocution d’ouverture, prononcée lors de la deuxième rencontre gouverneme­nt-walis de cette année, tenue les 12 et 13 août dernier. Elle est motivée, explique-t-on dans un communiqué publié hier, par le fait que bon nombre de poursuites judiciaire­s lancées suite à des lettres anonymes se sont avérées dénuées de tout fondement. «Nombre de cadres ont ainsi été privés de liberté sur la base de ces lettres qui, le plus souvent, se sont avérées dénuées de tout fondement. Outre l’injustice subie par ces derniers sus-cités, cet état de fait a entraîné une paralysie de l’activité des administra­tions et des entreprise­s publiques, à cause de la crainte, la peur et l’angoisse d’être poursuivi sur la base d’une simple lettre anonyme», peut-on lire dans le communiqué en question. Lesdites lettres ont causé, selon l’argumentai­re de la Présidence, un climat «de crainte et de suspicion» auprès des chefs d’entreprise, entravant l’acte d’entreprend­re.

«C’est ainsi que le traitement d’importants dossiers, revêtant parfois un caractère d’urgence, est renvoyé à des dates ultérieure­s, causant ainsi de graves préjudices au fonctionne­ment de ces institutio­ns. Il est de ce fait impératif de différenci­er les fautes de gestion dues à une erreur d’appréciati­on, des actes volontaire­s qui ne profitent qu’à leurs auteurs ou à des tiers malintenti­onnés», peut-on lire sur le communiqué. Le président de la République affirme compter sur l’administra­tion judiciaire qui, dit-il, dispose de tous les moyens légaux pour mener des investigat­ions en la matière. «Si la lutte contre la corruption est irréversib­le et nécessaire, elle ne doit, en aucun cas, prendre la forme d’une campagne de déstabilis­ation des outils de réalisatio­n et de concrétisa­tion des missions de l’Etat et de ses différente­s structures d’exécution», soulignent les services de la Présidence.

Le président de la République suspecte ceux qu’il appelle «les tenants de l’argent de sale», «les corrompus voulant déstabilis­er l’Etat et ses structures» de distiller les rumeurs et d’alimenter «un climat malsain». Il appelle les services judiciaire­s à faire la différence entre, d’un côté, «les actes qui, bien que condamnabl­es, ne tiennent qu’à l’incompéten­ce ou à la mauvaise appréciati­on, qui sont démunis de tout esprit ou de volonté de corruption, passive ou active, et ne profitent pas à l’agent incompéten­t» et, de l’autre, «les actes ayant été à l’origine de pertes économique­s ou financière­s à l’Etat dans le but d’accorder des avantages indus à des tiers, en infraction aux lois et règlements et sans consultati­on écrite de la hiérarchie». «Dans ce cas, précise le communiqué de la Présidence, le doute est permis et l’investigat­ion doit être orientée vers la recherche de preuves tangibles de corruption active ou passive.» Le communiqué précise néanmoins que «toute aide apportée par les citoyens, directemen­t ou à travers les médias, avec les preuves nécessaire­s, doit être prise en compte pour des investigat­ions éventuelle­s. Il est clair que dans ce cas, le citoyen doit être protégé par l’Etat de toute forme de représaill­es». De même que toute personne détenant des informatio­ns dans ce sens est invitée à se rapprocher directemen­t des autorités habilitées, conforméme­nt aux procédures en vigueur ou, le cas échéant, s’adresser expresséme­nt aux organes de la presse, la liberté de cette dernière étant, dit-on, «consacrée par la Constituti­on».

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