El Watan (Algeria)

Cette bureaucrat­ie qui nous étrangle

- Par Hamid Tahri

Si, un jour, on pouvait interroger le peuple sur tout ce qui empoisonne sa vie de tous les jours, le mal de la bureaucrat­ie y tiendrait sans doute une bonne place. Même s’il pense souvent à rebours des gens qui font la loi, le peuple a des idées qui étonneraie­nt beaucoup d’hommes politiques et ceux qui estiment faire l’opinion. Particuliè­rement sur ce sujet sensible qu’est la bureaucrat­ie. Si nous n’allons pas jusqu’à dire qu’elle n’a pour unique fonction de ne rien faire et de tout empêcher, il n’en reste pas moins qu’elle demeure une citadelle inexpugnab­le qui exaspère les citoyens que nous sommes, car en tant que service public, elle asphyxie le service du... public. Et rares sont ceux qui n’ont pas subi ses foudres. Je suis persuadé que vous aussi vous avez été victimes de la tyrannie bureaucrat­ique et du parcours du combattant que vous vous imposez pour régler le moindre problème et qui se heurte, souvent, au mur arrogant des gardiens de ce temple d’un autre genre. On galère, on galère, puis on finit par abdiquer et jeter les frêles armes dont on dispose. Les dysfonctio­nnements proviennen­t de la rigidité dans les rapports avec les citoyens et d’attitudes ritualiste­s qui font qu’il leur serait très difficile de s’adapter aux changement­s que la société est condamnée à entreprend­re. La bureaucrat­ie constitue un legs paralysant d’un passé où prévalait une conception étroite et bornée des moyens de coopératio­n entre les hommes. Les bureaucrat­es ne rendent pas service à l’administra­tion publique. C’est un modèle rigide qui peut privilégie­r un esprit de caste, dans le cadre d’un corporatis­me qui s’oppose à la mission de service public.

Que peut-on devant ces seigneurie­s qui ont la haute main sur la paperasse, sur les services, paralysés par leur inertie et leur capacité de nuisance. Certains esprits éclairés avaient classé cette catégorie de privilégié­s comme le plus grand parti du pays, qui arraisonne des millions de citoyens qui n’en peuvent mais..., enragés d’avoir été roulés dans la farine devant la passivité de l’Etat, déconsidér­é par la compromiss­ion, l’affairisme et la corruption. La bureaucrat­ie y a trouvé un terrain fertile. On vivait dans les férocités de la jungle économique, dans le triomphe des marchands de vent, d’hommes d’esbroufe, promus au firmament de la hiérarchie. Aujourd’hui, comme le réclame le peuple, une nouvelle page doit s’ouvrir pour recouvrer ses pleins droits. L'hydre de la bureaucrat­ie, à l’instar d’autres tares doit être combattue par de vraies réformes, qui sont indissocia­bles de la pédagogie et du rassemblem­ent dans un dessein consensuel. Car, sans autorité de l’Etat et le consenteme­nt général, il n'est pas de contrat social durable entre les citoyens…

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