Les représailles de Pékin
La Chine a instauré hier un mécanisme qui lui permet de restreindre les activités d’entreprises étrangères, rapportent des médias. Cette mesure intervient au lendemain de l’annonce par Washington de l’interdiction de télécharger, à partir d’aujourd’hui, deux applications. La liste chinoise «d’entités non fiables», dont les noms des sociétés étrangères visées n’ont pas été rendus publics, comprend des sanctions allant d’amendes à la restriction d’activités ou d’entrée de matériel et de personnel en Chine. Son entrée en vigueur est vue comme une réponse à la liste similaire instaurée par Washington pour exclure le géant chinois des télécoms Huawei du marché américain, puis pour s’en prendre aux applications TikTok et WeChat. Le ministère chinois du Commerce a qualifié la décision américaine d’«intimidation» et prévenu que «si les Etats-Unis persistent dans leurs actions unilatérales, la Chine prendra les mesures nécessaires pour protéger de façon résolue les droits et les intérêts des entreprises chinoises». Pour le département américain du Commerce, «le Parti communiste chinois a démontré qu’il avait les moyens et l’intention d’utiliser ces applications pour menacer la sécurité nationale, la politique étrangère et l’économie des Etats-Unis». Washington laisse cependant une porte ouverte à TikTok, application très populaire auprès des jeunes, permettant de produire de courtes vidéos, avant de lui interdire complètement d’opérer sur son sol. «Le Président laisse jusqu’au 12 novembre pour résoudre les problèmes de sécurité nationale posés par TikTok. Les interdictions pourraient être levées le cas échéant», a indiqué le département du Commerce. De son côté, le président américain, Donald Trump, s’est montré optimiste sur ce dossier, soulignant qu’un accord pourrait intervenir «rapidement». S’agissant de WeChat, les actuels utilisateurs verront l’application quasiment désactivée aux Etats-Unis, a indiqué un responsable américain. La plateforme, qui appartient au géant chinois Tencent, est omniprésente dans la vie des Chinois (messagerie, paiements à distance, réservations, entre autres). Cette annonce est faite alors que les négociations avec ByteDance, maison mère chinoise de TikTok, pour qu’elle cède ses activités aux Etats-Unis à un groupe américain piétinent et que l’administration Trump s’impatiente. Le ministre du Commerce, Wilbur Ross, a précisé que TikTok continuerait de fonctionner, mais que ses usagers actuels ne pourraient plus faire de mises à jour. En revanche, si aucun accord n’est trouvé d’ici le 12 novembre, l’application cessera de fonctionner. Cette application compte environ 100 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis et jusqu’à un milliard dans le monde.
Les tensions entre les deux géants économiques sont allées crescendo depuis le mois d’août, quand D. Trump a posé un ultimatum à TikTok, qu’il accuse d’espionnage industriel pour le compte de Pékin, sans toutefois avoir rendu de preuves tangibles publiques. Il a donné à ByteDance jusqu’au 20 septembre pour céder ses activités TikTok sur le sol américain à une entreprise «made in US». Mais les négociations n’ont toujours pas abouti. Un premier projet impliquant Microsoft et le géant de la distribution Walmart a été retoqué par la Chine le week-end dernier. Selon le président américain, le groupe pourrait rester dans la course. Lundi, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a officialisé le nom d’un autre nouveau potentiel partenaire : Oracle, basé en Californie. Certains médias évoquent une prise de participation minoritaire (jusqu’à 20%, selon CNBC) par Oracle, spécialisé dans les logiciels et services à destination des entreprises. La maison mère chinoise ByteDance conserverait une participation majoritaire. Le géant des supermarchés Walmart a en outre fait savoir qu’il pourrait faire partie du nouveau projet. «Nous avons donc d’excellentes options», a réagi vendredi le président américain. R. I.