«Nous réclamons un recrutement progressif»
Des titulaires de diplômes de magistère et de doctorat ont organisé, la semaine dernière, un rassemblement devant le ministère de l’Enseignement supérieur pour réclamer leur recrutement. Ont-ils reçu une réponse satisfaisante de la part des services du ministère ?
Effectivement, une action de protestation a été organisée devant le ministère de l’Enseignement supérieur, après une trêve de plus de sept mois à cause de la pandémie. Les revendications présentées par nos représentants n’ont malheureusement pas reçu de réponse satisfaisante : le secrétaire général du ministère s’est contenté de faire des promesses, mais sans s’engager à répondre favorablement dans un PV en bonne et due forme à notre plateforme de revendications, pourtant très claire. Je rappelle que notre Coordination existe depuis 2016. A ce jour donc, les milliers de diplômés en post-graduation (ancien système) sont dans le flou.
Votre Coordination a réclamé principalement le recrutement comme enseignants permanents…
Notre principale revendication est le recrutement de tous les diplômés. A ce jour, le ministère s’est contenté d’engager des vacataires, qui représentent parfois jusqu’à la moitié de l’effectif total du personnel enseignant. Pis, dans certains établissements universitaires, leur nombre est plus important que celui des enseignants titulaires. Le statut actuel des vacataires nous maintient dans une précarité honteuse : l’âge moyen des enseignants varie entre 30 et 40 ans, beaucoup sont mariés et ont des familles à charge. Le salaire est une insulte pour nous : à peine 90 000 DA versés avec une année de retard.
Le ministère a annoncé récemment le recrutement de 2800 enseignants. Est-ce suffisant ?
C’est insuffisant vu le nombre actuellement d’enseignants vacataires en attente. Il y a plus de 20 000 diplômés du système classique ; la Coordination ne disposant pas des chiffres exacts. Notre tutelle s’est toujours contentée d’ouvrir 1500 postes budgétaires par an, toutes spécialités confondues. Cela ne répondra jamais à notre revendication principale : ils sont parfois 50 à concourir pour un même poste. C’est délirant.
Votre Coordination a proposé un «recrutement progressif» et des «présalaires» comme premières mesures. Qu’en est-il ?
La situation de crise actuelle dure depuis plusieurs années. Notre Coordination a été lancée en 2016, si la tutelle avait répondu à nos revendications, les choses ne seraient pas devenues insolubles. Il y a de nouveaux diplômés qui arrivent sur le marché de l’emploi, et les choses se compliquent pour nous tous. La demande est plus importante et l’offre reste très faible. Notre Coordination avait présenté une stratégie. Nous avons suggéré à notre tutelle de mettre en place une commission mixte, qui devra réunir des représentants des ministères de l’Enseignement supérieur, du Travail et des Finances, ainsi que ceux de la Fonction publique. Il y a lieu d’abord de faire un recensement des diplômés, pour avoir des statistiques fiables par université et spécialité. Nous savons qu’il est impossible de recruter tout le monde à la fois. La commission mixte pourrait mettre en place une stratégie semblable à celle prévue pour les titulaires des contrats pré-emploi : une intégration progressive des effectifs. En attendant, l’administration pourrait mettre en place des pré-salaires de 40 000-50 000 DA/mois au bénéfice des enseignants. Donc, pour résumer, nous réclamons un quota annuel de 5000 postes pour espérer en finir, au bout de trois quatre ans, avec ce problème.