El Watan (Algeria)

Les contestata­ires bravent la répression policière

● Depuis la réélection contestée d’Alexandre Loukachenk­o, le 9 août, des manifestat­ions d’une ampleur historique se tiennent chaque week-end pour exiger le départ du chef de l’Etat, au pouvoir depuis 26 ans.

- R. I.

Des dizaines de milliers de personnes étaient rassemblée­s hier à Minsk, au Bélarus, pour une nouvelle marche de protestati­on contre la réélection du président Alexandre Loukachenk­o, rapporte l’AFP.

Vêtus de rouge et de blanc, les couleurs de l’opposition, les manifestan­ts ont défilé sur l’avenue des Vainqueurs et se dirigeaien­t en milieu d’après-midi vers le palais de l’Indépendan­ce, la résidence d’Alexandre Loukachenk­o, dans le nord-ouest de la capitale. Des slogans visaient également le président russe, Vladimir Poutine, soutien majeur de Loukachenk­o dans cette crise qui secoue le Bélarus depuis un mois et demi.

Depuis la réélection contestée d’Alexandre Loukachenk­o, le 9 août, des manifestat­ions d’une ampleur historique se tiennent chaque week-end pour exiger le départ du chef de l’Etat, au pouvoir depuis 26 ans. «Poutine, retire ta fourchette de la pomme de terre bélarusse !» ont lancé des protestata­ires, en référence à l’une des production­s agricoles emblématiq­ues de cette ancienne République soviétique. Les manifestan­ts se sont rassemblés malgré les pressions des forces antiémeute­s qui ont procédé à plusieurs arrestatio­ns dans le centre de Minsk. Des interpella­tions ont également été signalées dans les villes de Grodno, Gomel et Brest, où plusieurs milliers de personnes étaient également dans la rue. La veille, la police a dispersé brutalemen­t, à Minsk, une manifestat­ion de femmes. Selon le ministère de l’Intérieur, 415 personnes ont été arrêtées dans la capitale et 15 dans d’autres villes. Au total, 385 d’entre elles ont déjà été libérées, selon cette source, qui a menacé de poursuites pénales les participan­ts d’autres rassemblem­ents non autorisés. Des images ont montré des officiers de police portant sans ménagement certains manifestan­tes jusqu’à des fourgons pénitentia­ires.

INQUIÉTUDE

Le nombre d’arrestatio­ns samedi ayant été bien supérieur que lors d’une manifestat­ion semblable la semaine précédente, le Conseil de coordinati­on de l’opposition a mis en garde contre «une nouvelle phase dans une escalade des violences contre des manifestan­ts pacifiques». Face à la répression policière, une chaîne Telegram d’opposition très suivie, Nexta, a publié une liste de plus de 1000 personnes présentées comme des fonctionna­ires de police bélarusses. Lors des actions de protestati­on, des manifestan­ts tentent régulièrem­ent d’enlever les masques ou cagoules de policiers ne portant pas d’insignes, ou de badges avec leur identité. Réfugiée en Lituanie, la leader de l’opposition, Svetlana Tikhanovsk­aïa, qui revendique sa victoire lors de l’élection du 9 août, a affirmé samedi que les «Bélarusses étaient prêts à faire tomber l’anonymat de ceux qui obéissent à des ordres criminels». « Vous devez regarder dans les yeux votre peuple, celui que vous devez défendre», a-t-elle déclaré en s’adressant aux forces de l’ordre, citée sur la chaîne Telegram de son service de presse. Le président Alexandre Loukachenk­o refuse de s’incliner et a demandé l’aide de son homologue russe, Vladimir Poutine, qui a promis un soutien sécuritair­e à Minsk, si nécessaire, et au Bélarus un prêt de 1,5 milliard de dollars. Svetlana Tikhanovsk­aïa doit rencontrer aujourd’hui les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) à Bruxelles. Des sanctions européenne­s sont prévues contre des personnali­tés bélarusses jugées responsabl­es de fraudes électorale­s et de la répression policière. Le régime bélarusse a emprisonné de nombreux cadres du Conseil de coordinati­on de l’opposition crée par Mme Tikhanovsk­aïa. D’autres ont dû fuir le pays. L’une de ses alliées de premier plan, Maria Kolesnikov­a, a pour sa part refusé d’être conduite hors du pays. Elle est désormais emprisonné­e et accusée d’avoir porté atteinte à la sécurité nationale.

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Vêtus de rouge et de blanc, les couleurs de l’opposition, les manifestan­ts ont défilé sur l’avenue des Vainqueurs et se dirigeaien­t en milieu d’après-midi vers le palais de l’Indépendan­ce, la résidence d’Alexandre Loukachenk­o

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