El Watan (Algeria)

Les Italiens appelés aux urnes pour élire leurs parlementa­ires

- R. I.

Alors que le coronaviru­s repart à la hausse, les Italiens ont pris timidement hier le chemin des urnes pour un référendum sur le nombre de leurs parlementa­ires, rapporte l’AFP.

Comme ils sont appelés à choisir des présidents de régions, comme la Toscane, bastion de gauche depuis un demi-siècle, dont l’extrême droite rêve de s’emparer. L’ensemble des 46 millions d’électeurs italiens doivent se prononcer sur un référendum national sur la réduction du nombre de parlementa­ires. Cette promesse électorale du M5S devrait a priori se concrétise­r. Le nombre d’élus passerait alors de 945 à 600. Aujourd’hui, l’Italie a le deuxième Parlement le plus fourni en Europe, derrière le Royaume-Uni (environ 1400) et devant la France (925). Six régions, quatre à gauche (la Toscane, qui sera particuliè­rement scrutée, la Campanie, les Pouilles et les Marches), deux à droite (la Ligurie et la Vénétie), doivent aussi élire de nouveaux présidents. Avec des candidats uniques, l’alliance entre centre droit et extrême droite pourrait faire des ravages dans les régions «rouges», où s’alignent des candidats de gauche dispersés. Ce qui infligerai­t une sévère rebuffade au gouverneme­nt de Giuseppe Conte, coalition formée voici un an entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystèm­e) et le Parti démocrate (PD, centregauc­he). Une septième région, le minuscule Val d’Aoste, renouvelle ses conseiller­s régionaux : l’équipe sortante a été impliquée dans une enquête pour infiltrati­on mafieuse de la Ndrangheta (mafia calabraise) lors des élections régionales de 2018.

LA TOSCANE, PLACE FORTE ROUGE» DEPUIS L’APRÈS-GUERRE

La coalition de droite est composée de la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite), de Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni (extrême droite) et de Forza Italia (droite) de Silvio Berlusconi, et se présente unie dans toutes les régions. Tous les observateu­rs ont le regard rivé sur la Toscane, place forte «rouge » depuis l’après-guerre, où les sondages donnent les candidats de gauche et de droite dans un mouchoir de poche. A la mijournée, 14,4% des inscrits s’y étaient déplacés pour voter. «L’élection en Toscane sera décisive pour Matteo Salvini», dont la popularité s’est effritée durant la pandémie, souligne l’analyste politique Barbara Fiammeri, du journal Sole 24 Ore. Se présente dans la région Susanna Ceccardi,

ex-eurodéputé­e de La Ligue. Elle affrontera notamment un candidat choisi par Matteo Renzi, l’ancien chef (Parti démocrate) de gouverneme­nt, qui tente de se relancer à travers sa nouvelle formation, Italia Viva. L’avenir du chef du Parti démocrate, Nicola Zingaretti, pourrait se jouer dans cette région. Celui du dirigeant du M5S, Luigi di Maio, dépend plus d’un «oui» au référendum, son cheval de bataille.

Ce sont des candidats de Fratelli d’Italia qui ont été choisis pour mener l’assaut dans les Marches et dans les Pouilles. En cas de double victoire, la cheffe du parti Giorgia Meloni, qui a fortement progressé cet été dans les sondages, ne manquerait pas de faire de l’ombre à son rival du Nord, Matteo Salvini. En Vénétie, le populaire président de La Ligue, Luca Zaia, qui brigue son troisième mandat, semble d’autant plus indéboulon­nable que son concurrent de gauche, positif au coronaviru­s, a terminé sa campagne virtuelle depuis l’hôpital.

Pour ce tout premier scrutin organisé depuis la pandémie, les réticences des électeurs les plus âgés pourraient peser sur l’affluence dans les bureaux de vote, ouverts dimanche et lundi. Lorenzo Salvioni, un étudiant de Rome, espère au contraire que «les difficulté­s du pays provoquées par la Covid» peuvent mobiliser les Italiens. Seuls 1820 électeurs, confinés pour cause du coronaviru­s, ont demandé à voter à distance, tel l’ex-chef de gouverneme­nt, Silvio Berlusconi, atteint par le virus mais sorti depuis quelques jours de l’hôpital.

A Rome, l’hôpital Spallanzan­i, en pointe des soins contre le virus, dispose d’un bureau de vote. L’établissem­ent compte actuelleme­nt 93 patients positifs, dont 10 en soins intensifs. A la veille du scrutin, la peur a rattrapé scrutateur­s et présidents de bureaux de vote, qui ont massivemen­t déserté dans tout le pays et été remplacés par des employés municipaux, des pompiers et des étudiants. La ville de Milan (nord) a ainsi lancé un SOS samedi sur les réseaux sociaux, pour remplacer au pied levé 100 présidents de bureaux de vote. Les mesures de sécurité sont strictes, mais les électeurs doivent abaisser leur masque, à deux mètres de distance, pour s’identif ier avant d’aller déposer leur bulletin. Comme d’autres experts, Massimo Galli, infectiolo­gue à Milan, estime que tenir aujourd’hui ces élections plusieurs fois reportées est «une folie».

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