Successives frustrations
C’est encore le flou opaque qui entoure la reprise scolaire et universitaire. Hier, les étudiants de l’USTHB à Bab Ezzouar ont dû rebrousser chemin après avoir attendu patiemment les retrouvailles officiellement fixées pour hier. Mais le feuilleton des reports improvisés ne semble pas toucher à sa fin. Un autre rendez-vous est donc pris pour le 31 du mois prochain pour certains étudiants ! Et si les questionnements paraissent pour l’heure concentrés sur l’unique chapitre pédagogique, il n’en demeure pas moins que des pans tout aussi essentiels d’un retour normal aux classes restent dans l’expectative. C’est le cas des oeuvres sociales indissociables de la vie estudiantine. La réouverture des cités universitaires à travers le territoire national n’est pas chose évidente et facile à l’heure du coronavirus. Le regroupement de milliers de résidents et de résidentes dans des milieux fermés que sont les pavillons, les réfectoires et autres foyers (cafètes estudiantines) et bien sûr les bibliothèques ne peut se faire comme à l’accoutumée. Il en est de même pour le transport universitaire. Un protocole sanitaire minutieusement réfléchi doit être préalablement défini et concrétisé sur le terrain.
L’association de toutes les parties prenantes dans cette tâche ardue est plus que souhaitable. Le ministère de tutelle a bien fait de décentraliser la décision en permettant aux recteurs de trancher, au niveau de leur établissement, sur la date la plus propice pour la reprise des cours. Les représentants des étudiants aussi auraient dû être consultés dans cette perspective pour mieux cerner les détails déjà inextricables d’une rentrée si singulière. Une telle démarche aurait fait l’économie d’une menace de grève brandie par un syndicat d’étudiants à l’intérieur du pays, dénonçant une rentrée faisant fi des contraintes réelles encore en vigueur entre certaines wilayas du pays. Les représentants de ces étudiants inscrits dans un centre universitaire à Tizi Ouzou font remarquer que les cités U ne sont pas encore ouvertes et que les étudiants résidents ne peuvent regagner la ville des Genêts en l’absence de tous les moyens de transport en commun, y compris les taxis collectifs. Au niveau des autres résidences, l’absence prolongée des étudiants a fait que leurs chambres ont été saccagées, au point de ne pouvoir être de sitôt opérationnelles. En dehors de ces contraintes spécifiquement d’ordre matériel et organisationnel, il se trouve un point primordial loin d’être pris à sa juste valeur dans toutes les réflexions. Il s’agit de l’état d’esprit de l’étudiant lui-même. Son éloignement forcé et prolongé des amphithéâtres, les tumultueuses tentatives du suivi du programme par le biais de plateformes interactives initiées sur le web ont fini par atteindre son moral et de freiner, un tant soit peu, son enthousiasme. L’attention est donc à porter à l’égard de tous ces étudiants fragilisés par d'aussi longues et successives épreuves et frustrations en dehors de leur propre volonté.