Des ministres de Boutelika rattrapés par des affaires de corruption
Il est clair qu’avec les futures échéances, le référendum sur la nouvelle Constitution principalement, il n’est pas dans l’intérêt des autorités de «sanctionner» le FLN et le RND.
Des anciens ministres du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, seront appelés à comparaitre devant le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger.
Le projet de révision constitutionnelle a été adopté par l’APN et deux jours plus tard par le Conseil de la nation, respectivement les 10 et 13 septembre. Avec le boycott ou l’abstention, c’est selon, de la majorité des formations politiques de l’opposition, ce sont ceux qui sont communément appelé les «partis du pouvoir», principalement le FLN et le RND, qui l’ont avalisé.
Quelques jours plus tard, l’opinion publique apprend que les subventions destinées à la classe politique n’ont pas été versées, cette année, par les autorités, comme rapporté hier par Le Soir d’Algérie. Et bien évidemment, ce sont le FLN – surtout – et le RND qui ont le plus à perdre, puisque ce sont eux qui en bénéficient le plus, quoique les formations de l’opposition ont été grandement affectées par cette décision, elles qui souffrent déjà du manque de f inancement – ne disposant pas de beaucoup d’élus, même leurs cotisations ne couvrent pas le fonctionnement de leurs structures – contrairement aux deux partis cités.
Avec 168 députés, et sachant que la subvention est calculée sur la base de 40 à 50 millions de centimes par an pour chaque poste de députation (40 millions pour un parlementaire homme et 50 millions pour une femme), l’ex-parti unique touche comme subvention, durant l’actuel mandat, pas moins de 6,72 milliards de centimes. Le RND, lui, tourne autour de 4 milliards de centimes (102 députés). L’absence de cette «cagnotte» a apparemment affecté le FLN, qui se plaint du fait que ses «caisses sont vides». Y a-t-il une arrière-pensée politique derrière ce retard dans le versement des subvenions, ou cela est-il juste lié à des impératifs techniques ? Il est clair qu’avec les futures échéances, le référendum sur la nouvelle Constitution principalement, il n’est pas dans l’intérêt des autorités de «sanctionner» ces deux partis, le FLN en particulier. Ce sont ces deux formations politiques qui ont adopté le texte au Parlement et c’est sur elles que va compter, pour ce qui est de la classe politique, le pouvoir en place pour faire la promotion de ce projet. Les deux partis ont été autorisés à organiser leurs congrès respectifs au mois de mai dernier, faisant élire leurs nouveaux responsables, en plein confinement.
Face au rejet de certains partis de l’opposition et à la réticence exprimée par d’autres, il ne reste pas grand monde pour soutenir la nouvelle Constitution. Il ne pourrait s’agir, a priori, que de contraintes techniques et des impératifs liés au contexte politique, à moins que les raisons sont ailleurs. Médiatiquement, annoncer le versement de subventions, qui peuvent être jugées colossales par l’opinion publique, en plein hirak, alors que les manifestants réclament la dissolution du FLN, serait extrêmement contreproductif.
Les partis de l’opposition, eux, avancent un autre son de cloche. Un responsable du Front des forces socialistes (FFS), tout en confirmant cette information (blocage des subventions), a estimé que cela a été fait pour «sanctionner» les partis de l’opposition, ceux-là mêmes qui ont pris fait et cause pour le hirak. Selon lui, le FLN et le RND, même en l’absence de subventions, peuvent mobiliser assez de financements pour assurer leur fonctionnement. Cela est surtout valable pour le FLN, qui dispose d’un patrimoine immobilier impressionnant à travers le territoire national, le plus gros hérité du temps du parti unique, évitant ainsi majoritairement de recourir à des locations de sièges. Les partis politiques de l’opposition ont toujours rencontré des difficultés financières, ce qui entrave, à coup sûr, l’exercice politique. Simple retard donc ou annulation définitive ? Personne ne peut répondre pour l’heure, puisque aucune explication n’a été fournie aux formations politiques présentes au Parlement. D’autant que les articles 52 et 58 de la loi relative évoquent des «aides éventuelles de l’Etat». En tout état de cause, la subvention des partis politiques par l’Etat a de tout temps fait polémique. Aujourd’hui encore, beaucoup de formations politiques appellent à revoir les mécanismes d’octroi de cette aide. D’autant plus que, concrètement, ces partis ne sont pas mis sur un pied d’égalité face à une formation comme le FLN, qui a hérité d’un patrimoine immobilier important après l’ouverture politique de 1989, ceci en plus du fait qu’il bénéficie, de l’avis des partis de l’opposition, des «largesses» de l’administration lors des rendez-vous électoraux.