Conférence pour les quantiques
Interrogé lors de sa rencontre avec les médias, le Président a affirmé (1) que l’Etat n’impose pas de restrictions à la liberté d’expression, (2) que l’Algérie compte 180 journaux qui bénéficient de publicité publique, de papier subventionné et faisant vivre 8500 journalistes, (3) concernant le journaliste Drareni, que son affaire n’a rien avoir avec la presse. Lancer des réponses c’est bien, sauf que la limite des interviews de Présidents, ici ou ailleurs, est connue, poser une question, écouter la réponse, et c’est tout, impossible de reposer une question liée à la réponse donnée. Exemple 1, il aurait fallu reposer la question : pourquoi alors autant de sites électroniques d’information sont censurés, TSA ou Maghreb Emergent, sans parler du dernier en date, Nabni. org, pourtant pur champ d’expression d’experts qui donnent des idées sur l’économie et le reste ? Exemple 2, sur les 180 journaux financés par l’Etat, il aurait fallu demander pourquoi en entretenir autant alors qu’une bonne partie n’appartient même pas à des journalistes, vend trois exemplaires et bénéficie par allégeances mafieuses d’argent public ? Exemple 3 enfin, il aurait fallu reposer une question : si l’affaire Drareni n’a rien à voir avec la presse, pourquoi le juge n’en n’a pas parlé lors du procès ? C’est la limite du genre, une question, pas plus, suivie d’une réponse qui appelle à une autre question, mais c’est trop tard, il fallait la poser avant, ce qui n’est pas possible puisqu’elle découle de la réponse à la question. A ce stade, les journalistes doivent faire de la mécanique quantique, là où la causalité n’est pas forcément respectée et toute flottant dans des états différents en même temps. Dans notre cas, il s’agirait de pouvoir poser une question avant d’entendre la réponse à la question qu’on n’a pas posée. Question, le ministère de la Communication est-il en mesure d’offrir des stages de mécanique quantique aux 8500 journalistes ? La réponse est aussi quantique, oui bien sûr mais jamais.