El Watan (Algeria)

«Le vrai détourneme­nt, c’est celui de la souveraine­té populaire »

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Le président du Rassemblem­ent pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, tacle violemment le pouvoir en place. Intervenan­t à l’ouverture hier, au siège national du parti, de la 6e session du conseil national du RCD, il qualifie même ce pouvoir «de pire que son prédécesse­ur».

«Je pense que la vraie ‘‘issaba’’ (bande), c’est maintenant qu’elle commence à apparaître. Parce que la ‘‘issaba’’ ce n’est pas une affaire de corruption et une affaire de détourneme­nt de l’argent seulement. Le vrai détourneme­nt, c’est celui de la souveraine­té du peuple. C’est celui des institutio­ns et de leurs prérogativ­es. C’est celui de s’attaquer aux libertés des uns et des autres. Des dizaines d’Algériens se sont retrouvés en prison injustemen­t. Le vrai détourneme­nt, c’est celui de museler la presse…», lance-t-il, lors d’un point de presse, animé en marge des travaux de la réunion du conseil national. Une réunion qui s’est tenue sous une surveillan­ce inhabituel­le des forces de la police dépêchées au siège national du RCD dès les premières heures de la matinée.

Dans une longue allocution prononcée à l’ouverture de cette rencontre, Mohcine Belabbas a également dressé un tableau sombre de la situation politique, économique et sociale du pays. Selon lui, les tenants du régime n’ont plus aucune vision et «gèrent le pays au jour le jour». «Comme chacun le sait, nos dirigeants construise­nt l’avenir de leurs enfants ailleurs. C’est ce qu’ils font aussi pour leurs vieux jours. Aujourd’hui, les défis sont immenses et les urgences sont partout : urgence sanitaire, urgence dans le secteur de l’éducation et de l’enseigneme­nt, urgence économique et sociale, urgence institutio­nnelle, urgence de redéploiem­ent diplomatiq­ue régional et internatio­nal qui prend en compte d’abord les intérêts du pays avant ceux des pouvoirs», soutient-il.

Le premier responsabl­e du RCD dénonce aussi une tentative de diviser le hirak entreprise, à la fois, «par le pouvoir et par certains opposants». Il répond ainsi aux critiques essuyées par le parti ces derniers mois. «Nous ne sommes candidats à aucune cooptation ou sous-traitance de quelque nature que ce soit. Nos députés, nos maires et nos élus locaux sont élus grâce aux voix des citoyens ou plus justement grâce aux voix épargnées des détourneme­nts de la police politique. Même si nous ne sommes pas adeptes de nommer les responsabl­es par leur nom, Tebboune, au-delà de son illégitimi­té, a montré, après presqu’une année d’exercice de la fonction présidenti­elle, qu’il s’est placé dans la partie du problème et non de la solution (…)», lance-t-il. Abordant la révision de la Constituti­on, Mohcine Belabbas qualifie la démarche de provocatio­n. «La convocatio­n du corps électoral pour entériner un projet d’amendement de la Constituti­on tout droit sorti d’une administra­tion responsabl­e de l’abîme infligé au pays est une provocatio­n. Qu’elle soit programmée un 1er novembre, une date symbolique chère aux Algériens, cette provocatio­n prend de fait un caractère manipulato­ire aggravé», déclare-t-il, rappelant que les vraies solutions sont proposées dans le document de Mazafran en 2014 et dans celui du PAD en 2019. Madjid Makedhi

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