Impact du confinement sur les créances
La hausse de la consommation des ménages a été prévisible durant le confinement, sachant aussi que les
factures sont passées du simple au double.
La crise sanitaire qui perdure depuis des mois en Algérie n’a pas été sans conséquences sur la trésorerie de la Concession de distribution de Béjaïa (ex-Sonelgaz). Les créances détenues par la société auprès de ses clients ont progressé de plus de 255 milliards de centimes cette année. Elles sont passées de 445 milliards en 2019 à 700 milliards de centimes en 2020. «Les séquelles de la conjoncture sanitaire qu’a traversé le pays se sont majoritairement répercutées sur la santé financière de la société où on constate un niveau très élevé des créances détenues auprès de nos clients ; toutes catégories confondues», selon la cellule de communication de la Concession de distribution de Béjaïa, rattachée à la société de distribution de l’électricité et du gaz de l’Est.
Pour la première fois, les ménages enregistrent le taux le plus important des créances. Sur les 700 milliards de centimes, cette catégorie est redevable de 415 milliards de centimes contre 230 milliards en 2019. Cette hausse de la consommation était prévisible avec le confinement de la population pendant de longs mois dans le cadre de la lutte contre la pandémie, qui a résulté d’une consommation importante de l’énergie. Ce qui a attisé cette situation est, également, le fait que des centaines, voire des milliers de clients n’ont pas pu honorer leurs factures d’électricité et de gaz lors des deux derniers trimestres après avoir été mis au chômage et l’arrêt de plusieurs activités des mois durant.
Un autre facteur qu’il ne faut pas négliger : celui de la facturation au forfait ou l’estimation automatique. Des ménages qui sont habitués à payer 1000 DA en trois mois ont reçu des factures de 3000 à 4000 DA sans rien changer à leur niveau de consommation, atteste-t-on. Ce n’est donc pas étonnant que le taux des créances chez les ménages évolue de 80%, comme cela a été estimé par la société. Les «administrations suivent avec 148 milliards de centimes, les clients relevant du secteur économique avec 115 milliards de centimes quant au reste des créances, celui-ci est relatif aux travaux d’amenés de l’énergie électrique et gazière», précise l’ex-Sonelgaz. En dehors de cette évolution exceptionnelle des créances, la société a développé au profit de l’ensemble de ses clients des moyens de paiement modernes et divers auxquels même les entreprises et l’administration ne se sont pas conformées, en plus du simple citoyen. En effet, le taux d’adoption de cette nouvelle technologie reste faible. Ces modes de paiement se déclinent en le paiement à travers les bureaux de poste, le paiement au niveau des 10 agences commerciales éparpillées sur le territoire de la wilaya (qui sont restées ouvertes durant la période de confinement partiel) en espèces, par chèque ou par carte CIB à l’aide des TPE, le paiement par domiciliation CCP ainsi que le e-paiement. Ce dernier moyen devait permettre d’éviter «aux clients tous déplacements et de consulter, télécharger et payer leurs factures via le site internet : www.sadeg.dz, et ce à l’aide d’une carte interbancaire (CIB)».
Malgré la diversification de ses modes de paiement, la Concession de Béjaïa pour la distribution de l’électricité et de gaz, avoue que «cela reste sans impact puisque leur créances demeurent élevées». Ce qui, selon la société, «pèse lourdement sur la situation financière de la société et qui constitue une entrave pour la concrétisation des investissements liés essentiellement à l’amélioration de la qualité et la continuité de service». Ces cinq dernières années, ajoute la direction de la société nationale, «plus de 570 milliards de centimes ont été dépensés pour satisfaire la demande en énergie électrique et gazière qui est en croissance permanente».