Réunion décisive à Genève en octobre
● L’échec de la guerre civile longue de six ans, malgré l’incorporation de troupes étrangères, a mis les différents camps libyens devant l’obligation d’un compromis impliquant tout le monde, y compris des représentants du régime déchu d’El Gueddafi.
Les belligérants libyens se rencontreront à Genève en octobre, sous la direction de la Délégation des Nations unies, pour une réunion décisive concernant la nouvelle distribution des pouvoirs en Libye. Il y aurait un accord sur un Conseil présidentiel tripartite et une présidence tripartite du gouvernement. Un représentant de chaque région, la Tripolitaine, la Cyrénaïque et Fezzan ; soit l’Ouest, l’Est et le Sud. Les deux présidents seraient d’origines différentes.
L’échec de la guerre civile longue de six ans, malgré l’incorporation de troupes étrangères, a mis les différents camps libyens devant l’obligation d’un compromis impliquant tout le monde, y compris des représentants du régime déchu d’El Gueddafi.
«Il faut impérativement tourner la page de ce conflit, malgré les milliers de morts, de part et d’autre. Il n’y a pas d’autres alternatives», assure Mahmoud Chemam, l’homme des médias basé entre Beyrouth et Le Caire, dans une interview sur Al Wassat, son organe de communication. Chemam était le porte-parole du gouvernement de transition de Mahmoud Jibril, en 2011-2012. «Il faut néanmoins changer la 1re ligne et concrétiser le remplacement de Fayez Al Sarraj et Abdallah Thenai, assurant les affaires courantes et disposés à partir. Les Libyens doivent percevoir du changement», poursuit Chemam. Finalement et après diverses alternatives, les Libyens sont, semble-t-il, tombés d’accord sur le principe d’un Conseil présidentiel à trois têtes, en charge de la transition politique, et un gouvernement technocrate, tripartite aussi, en charge d’améliorer le quotidien des Libyens.
Dans cet ordre d’idées, Fathi Mariami, le conseiller en communication du président de l’Assemblée, Salah Aguila, assure que la réunion accordée par le président égyptien, Abdelfattah Sissi, aux deux leaders de l’Est libyen, Khalifa Haftar et Salah Aguila, entre dans le cadre de l’unification de la position de la Cyrénaique, avant la prochaine réunion de Genève. Il s’agit de solidifier davantage la position de ces deux chefs après un semblant d’embrouillage, dû aux dernières initiatives de paix. Aguila s’est distingué à être le 1er à annoncer l’initiative d’ouverture de la production pétrolière contre une répartition contrôlée des ressources, dans sa rencontre, début juillet, avec l’ambassadeur américain. Haftar a concrétisé ce projet dans son dernier entretien avec Ahmed Myitigue, le viceprésident du Conseil présidentiel. «Nous sommes, Haftar et moi, dans le même processus, pour faire sortir le pays de sa crise», assure Aguila, dans une interview sur Arabia. Il est à rappeler qu’une délégation de l’Ouest libyen est passée récemment au Caire pour discuter avec l’Egypte sur le scénario de sortie de la crise. Il est très probable qu’Aguila se rende incessamment à Alger dans le cadre d’entretiens avec les pays riverains.
DÉLÉGATIONS
Les échos des tractations disent que tout le monde sera présent à Genève pour cautionner l’accord attendu. L’Assemblée a déjà désigné 13 membres, représentant toutes les circonscriptions électorales. Même chose pour le Conseil supérieur de l’Etat. La Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) désignera d’autres personnalités représentant la société civile ou des indépendants. Il y aurait même des représentants de sympatisants du régime déchu, présents encore massivement à Tarhouna ou Béni Oulid et qui ne cessent d’élever la voix avec le chaos sévissant en Libye, notamment depuis 2014. La présence concernera également des puissances étrangères, comme les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Allemagne et la France, ainsi qu’éventuellement, l’Algérie et la Tunisie. Le principal objectif sera la formation d’un nouveau Conseil présidentiel tripartite, qui prendra la place du Conseil présidé par Fayez Al Sarraj. Ledit Conseil sera en charge d’assurer la transition politique, en assurant l’adoption de la Constitution et garantissant la tenue des élections dans les 18 prochains mois.
Entre-temps, un gouvernement de technocrates veillera à améliorer le quotidien des Libyens. Le gouvernement veillera à plus d’équité dans la distribution des revenus du pétrole, comme cela a été annoncé dans l’accord Haftar-Myitigue, qui parle, semblet-il de 60% à l’Ouest contre 40% à l’Est. Le gouvernement veillera, sous le contrôle du comité technique, né de l’accord cité, sur la réalisation des projets améliorant la qualité de vie des Libyens. La question reste de savoir si les Libyens parviendront à concrétiser cet accord et tourner la page ?
Mourad Sellami