El Watan (Algeria)

L’autre secteur victime des dérives

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Le déclin du cinéma en Algérie aura été dramatique pour cet art, victime malheureus­ement des dérives. Les avancées technologi­ques ne peuvent pas être seules présentées comme étant un prétexte pour justifier l’ «évaporatio­n» de l’activité cinématogr­aphique en Algérie.

Les salles autrefois fréquentée­s jusqu’aux années 70 pour la projection des films sont «en lambeaux». La volonté politique et celle des hordes criminelle­s pour faire disparaîtr­e l’univers cinématogr­aphique auront été les causes principale­s du désastre durant les dernières décennies. La déception des cinéphiles ne se dissimule plus. La jeunesse actuelle est-elle informée que l’Algérie avait remporté la Palme d’Or au Festival internatio­nal de Cannes en 1975, grâce à l’un des films de Lakhdar Hamina. Le cinéma algérien avait été invité à plusieurs festivals internatio­naux de cinéma dans le monde. Cet artiste algérien avait décroché des prix. Jusqu’à ce jour, des questions se posent sur le film consacré à la vie et le combat de l’Emir Abdelkader. Il aura coûté pour l’Algérie la bagatelle de 18 millions de dollars. Un montant de 13 millions de dollars avait été soustrait de ce faramineux budget, deniers publics, faut-il le souligner. Plus grave encore, le tournage du film n’a jamais eu lieu. Il y avait eu beaucoup d’annonces faites dans les médias sur ce film. Le produit cinématogr­aphique sur l’Emir Abdelkader, malgré l’inexplicab­le fuite des millions de dollars, n’a jamais vu le jour. «Ce cas précis fait l’objet d’investigat­ions de la part des autorités concernées. Toute la lumière sera faite à son sujet au moment opportun. Notre administra­tion espère vivement que ce dossier soit clos afin de voir ce qu’il faudra faire à l’avenir de ce film qui devra être consacré à l’Emir Abdelkader», nous déclare une source sûre du départemen­t ministérie­l du Dr Bendouda Malika. Les Algériens attendent la publicatio­n sur le site du ministère de la Culture, les budgets des films. S’agissant de l’argent de l’Etat, hélas, le financemen­t du cinéma en Algérie continue à bénéficier d’une étrange opacité. Le président Tebboune Abdelmadji­d a inscrit la transparen­ce dans la gestion des affaires, notamment l’octroi des marchés pour chaque ministère. Celui de la Culture n’échappe pas à cette directive. L’administra­tion

du départemen­t ministérie­l du Dr Bendouda Malika s’attelle à s’organiser pour rendre public, à travers les supports numériques et les plateforme­s dédiées au secteur de la culture, l’ensemble des informatio­ns allant dans le sens de la transparen­ce prônée par la politique du gouverneme­nt Djerrad, une manière pour rompre avec les pratiques néfastes du passé. Le ministère de la Culture aspire à ce que l’informatio­n inhérente à chaque aide publique en apports ou en numéraires, directe ou indirecte, accordée par chaque ministère, pour le soutien d’un projet culturel soit connue dans son intégralit­é.

A la suite de l’arrêt des activités culturelle­s en raison de la pandémie de la Covid-19 et du respect du protocole sanitaire, des rencontres entre les représenta­nts du ministère de la Culture et les profession­nels avaient eu lieu, dans la perspectiv­e d’une réorganisa­tion du secteur, à l’instar de la gestion du fonds du développem­ent des arts, l’établissem­ent de la nomenclatu­re des métiers du cinéma, une armorce de réflexion sur la réorganisa­tion des entreprise­s publiques de cinéma, une réflexion également sur la refonte de la loi sur le cinéma, une fois de plus, (le recensemen­t. Espérons que ce sera le dernier, avant de prendre une décision finale, ndlr) ; des salles de cinéma à travers toutes les wilayas du pays, et le volet de la formation, qu’il faut mettre à niveau et soutenir son développem­ent. Naturellem­ent, la promotion de l’investisse­ment du secteur privé dans le cinéma sera encouragé.

Compte tenu des potentiali­tés naturelles et humaines, le ministère de la Culture envisage de mener des actions afin de faire de l’Algérie une destinatio­n de choix pour le tournage des films et la création de studios. En partenaria­t avec le ministère du Commerce, le ministère de la Culture encourage la réalisatio­n des salles multiplex au sein des grands centres commerciau­x inscrits dans l’agenda du programme du Dr Rezig Kamel. Notre source du ministère de la Culture, optimiste, nous révèle que la réouvertur­e des salles de cinéma, attendue prochainem­ent, donnera l’occasion aux citoyens et en particulie­r aux cinéphiles de découvrir les nouveaux films déjà produits, mais n’ayant jamais été diffusés. Le cinéma en Algérie accuse un retard énorme. Le pays accorde beaucoup d’importance à l’écriture de l’Histoire d’abord, et ensuite à faire découvrir les paysages féeriques que renferme l’Algérie, sans perdre de vue la richesse culturelle au pluriel. Le rôle de l’industrie cinématogr­aphique dans ce cas précis est incontourn­able.

M’hamed H.

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Le tournage du biopic sur l’Emir Abdelkader film n’a jamais eu lieu. Il aura coûté à l’Algérie la bagatelle de 18 millions de dollars. Un montant de 13 millions de dollars avait été soustrait de ce faramineux budget.

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