El Watan (Algeria)

Des chiens démineurs sur les fronts du monde entier

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Pour eux, ce n’est qu’un jeu mais en fait ils sauvent des vies : des chiens dressés en Bosnie pour rechercher les mines héritées des guerres meurtrière­s de l’ex-Yougoslavi­e mènent aussi de dangereuse­s missions à travers le monde. Après avoir fait 100 000 morts, le conflit intercommu­nautaire de Bosnie a pris fin en 1995 mais des régions entières sont restées infestées par des mines antiperson­nel et des engins non explosés. Les brigades canines ont considérab­lement accéléré le processus de déminage après l’ouverture il y a une quinzaine d’années de deux centres de dressage, grâce à des fonds norvégiens et américains. Initialeme­nt, la tâche des chiens était de rendre plus sûrs la Bosnie et les pays issus de l’ex-Yougoslavi­e, déchirée dans les années 1990 par une série de conflits. Mais ces profession­nels canins ont rapidement commencé à parcourir le monde. Les chiens formés dans le centre de dressage global de l’Aide populaire norvégienn­e (APN), près de Sarajevo, participen­t actuelleme­nt «à six programmes de déminage de cette ONG, en Irak, Liban, Somalie, Zimbabwe, Cambodge et Bosnie», dit à l’AFP Gordana Medunjanin, une de ses responsabl­es. Environ 70 bergers malinois, des chiens «endurants, énergiques et adaptables», y résident actuelleme­nt, poursuit-elle. Une quarantain­e sont au dressage, les autres sont des «vétérans» qui «profitent d’une retraite bien méritée». L’entraîneme­nt commence à quatre ou six semaines et dure jus-qu’à 18 mois, précise Namik Dzanko, dresseur de 29 ans. «Le chien ne comprend pas qu’il cherche des mines et que c’est dangereux», dit le formateur. «Pour lui, c’est un jeu. Il trouve quelque chose et on le récompense en lui donnant son jouet. A travers cette expérience positive, il fait un travail qui sauve les vies à travers le monde.» AFP

Ce soir du 26 septembre 1980, Robert Platzer, 12 ans, est ravi. Il est monté sur les manèges, a pris le train fantôme, dévoré des sucreries, s’est acheté un ballon d’hélium : tout ce qu’un petit garçon rêve de faire lors de l’Oktoberfes­t de Munich. Au moment où il se trouve à la sortie de l’immense fête populaire avec ses parents et ses quatre frères et soeurs, il voit un homme, de dos, les bras dans une poubelle. Celle-là même vers laquelle se dirige sa famille pour jeter des déchets. Puis c’est l’explosion. «Il y a eu une grosse flamme, j’ai été projeté plusieurs mètres en arrière», se souvient-il. Une bombe déposée dans une poubelle vient d’exploser à quelques pas des manèges et des tentes à bière. Treize personnes — dont l’auteur Gundolf Köhler — sont tuées, plus de 200 blessées. C’est l’attentat d’extrême droite le plus meurtrier d’Allemagne depuis 1945. Ilona, 8 ans, la petite soeur de Robert, est tuée sur le coup. Son petit frère Ignaz, 6 ans, mourra dans l’ambulance qui l’emmène à l’hôpital. Ses parents sont grièvement blessés. Sa soeur Elisabeth survit à l’attentat mais décèdera d’une overdose à l’âge de 24 ans. Son frère Wilhelm se jette sous un métro en 2008, à 42 ans. «Ils ne supportaie­nt plus leur douleur. Je suis le seul survivant de cette famille», constate Robert Höckmayr, 52 ans, qui a décidé de prendre le nom de son épouse pour mettre un peu de distance entre lui et l’attentat. Quarante ans après, cet homme de grande taille aux cheveux grisonnant­s et au sourire franc n’a rien oublié de ses souvenirs de petit garçon. Sur le lieu même de l’attaque, où un mémorial a été construit en 2008, il raconte le chaos le soir de l’explosion, ses efforts pour réapprendr­e à marcher après avoir été grièvement blessé aux jambes, ses 41 opérations destinées entre autres à retirer des morceaux de métal laissés par la bombe dans son corps. «Ils n’ont pas pu tout enlever», dit-il, une main sur la poitrine. Pourtant, une autre cicatrice reste encore plus difficile à refermer : ce qu’il considère comme «l’abandon» de l’Etat. «On ne nous a jamais proposé d’aide psychologi­que. Et quelques mois après l’attaque, les docteurs me déclaraien­t sain, simplement parce que je pouvais marcher», s’agace-t-il. Le Munichois dit s’être retrouvé seul pour se reconstrui­re. Il ne doit son salut qu’à son épouse et à ses trois enfants. «C’est eux qui me donnent l’énergie de vivre». Il est également en colère contre la «faiblesse» des aides financière­s versées aux blessés. Mais cela pourrait changer : début juillet, l’enquête a été définitive­ment fermée, concluant que Gundolf Köhler avait bien commis un attentat politique.

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