De la Constitution et des citoyens
La Constitution est une oeuvre grandiose et grave et pas une péripétie politicienne. Elle a la faculté de recueillir l'assentiment, général, pour l'établissement d'un contrat social, censé guider la vie des citoyens, sans accrocs, dans l'harmonie et la sérénité. En faisant progresser les idées et en anticipant les brisures et les fractures. La première vertu d'une Constitution, c'est d'être un contrat social qui régule la vie des citoyens, sur la base d'un ensemble de textes consensuels. C'est pourquoi elle doit s'établir sur des assises fermes. La deuxième vertu, c'est d'instaurer un équilibre et une séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, mais aussi un équilibre entre la capacité de gouverner d'une majorité élue, sans taches, et la possibilité de lui succéder d'une opposition réelle issue d'un véritable contre-pouvoir. C'est ce qu'on appelle l'alternance, qui doit, enfin, avoir droit de cité dans un pays qui se réclame de la démocratie. L'alternance est un phénomène sain qui évite la sclérose.
Le passé récent nous a démontré où peuvent mener les pouvoirs concentrés d'allégeance et de connivence. Comment protéger la Constitution pour éviter qu'elle soit de nouveau violée, malgré l'armature des textes et le serment sur Le Coran sans que la vigie qu'est le Conseil constitutionnel, ligoté par son allégeance, ne puisse bouger le petit doigt ! Le référendum est l'occasion de susciter un débat national, puisqu'il interpelle l'ensemble des citoyens, pour s'entendre sur les lois qui les régissent. Mais le débat souhaité tarde à prendre forme, de même que s'éclipse l'enthousiasme qui doit, en principe, entourer la symbolique date de sa tenue qui nous est très chère, le 1er Novembre. Certains rêveurs auraient bien voulu un agrandissement du champ du référendum, qui pourrait être sollicité pour aborder aussi bien les problèmes des droits de l'homme, des libertés et autres questions qui touchent directement le citoyen. De cette façon, le référendum pourrait non seulement surmonter les crises, mais les prévenir.
Comme cette crise de l'abstention, lors des scrutins passés, boudés par les électeurs. On sait que l'absence de vote ou le vote très réduit sont une posture d'exaspération, parce que les appels des citoyens n'avaient pas été entendus. Tout le monde sait qu'en démocratie, la voix souveraine des urnes est primordiale. A condition qu'elles ne soient pas entachées de manipulation et de fraude. Comme le peuple l'a appris à ses dépens depuis pratiquement l'indépendance, où les masses ont abandonné leur souveraineté en la consentant à des structures ou des hommes mal élus. Le résultat est plus qu'édifiant : catastrophique. Comme quoi, on ne surmontera pas les inconvénients de la démocratie par une restriction, mais par un surcroît de démocratie. Une Constitution ne vit pas seulement sur un vote fondateur. Elle est une création continue qui vit au rythme de la société. En vérité, une Constitution forte vise à revitaliser le fonctionnement des institutions et les libertés de ses citoyens, qui ne peuvent plus se limiter à jouer les faire-valoir alors que leur destin est en jeu…