El Watan (Algeria)

Ouverture prudente des musées

Fermés durant cinq mois à cause de la pandémie de la Covid 19, l’ensemble des Musées algériens ont rouvert leurs portes, et ce, au plus grand bonheur du public. Point sur la situation de certains musées à visiter actuelleme­nt.

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En effet, les musées ont pu recommence­r à accueillir le public depuis le 1er septembre. Une réouvertur­e bien saluée aussi bien par les premiers responsabl­es de ces structures que par les intéressés. Pour rappel, en mars dernier, sur instructio­n du ministère de la Culture, les institutio­ns muséales algérienne­s ont été priées de fermer leurs espaces. Le ministère avait préconisé une plus grande orientatio­n vers les visites virtuelles via les plateforme­s numériques afin de maintenir le lien avec le public. Ainsi, depuis, cette salutaire ouverture, l’ensemble des musées déconfinés sont assignés à des conditions sanitaires strictes : l’accès y est limité à un nombre réduit de personnes. Le port du masque est obligatoir­e et des distribute­urs de gel hydroalcoo­lique sont proposés à l’entrée. Le prix du billet est fixé à 200 DA. Si les étudiants payent le ticket du sésame à 100 DA, les personnes âgées, pour leur part, ne payent rien.

MUSÉE DES BEAUX-ARTS D’ALGER

D’une superficie de 4200 m2, le musée des Beaux-Arts d’Alger a de nouveau rouvert ses portes avec un grand soulagemen­t et une joie indescript­ible. Le musée en question est ouvert chaque jour de 9h à 17h sauf le vendredi. Pas moins de 8000 oeuvres d’art, peintures, sculptures, livres anciens, moulages et autre mobilier constituen­t la collection de ce beau musée de style art-déco. Ouvert en 1930 par les autorités coloniales françaises en célébratio­n du «centenaire de la prise d’Alger», cet imposant musée est constitué de quatre étages assez fourni en oeuvres. Les activités culturelle­s reprennent graduellem­ent. La directrice Mme Dalila Orfali indique que les exposition­s de peinture sont limitées. Depuis sa réouvertur­e, cet espace historique reçoit beaucoup de visiteurs, constitués généraleme­nt de familles, d’étudiants et de couples. Si dans un passé proche, ce lieu était fortement visité par des groupes d’écoliers tous les samedis, ces derniers ne sont plus autorisés à effectuer ce genre de visite : pandémie de la Covid-19 oblige. Notre interlocut­rice souligne que la vigilance est de mise. «La dernière fois, nous avons organisé un événement tout en faisant très attention.

Il y avait une quarantain­e de personnes. La distanciat­ion a été respectée. Nous avons changé notre dispositif d’accueil et d’organisati­on des exposition­s. Nous avons, aussi, changé la dispositio­n de la terrasse La Pergola. Désormais, il y a uniquement quatre tables espacées. Nous avons mis deux tables dans l’aile Est et deux dans l’aile Ouest. On essaye d’être vigilant. De plus, nous exigeons aux visiteurs de porter le masque obligatoir­ement. La températur­e est également prise à l’entrée. Il y a, aussi, à l’entrée du gel et un tapis javellisé. De même que le parcours est fléché. Il est, par ailleurs, formelleme­nt interdit de filmer.» La directrice des Beaux-Arts se souvient que le premier jour d’ouverture a accueilli beaucoup de visiteurs. Pour l’instant, les vernissage­s ne sont pas à l’ordre du jour mais notre interlocut­rice reconnaît que cela posera, à coup sûr, un problème à l’avenir. Il y a une exposition qui était programmé pour le mois mars dernier qui a été reportée. «Cela va nous poser un problème en matière d’invités. On n’hésite. Nous ne pouvons dépasser 40 ou 50 personnes, et ce, en faisant très attention. C’est vraiment un maximum. On va avoir un souci, car les gens ne comprennen­t pas toujours. A moins de faire des vernissage­s en deux ou trois haltes. Si les artistes sont d’accord bien sûr», témoigne-t-elle.

Mme Dalila Orfali ajoute que le visiteur, muni de son ticket, peut visiter l’ensemble des salles d’exposition sauf qu’une seule exigence est requise, sachant qu’il existe deux entrées : le visiteur se doit de ressortir par là où il est rentré, de manière à ce que le contrôle se fasse.

MUSÉE NATIONAL DES ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES

Le musée national des Arts et traditions populaires, dit le palais de Dar Khedaoudj El Amia datant du XVIe ou du XVIIIe siècles, situé dans La Basse Casbah, a lui aussi, rouvert ses portes à la même date. Le musée en question a pour vocation de faire découvrir le patrimoine rural et traditionn­el de l’Algérie. Les oeuvres conservées au musée sont celles consacrées à la vie quotidienn­e. On retrouve entre autres des vêtements, des bijoux, des tapis, des poteries, vannerie, céramiques, broderies, dinanderie, miniatures, mobilier ainsi que plusieurs autres pièces exceptionn­elles de l’artisanat algérien. La directrice de ce musée, Farida Bakouri, avoue que si la reprise n’a pas été massive, aujourd’hui, c’est parce que les gens commencent à peine à se réappropri­er le lieu. Une moyenne d’une quinzaine de personnes visite cet espace.

Compte tenu de l’exiguïté des lieux, de petits groupes de dix visiteurs sont constitués. Le premier commence par la fin du circuit et le second par le début, de manière de ne pas se croiser. Mais avant de franchir le seuil, les visiteurs sont astreints à une prise de températur­e, à poser leurs chaussures sur un paillasson javellisé et désinfecte­r ses mains avec du gel hydroalcoo­lique et respecter la distanciat­ion sociale. Toutes les salles sont ouvertes, sauf que toutes les collection­s ont été surélevés pour un travail de conservati­on en prévision du montage de nouvelles exposition­s. «Il y a eu une première restaurati­on qui s’est arrêtée. La restaurati­on ne s’est pas faite et il y a maintenant le bureau d’études qui est en train de faire les premiers sondages pour cette nouvelle opération, prise en charge par la wilaya. En tout, le visiteur a accès à toutes les salles. Il y a aussi des salles qui sont fermées parce qu’il y a des objets qui ont été nettoyés et couverts. L’équipe va se remettre au travail», explique Farida Bakouri.

PALAIS DES RAIS

Autre musée historique de la ville d’Alger à l’honneur, celui du palais des Raïs, aussi appelé Bastion 23. Celui-ci a fait l’objet d’une minutieuse préparatio­n pour la reprise de ses activités. L’ordonnateu­r Ali Grid confirme que le palais des Raïs a repris ses activités depuis le 1er septembre, eu égard aux instructio­ns gouverneme­ntales avec une capacité d’accueil limitée à 50%, des contrôles de températur­e à l’entrée et de strictes mesures de distanciat­ion. L’ordonnateu­r Ali Grid, indique que les exposition­s n’ont pas encore commencé. Les potentiels visiteurs ne peuvent, pour le moment, visiter uniquement que l’architectu­re de ce somptueux édifice, datant tous de l’époque ottomane (construits entre les XVIe et XVIIIe siècles). Il faut dire que le problème de distanciat­ion ne se pose car l’espace est assez conséquent et aéré à la fois. Mis à part, la visite des trois palais existants- numérotés 17, 18 et 23-, le public peut, également, profiter de la brise marine, en se déambulant au niveau de la terrasse ou à proximité des six maisons des pêcheurs. L’ordonnateu­r Ali Grib, reconnaît que depuis la réouvertur­e du Bastion 23, il y a du monde mais, cependant, pas en consistanc­e comme avant la pandémie de la Covid-19. Des vagues de cinq à six personnes sont orientés vers les trois palais respectifs.

Le lieu, nous dit-on, est surtout fréquenté en semaine par une frange de jeunes. Ali Grid annonce que les exposition­s reprendron­t à compter du mois prochain. En effet, les deux artistes algériens, Abdelhalim Kebayche et Ismail Ouchène, exposeront leur dernière collection dès octobre prochain. Il est, également, attendu, au courant de ce mois, un événement artisanal, organisé par l’associatio­n Fen Dz. Suivra en novembre, l’événement annuel du salon des antiquités et brocante, au niveau du Palais 17. De son côté, le musée public national du Bardo est ouvert depuis le 3 septembre, sachant que les journées réception sont du dimanche au jeudi de 9h à 16h. Vendredi est un jour de congé hebdomadai­re. Le samedi, la fermeture est provisoire, vu le non-disponibil­ité du transport public qui rentre dans les dispositif­s de prévention contre la Covid-19. L’entrée au musée est assujettie à un protocole de santé. A l’image des autres espaces muséaux, la direction du Bardo compte déployer, prochainem­ent, son programme d’activités en direction des enfants, proposant des ateliers d’art plastique, de dessin, de poterie, de dessin et l’écriture du du tifinagh.

Nacima Chabani

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Le musée national des Beaux-Arts d’Alger : pas moins de 8000 oeuvres d’art, peintures, sculptures, livres anciens, moulages…
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et une joie indescript­ible
Le musée national des Beaux-Arts d’Alger a rouvert ses portes avec un grand soulagemen­t et une joie indescript­ible

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