Un an de prison ferme pour l’ex-député Khaled Tazaghart
Plusieurs détenus ont été condamnés et d’autres attendant depuis des semaines, voire des mois
ont vu leurs procès reportés à des dates ultérieures, comme ceux en appel.
Les arrestations et les procès contre les acteurs politiques et les activistes et militants du hirak se multiplient. Certains d’entre eux ont vu la confirmation de leur comparution immédiate. C’est le cas de l’ancien député du Front El Moustakbal de la wilaya de Béjaïa qui a été condamné hier à un an de prison ferme avec mandat de dépôt par le tribunal d’Akbou (Béjaïa), a annoncé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Arrêté lors d’un sit-in organisé à Kherrata en solidarité avec les détenus, Khaled Tazaghart a été placé en garde à vue et présenté, hier, devant le procureur du tribunal d’Akbou. L’ex-député est accusé d’«incitation à attroupement non autorisé», «publication qui touche à l’ordre public» et «violation des mesures de confinement sanitaire». Le procureur a requis un an de prison ferme et 100 000 DA d’amende. Lors de ce procès, le président du tribunal a refusé la constitution de deux avocats de la défense au côté du collectif composé de huit avocats en faveur de Khaled Tazaghart et le procureur a refusé l’accès à l’audience au public, et la famille de Tazaghart a été empêchée d’assister au procès qui est censé être public. Pour Saïd Salhi de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), il s’agit là d’une atteinte grave à l’une des normes d’un procès équitable. La LADDH demande la libération immédiate et inconditionnelle du militant. Hier encore, sur instruction du procureur près le tribunal d’Azazga, Samira Idir, militante et élue indépendante de l’APW de Tizi Ouzou, a été convoquée puis entendue par la police de la sûreté de daïra de Bouzeguene sur plusieurs de ses publications sur Facebook au sujet du hirak, de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 et des appels à la désobéissance civile ! Pour les avocats et le comité national de libération des détenus, ces nombreuses arrestations et ces actes répressifs visent à créer un climat de terreur.
PLUS DE 1000 DÉTENUS DU HIRAK
Plusieurs détenus ont été condamnés et d’autres attendant depuis des semaines, voire des mois ont vu leurs procès reportés à des dates ultérieures, comme ceux en appel. L’activiste Mohamed Athmane, arrêté le 18 septembre pour «outrage à corps constitué», «atteinte à la personne du président de la République» et «diffusion de fausses informations», est passé hier devant le tribunal de M’sila. Le procureur a requis deux ans de prison ferme et le verdict sera connu le 4 octobre prochain. Il y a aussi les cas de Walid Kechida et Abdellah
Benaoum qui suscitent l’émoi au sein de l’opinion publique nationale. Kechida, âgé de 25 ans, fondateur du site «Hirak mèmes», a été arrêté le 27 avril dernier, c’est-à-dire il y a près de cinq mois (son procès n’a pas encore été programmé) pour les chefs d’accusation, entre autres, d’«atteinte à corps constitué, au président de la République, à la force publique dans l’exercice de ses fonctions» et «atteinte aux préceptes de la religion», comme l’avait indiqué quelques jours après sa mise en détention préventive son avocat Moumen Chadi. Selon le dernier décompte du CNLD, il y aurait plus de 60 détenus d’opinion répartis à travers 26 wilayas. Alger vient en tête avec 9 détenus, suivie des wilayas de Bordj Bou Arréridj et Adrar avec sept détenus chacune. Beaucoup d’entre eux sont de jeunes militants ou activistes, dont des étudiants. Le plus ancien d’entre eux est l’étudiant Walid Nekiche, arrêté lors de la marche des étudiants du 26 novembre 2019. Son procès n’a pas encore été programmé. Selon ses avocats, celui-ci est poursuivi pour «atteinte à la sécurité nationale» et «complot contre l’Etat». Les avocats, quant à eux, avancent un autre chiffre qui dépasserait de loin celui avancé par le CNLT.
«Nous n’avons pas de chiffre exact concernant les détenus du hirak, mais selon nos estimations, leur nombre avoisinerait les 1000 ou plus. D’ailleurs, nous ne comprenons pas pourquoi le ministre de la Justice ne communique pas le chiffre. C’est l’opacité totale», avait dénoncé l’avocate Fetta Sadat. Rien que pour ces deux derniers jours, plusieurs arrestations ont été opérées lors des rassemblements. Nabila Amir