«Il n’y a pas de solutions standardisées pour tous les établissements scolaires du pays»
Le ministère de l’Education nationale a exposé, hier, les solutions possibles pour la réussite de la rentrée scolaire 2020-2021. Il cite, entre autres, la double vacation et un réaménagement du programme pédagogique. Qu’en pensez-vous ?
Nous sommes dans une situation exceptionnelle et une année scolaire complètement différente de celles déjà connues. Pour réussir la rentrée scolaire, il faut aller vers plusieurs scénarios adaptés à chaque wilaya et même chaque établissement. Il n’y a pas de solutions standardisées pour tous les établissements du pays. Pour les scénarios du ministère, certains sont possibles, d’autres non. Parler de réduire le nombre d’élèves par classe et d’aller vers la double vacation n’est pas une solution à prendre telle quelle. Le manque d’infrastructures scolaires fait qu’instaurer la double vacation pour toutes les matières est juste impossible. La solution serait, à notre avis, comme nous l’avons mentionné dans nos propositions, d’aller vers une double vacation pour les matières essentielles seulement. Les matières secondaires peuvent être enseignées en ligne. Une présence une fois à deux fois par semaine serait possible pour des révisions de ces cours dispensés à distance. Ainsi, l’allégement des programmes est plus qu’une nécessité.
Justement, quelles sont vos propositions en tant qu’inspecteurs ?
Nous avions déclaré en juin dernier que retarder les examens de fin d’année jusqu’au mois de septembre allait avoir de lourdes conséquences sur la rentrée scolaire. Nous avions également dit que la date du 4 octobre ne pouvait être retenue et qu’elle serait décalée pour manque de temps, notamment avec les corrections du baccalauréat. Le temps nous a donné raison. Dans les circonstances actuelles, nous pensons aujourd’hui que nous ne pouvons retarder encore plus la reprise scolaire, notamment dans les wilayas où le nombre de cas positifs à la Covid-19 est insignifiant, voire nul, particulièrement celles du Sud. Il ne faut pas omettre que reculer encore la rentrée scolaire aurait de grandes incidences sur les élèves de ces régions, où les grandes chaleurs commencent très tôt. Comme je l’ai déjà dit, nous proposons d’aller vers des doubles vacations mais pour les matières essentielles seulement. Les matières secondaires seront dispensées à distance. En cas d’absence de réseau internet, il est tout à fait possible d’aller vers des polycopiés en attendant les séances de révisions hebdomadaires en classe. Il faut, aussi, autoriser les concertations dans les établissements sous l’égide du directeur de l’école pour trouver des solutions adaptées selon l’évolution de la situation. Il faut aussi qu’il y ait des commissions mixtes dans chaque wilaya pour faire le suivi de la scolarité et le respect du protocole sanitaire.
Les indicateurs actuels nous renvoient vers le 3 novembre comme date de la rentrée. Pensez-vous qu’il soit possible de récupérer ces deux mois de retard et le trimestre de l’année dernière non fait ?
Oui, mais à condition que plusieurs éléments soient réunis à cet effet. J’en cite l’allégement des programmes, la double vacation pour les matières essentielles seulement, prolonger l’année scolaire jusqu’au mois de juin, écourter les vacances et adopter une évaluation semestrielle et non trimestrielle. Si ces mesures sont prises en charge et appliquées sur le terrain, nous pourrons espérer récupérer le retard et entamer l’année scolaire 2021-2022 sans grands incidents. A. B.