Quand l’ENPI piétine le cahier des charges
L’Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI), maître d’ouvrage des 320 logements promotionnels publics (LPP) sur un programme de 820 à Sétif, piétine les dispositions de l’arrêté du 3 Rabie Ethani 1436 correspondant au 24 janvier 2015 fixant les spécificités techniques du logement promotionnel public. Confié à une société turque, le projet en question fait fi du cahier des charges. Les réserves des souscripteurs remettent sur la table la question du suivi. L’absence d’un contrôle rigoureux génère des malfaçons, un travail bâclé et la perte de milliards de dinars injectés par l’Etat. Ainsi, l’article 27 de l’arrêté du 24 janvier 2015 est foulé aux pieds. «Les dimensions minimales à respecter pour les largeurs de la porte d’accès au logement est de 1,10 m ne sont pas respectées.» La dimension s’est «rétrécie» comme peau de chagrin. Elle passe donc de 1,10 m à 0,87 m. Au grand dam des souscripteurs, lesquels auront du mal à faire rentrer un réfrigérateur de 0,94 m de largeur. Bien spécifié dans l’article 28 : «L’orientation des logements doit assurer l’ensoleillement de la salle de séjour, de la cuisine et en partie des chambres» n’est pas respectée. Mieux encore, le vis-à-vis de nombreux appartements d’une seule façade est un rocher de la taille du Mont Blanc. La grosse pierre est un véritable barrage à l’ensoleillement des habitations. Pour se mettre en conformité avec les dispositions de l’article 21, «les façades des immeubles doivent tenir compte dans tous les cas des orientations par rapport à l’ensoleillement et aux vents dominants», il va falloir «décaper» la roche, au grand soulagement
Confié à une société turque, le projet en question fait fi du cahier des charges. des familles ne pouvant résider dans un «trou» noir. Pas disposés à occuper des logements n’ayant rien de promotionnels, des souscripteurs pointent du doigt mille et une tares. «Consignés dans le cahier des charges, les rangements (placards) n’existent pas, y compris dans les cuisines. De 3, le balcon du séjour ne représente nullement 12 ou 15% de la surface habitable (article 43). Le revêtement mural de la cage d’escalier ne dépasse pas le rez-de-chaussée. La fenêtre d’une chambre donne sur la loggia», révèlent des acquéreurs déçus. Et d’enchaîner : «Il est presque impossible d’énumérer toutes les tares d’une promotion dépourvue de beaucoup de choses, notamment des surfaces de stationnement (parkings) (article 29) et d’espaces verts pour enfants. Les VRD (voirie et réseaux divers) ne sont pas entamés.» Pour évaluer l’ampleur des «dégâts», nous sollicitons l’intervention des pouvoirs publics, car de nombreuses familles ayant déboursé entre 10 et 12 millions de dinars n’ont pas les moyens pour refaire un travail bâclé», concluent nos interlocuteurs munis de l’arrêté paru au Journal officiel n°61 du 18 novembre 2015. Afin de connaître la position des autres parties, on contacte en premier lieu le directeur du logement de Sétif qui a été clair : «Le ministère de l’Habitat a mis en place une commission wilayale de contrôle de la qualité du logement. Nous allons inspecter le chantier. La visite sera sanctionnée par un procès-verbal (PV) englobant toutes les réserves. Une copie du PV sera transmise au maître d’ouvrage en l’occurrence l’ENPI qui devrait rectifier le tir et suivre les dispositions du cahier des charges.» Basé à Constantine, le directeur du projet contacté par téléphone, mercredi après-midi, affiche une fin de non-recevoir. «Je ne peux vous répondre sans l’autorisation de mon supérieur hiérarchique», rétorque le cadre de l’ENPI clouée au pilori.
Kamel Beniaïche
Aucune partie de son corps n’est vierge d’encre, pas même les yeux ou la langue : dans la banlieue de Paris, un homme de 35 ans conjugue sa passion du tatouage avec son métier d’instituteur en école élémentaire, non sans faire quelques remous. «J’en suis à environ 460 heures de tatouage, 57 000 euros» : Sylvain Hélaine, alias Freaky Hoody sur les réseaux sociaux, est considéré comme l’homme le plus tatoué de France. Motifs floraux colorés sur le crâne, tête de démon dans le dos jusqu’à ses yeux injectés d’encre : la coqueluche des conventions de tatouage a commencé à recouvrir son corps en 2012. Il n’en regrette aucun, dans «une démarche philosophique inédite : je rends le tatouage, qui est censé être permanent, éphémère. Je finirai sûrement tout noir à 80 ans.» Le plus impressionnant, ce sont ses yeux, «plus une modification corporelle qu’un tatouage», souligne-t-il. Ses pupilles et ses iris marrons ressortent à peine du «blanc» des yeux, désormais noir de jais. Il a dû aller en Suisse pour avoir recours au tatouage oculaire, interdit en France. «C’est une torture, on vous tient l’oeil grand ouvert, vous sentez l’aiguille qui le perce», raconte cet homme de 35 ans qui avait l’impression d’être «incomplet», avant cette transformation. Son corps lui ouvre des portes. «Des agences de mannequins m’ont recruté pour des films, des séries.» De fil en aiguille, il anime et défile dans des conventions de tatouage, et des boîtes de nuit le recrutent pour danser. Mais Sylvain Hélaine est aussi maître d’école, et enseigne à des élèves entre 6 et 11 ans, l’âge de toutes les curiosités mais aussi de toutes les peurs. «Je provoque toujours un moment de stupéfaction chez les enfants et les parents. Mais quand je me présente et qu’ils voient que je suis un enseignant comme les autres, tout se passe bien», explique à l’AFP celui qui se dit passionné par son métier. La semaine dernière, il déplorait sur la chaîne BFM TV de ne pas pouvoir enseigner à de tous petits enfants, en maternelle. «Ils veulent être tranquilles, et éviter que les parents puissent se plaindre de mon apparence», regrettait-il. L’enseignant estime pourtant que sa particularité fait sa force : «Les enfants qui me voient apprennent la tolérance et le respect des autres. Quand il seront adultes il y aura peutêtre plus de chance qu’ils ne soient pas racistes, homophobes, qu’ils ne regardent pas les handicapés comme des bêtes de foire.»