El Watan (Algeria)

Un projet qui peine à convaincre

LE RÉFÉRENDUM SUR LA RÉVISION DE LA CONSTITUTI­ON EN QUÊTE DE SOUTIENS

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Le projet de révision constituti­onnelle qui sera soumis à référendum, le

1er novembre prochain, a été, selon les observateu­rs, très mal préparé

La démarche adoptée par ses promoteurs n’a pas été à la hauteur des attentes. Elle est loin du consensus voulu et son contenu ne répond pas aux revendicat­ions du hirak, comme on le prétend.

Les critiques se multiplien­t. Elles viennent principale­ment des partis de l’opposition et des juristes qui font entendre leur voix, malgré l’unanimisme imposé et voulu par les tenants du pouvoir depuis le lancement de ce chantier au début de l’année en cours Même des participan­ts aux fameuses consultati­ons, menées par la commission d’Ahmed Laraba, qui affichaien­t un certain enthousias­me au début, se

rétractent Pour diverses raisons, bien sûr.

Le projet de la révision constituti­onnelle, devant être soumis à référendum le 1er novembre prochain, fédère les... rejets. A moins de deux mois de l’échéance et quelques semaines après son adoption expéditive au Parlement, le texte ne fait pas consensus. Son contenu et la démarche adoptée pour son élaboratio­n continuent de susciter des réactions qui ne seront certaineme­nt pas du goût des promoteurs de ce projet. Les critiques se multiplien­t. Elles viennent principale­ment des partis de l’opposition et des juristes qui font entendre leur voix, malgré l’unanimisme imposé et voulu par les tenants du pouvoir depuis le lancement de ce chantier au début de l’année en cours. Même des participan­ts aux fameuses consultati­ons menées par la commission d’Ahmed Laraba, qui affichaien­t un certain enthousias­me au début, se rétractent. Pour diverses raisons, bien sûr. C’est le cas du MSP de Abderrazak Makri.

Ce parti vient, en effet, d’appeler à voter contre le projet qui, selon son conseil consultati­f, «fait des cadeaux au FMI». «Ahmed Laraba s’adressait au FMI qui aura le dernier mot pour l’ouverture de lignes de crédit pour l’Algérie par les banques étrangères très prochainem­ent afin d’éviter l’effondreme­nt et de pouvoir continuer à verser les salaires. Il leur dit : ‘‘Voilà, nous avons mis dans la Constituti­on ce qui vous contentera et qui facilitera votre entente avec le président de la République, mais nous ne pouvons pas vous contenter entièremen­t dans l’immédiat avec l’éliminatio­n de la Constituti­on des éléments de l’identité nationale à cause de l’attachemen­t du peuple à ces éléments, mais cela est possible dans l’avenir, une fois ce peuple récalcitra­nt apprivoisé», justifie le MSP qui est aussi contrarié par le rejet de l’ensemble de ses propositio­ns par la commission Laraba. Le parti islamiste élargit ainsi le front du refus de ce projet, constitué déjà par des partis du pôle démocratiq­ue qui se sont carrément opposés à la démarche, appelant à un processus constituan­t. En effet, le RCD, le PT, le FFS, l’UCP de Zoubida Assoul, le MDS, le PST et des organisati­ons de la société civile indépendan­te du pouvoir n’ont pas adhéré à la démarche de l’Exécutif, démarche qu’ils qualifient de «biaisée» et «de volonté de reconstitu­er le système» rejeté par le mouvement populaire du 22 février dernier.

«UN DÉBAT À SENS UNIQUE»

Ces formations politiques appellent plutôt à la mise en place d’un «processus constituan­t» qui mettrait, selon elles, le pays sur la voie d’une véritable démocratie. Comment en est-on arrivé à cette situation ? En lançant ce chantier, ses promoteurs ont prôné une «démarche consensuel­le» et ont promis d’ouvrir «un large débat» sur le projet. Le constat est tout autre.

Certes, la commission Laraba a donné le chiffre de plus de 1700 participan­ts à ces consultati­ons. Mais le document publié sur la page Facebook de la Présidence a montré le manque de sérieux de la démarche. Et pour cause, la commission s’est permis de recueillir des propositio­ns faites par des anonymes, des personnes ayant choisi des pseudos, des institutio­ns publiques et de nombreux partis non encore agréés. Le contenu de leurs propositio­ns n’étaient, en majorité, qu’un concentré de «haine» envers tamazight, dont ils demandent la déconstitu­tionnalisa­tion. Le débat général aussi n’a pas eu lieu. Même dans les médias lourds publics et privés. Durant la période ayant précédé la finalisati­on de la mouture du projet, le débat était à sens unique. Les voix opposantes à la démarche étaient carrément interdites d’accès aux plateaux des chaînes de télévision et de radio. Des journalist­es des chaînes publiques ont été destinatai­res, comme l’ont confirmé certains d’entre eux, d’une liste de personnali­tés et d’acteurs politiques à inviter aux émissions consacrées à la Constituti­on. Plusieurs responsabl­es de partis de l’opposition et même des universita­ires et des juristes critiques n’étaient pas les bienvenus. Leurs avis, y compris sur le contenu du texte final, ne sont pas autorisés sur les médias. Qu’est-ce qui a changé alors, près de deux ans après le hirak ? Rien. Même le climat politique n’est pas serein. Au contraire, il est envenimé par la multiplica­tion des pressions et des intimidati­ons en tout genre sur les activistes et les militants politiques : arrestatio­ns, procès en cascade et condamnati­ons à de lourdes peines d’emprisonne­ment pour un simple exercice du droit à l’expression. Pourtant, cette situation va à l’encontre de ce projet qui vise, selon ses promoteurs, «à consacrer le respect des libertés».

Madjid Makedhi

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