L’INDUSTRIE PUBLIQUE EN DIFFICULTÉ
L’Etat va-t-il consentir encore une fois à «mettre la main à la poche» ou sera-t-il incité à envisager l’option des privatisations à tout-va au vu des faibles résultats enregistrés et de ses moyens financiers amoindris ?
● Outre le secteur des hydrocarbures qui a montré des résultats négatifs durant les six premiers mois de l’année (-8,5%), le tableau de bord des autres activités a viré au rouge, notamment les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques, électriques et électroniques qui ont enregistré des pertes importantes.
Le secteur industriel public est à genoux. Des contre-performances sont enregistrées dans presque toutes les branches d’activité.
Durant le premier semestre 2020, la production industrielle de ce secteur a été de -10% par rapport à la même période de 2019. Durant le deuxième trimestre de l’année en cours, elle a reculé de 14,1%. Pratiquement toutes les activités ont enregistré des baisses de niveau de production, avec des chutes importantes pour certaines, durant avril-juin, marquée par la pandémie de Covid-19. C’est le cas notamment du secteur de l’énergie (-6,8%) et plus particulièrement celui des hydrocarbures, qui a reculé de 8,5% durant ce deuxième trimestre. Selon l’APS qui cite l’Office national des statistiques (ONS), ces mauvais résultats s’expliquent «essentiellement» par une chute de 10% de la production dans la branche «pétrole brut et gaz naturel», une baisse de 6,4% dans celle de «liquéfaction du gaz naturel» et de 4,3% dans le «raffinage de pétrole». Ainsi, les faibles performances de ce secteur névralgique du pays auront une incidence certaine sur ses revenus, étant donné qu’il reste quasiment le seul pourvoyeur de devises pour la nation. La question mérite vraiment d’être élucidée. Tant il est vrai que la crise sanitaire ne peut à elle seule tout expliquer. La production industrielle du secteur public a reculé de 14,1% durant le deuxième trimestre 2020, par rapport à la même période de 2019, a appris hier l’APS auprès de l’ONS. Durant le 1er semestre de l’année en cours et par rapport à la même période de 2019, la variation moyenne de la production industrielle du secteur public s’est située à -10,4%, précise la même source. Le secteur de l’énergie a observé une baisse de 6,8% au 2e trimestre de l’année en cours, par rapport à la même période de l’année dernière, a indiqué l’ONS. Les mines et carrières ont affiché, quant à elles, une baisse de production de 3,6%. Les baisses constatées au niveau de l’extraction de la pierre argile et sable et celle du minerai de fer ont largement influé, selon la même source, sur la tendance globale. En revanche, l’extraction du minerai et matières minérales a enregistré une hausse appréciable avec +10,2%. Mais les pertes les plus importantes se situent dans les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques, électriques et électroniques (ISMMEE). Celles-ci ont baissé de 54,9%. Ces énormes contreperformances concernent plusieurs activités, qui ont accusé des chutes notables de leur niveau de production. On recense la fabrication des biens intermédiaires métalliques, mécaniques et électriques, celle des biens d’équipement mécanique ainsi que la sidérurgie et transformation de la fonte et acier. Les matériaux de construction, pour leur part, ont enregistré une variation de -24,7%. Toutes les activités relevant de ce secteur ont affiché des baisses, notamment les liants hydrauliques et la fabrication des matériaux de construction et produits rouges. Les industries chimiques ont enregistré également une baisse de 14,3%, confirmant leur tendance baissière observée depuis le 3e trimestre 2019, selon l’ONS. La plupart des activités relevant du secteur ont été touchées par cette baisse, notamment la fabrication des autres produits chimiques et celle des autres biens intermédiaires en plastique. En revanche, la fabrication de la résine synthétique et matière plastique a marqué une hausse. Concernant les industries agroalimentaires, elles ont assisté à une relative stagnation de leur production durant le 2e trimestre, en affichant une variation de -0,3%. Le travail de grains continue de réaliser des performances en inscrivant une augmentation de 5,6%, selon les données de l’ONS. La production industrielle des textiles n’est pas épargnée. Elle affiche une variation négative, avec -26,6%, alors que les industries des bois et papier ont reculé de 37%, en raison de la baisse constatée dans des activités relevant du secteur, notamment l’industrie de l’ameublement et la menuiserie générale. Quant à la production des industries des cuirs et chaussures, elle a chuté de 54,7%, enregistrant une baisse pour le 2e trimestre successif. Cette tendance est perceptible tant au niveau des biens intermédiaires (-60,6%) que des biens de consommation (-42,4%). En 2019, la production industrielle du secteur public a connu une hausse de 2,7%. Ainsi, le tableau de bord de ce secteur public affiche nettement grise mine. Le Trésor public va-t-il encore une fois lui venir à la rescousse. La question reste posée aujourd’hui alors que le pays dispose de peu de moyens financiers, et le gouvernement actuel, semble-t-il, peu enclin de par sa vocation à mettre de l’argent frais dans un secteur aussi brinquebalant. Ou va-t-il plutôt se dépêcher de les céder au privé. Wait and see.