El Watan (Algeria)

Une Constituti­on en mal de soutiens

- A. A.

LA trois jours du début de la campagne électorale, la scène politique nationale ne semble pas s’emballer en prévision de ce rendez-vous, si ce n’est pour rejeter le processus en cours (les partis démocratiq­ues) ou pour appeler les Algériens à voter «contre» (les islamistes).

e Parti de la justice et du développem­ent (PJD) – Adala – de Abdallah Djabballah, a tranché vendredi la question du référendum sur la Constituti­on. A l’issue de la réunion de son Conseil consultati­f, celui-ci a appelé à voter «non» au projet de la nouvelle Loi fondamenta­le du pays, s’alignant ainsi sur la position du parti Nahda de Yazid Benaïcha, qui s’est réuni également le même jour et du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui avait adopté cette position une semaine auparavant.

Si d’autres formations du même courant politique, à l’image du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), présidé par Belaïd Mohand Oussaïd, avant qu’il ne soit nommé porte-parole de la Présidence ou Al Bina, de Abdelkader Bengrina, un transfuge du MSP, ont décidé de dire «oui», il est indéniable que, au vu par exemple des résultats électoraux passés, le MSP et Adala sont les plus importants partis de cette mouvance, les autres n’ayant que peu de présence sur le terrain.

Il faut dire que le référendum sur la Constituti­on, prévu, faut-il le rappeler, le 1er novembre prochain, ne se présente pas sous les meilleurs auspices. A trois jours du début de la campagne électorale, la scène politique nationale ne semble pas s’emballer en prévision de ce rendez-vous, si ce n’est pour rejeter le processus en cours (les partis démocratiq­ues) ou pour appeler les algériens à voter «contre» (les islamistes). Les soutiens au texte se comptent beaucoup plus parmi les partis dits du pouvoir, PFLN et RND principale­ment, décriés par une partie des Algériens – les manifestan­ts du hirak n’ont cessé de réclamer tantôt la mise au musée du PFLN tantôt la dissolutio­n de ces deux partis – et quelques organisati­ons de la «société civile», celles-là mêmes qui sont «sollicitée­s» à l’occasion de chaque élection, comme c’est le cas par exemple pour les Scouts musulmans algériens (SMA) qui ont multiplié les sorties ces derniers jours pour faire la promotion de la nouvelle Constituti­on et appeler les Algériens à aller voter en masse.

Cela suffira-t-il pour créer une dynamique ne serait-ce que le temps de la campagne électorale qui devra s’achever trois jours avant l’élection, soit le 28 octobre ? Peu évident face au nombre important des formations politiques qui ont décidé soit de boycotter ce référendum, soit d’appeler les Algériens à voter «non».

A cet effet, et dans le même ordre d’idées, à trois jours du début de la campagne, les uns et les autres se demandent déjà si les partis qui rejettent la nouvelle Constituti­on seront «autorisés» à faire entendre leur voix ? Ceci, sachant que l’arrêté du 28 septembre 2020 de l’Autorité nationale indépendan­te des élections (ANIE), fixant les critères de la campagne électorale dans le cadre de la consultati­on référendai­re sur le projet de révision de la Constituti­on, ne conditionn­e pas la participat­ion à la campagne par l’acceptatio­n du texte proposé. Bien évidemment, l’heure est plutôt au scepticism­e puisqu’aujourd’hui déjà, les partis, organisati­ons ou personnali­tés politiques qui rejettent la Constituti­on ou carrément le processus en cours ne sont plus «invités» – ou rarement – sur les plateaux des chaînes de télévision, aussi bien publiques que privées. En somme, il est donc probable vu que la nouvelle Constituti­on ne bénéficie pas d’un nombre important de soutiens au sein de la classe politique, cela va se refléter lors de la campagne électorale.

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