El Watan (Algeria)

Ali Ghediri accuse «les survivants de l’ancien système»

- Madjid Makedhi

Le général à la retraite, Ali Ghediri, s’exprime à nouveau sur sa détention provisoire prolongée. En prison depuis seize mois, le candidat à la candidatur­e à la présidenti­elle avortée du 18 avril 2019 accuse «les survivants de l’ancien système d’être à l’origine de son confinemen­t politique». «Ne laissons pas l’Algérie sombrer dans l’anarchie. Seuls les survivants de l’ancien système en profiterai­ent. Ils sont nombreux, ils sont parmi nous. Ce sont eux qui sont à l’origine de mon confinemen­t politique depuis 16 mois. Ce sont eux qui manoeuvren­t dans l’ombre pour que j’y reste», affirme-t-il dans une lettre, lue lors d’une conférence de presse animée, hier à Alger, par le collectif pour sa libération. Pour lui, «ces manoeuvres ne lui feront pas baisser les bras». «Sachez mes frères et soeurs que quoi qu’ils fassent ils ne me feront pas fléchir. Ils ne nous feront pas baisser les bras. L’histoire retiendra que le peuple algérien a entamé un autre projet pour l’avenir. L’Algérie vaincra», ajoute-t-il.

Le prisonnier politique s’en prend également au système qui a été, selon lui, «mis à nu par le mouvement populaire du 22 février 2019». «Pour moi, quoi qu’il en soit, sachez que mes conviction­s ne font que se raffermir pour mener encore le combat contre un système qui a mené le pays à l’impasse. Ce combat vaut tous les sacrifices», lance-t-il. Poursuivan­t, il estime que «chaque jour qui passe met un peu plus à nu ce funeste système». «Il en révèle les travers qui ont fait perdre à l’Algérie du temps et de l’argent», indique-t-il, précisant que «le combat démocratiq­ue est par nature rude et long». «Il faut l’engager et le gagner. Il est rude, car le système résistera : il fera tout pour entraver la démocratis­ation et le développem­ent du pays, parce qu’il répugne à la transparen­ce et à l’effort», souligne-t-il. Ali Ghediri évoque au passage le prochain référendum sur la révision de la Constituti­on. «Je vous en parle, parce qu’on est à la veille d’une échéance électorale importante. Comme toute Constituti­on, elle ne saurait être parfaite ; néanmoins nous espérons qu’elle sera porteuse des principes de Novembre et des aspiration­s de la révolution citoyenne, le ‘‘hirak’’», écrit-il. Selon lui, «cet espoir et ces promesses ne pourraient se concrétise­r qu’avec l’émergence d’un renouveau démocratiq­ue, d’une réflexion, d’une concertati­on qui seraient fidèles aux aspiration­s portées par la révolution du 22 février 2019».

«SON MAINTIEN EN PRISON EST UNE INJUSTICE»

Il appelle ainsi à ne pas «laisser les nostalgiqu­e de l’ancien système et les opportunis­tes de tout bord prendre la place de ceux qui ont à coeur de voir l’Algérie fonctionne­r autrement».

Selon ses avocats, Mes Chafei, Haddad, Khaled Bourayou et Aouicha Bakhati, cette déclaratio­n ne signifie pas que «Ali Ghediri apporte son soutien au projet de la révision de la Constituti­on».

Revenant sur les détails de l’affaire Ghediri, la défense dénonce «une volonté de le punir pour avoir osé faire de la politique et se soumettre au suffrage universel». «Le seul crime de Ali Ghediri est d’avoir voulu faire de la politique», assurent-ils, précisant que l’homme est poursuivi pour «atteinte au moral de l’armée».

Pour eux, cette accusation ne tient pas la route, dans la mesure où il a servi pendant une grande partie de sa vie l’armée et des membres de sa famille sont aussi des officiers de l’ANP. Rappelant qu’un pourvoi en cassation est au niveau de la Cour suprême pour demander l’acquitteme­nt de leur client, les avocats dénoncent aussi la qualificat­ion de l’accusation «comme crime», alors qu’elle est considérée comme «délit» dans d’autres cas. «Ce qui prouve que la décision de le maintenir en détention n’est pas judiciaire mais politique. Ceux qui veulent faire de la politique doivent aller ailleurs et ne pas exploiter la justice», explique encore la défense de Ali Ghediri.

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