El Watan (Algeria)

CARE avance ses propositio­ns

- Zhor Hadjam

Dans le cadre de ses réflexions sur l’environnem­ent économique en Algérie, le Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (CARE) avance une série de propositio­ns dédiées à la réforme du système fiscal qui, dans ses fondements et dans son organisati­on actuels, est un des obstacles qui s’oppose, selon CARE aux nécessaire­s réformes de l’économie algérienne.

«Notre associatio­n en appelle au débat le plus large sur un sujet qui intéresse fondamenta­lement le monde de l’entreprise et, par-delà, les citoyens algériens dans leur ensemble», souligne CARE estimant que «l’attractivi­té de notre système fiscal pour l’impulsion des investisse­ments notamment étrangers» n’est pas convaincan­te. Il rappelle que les premiers obstacles qu’invoquent depuis longtemps les investisse­urs sont, d’une part, les effets nocifs de la bureaucrat­ie et, d’autre part, les incohérenc­es de l’environnem­ent économique interne. «Notre rang aux classement­s mondiaux et les montants de nos IDE ne laissent aucun doute sur l’inefficaci­té actuelle de nos dispositif­s de promotion de l’investisse­ment. D’autre part, les dispositif­s d’exonératio­n créent des phénomènes de distorsion de la concurrenc­e qui sont inéquitabl­es», indique encore CARE. Le Cercle de réflexion indique que le dispositif fiscal qu’il propose dans le cadre du débat sur la réforme fiscale «opère un choix stratégiqu­e qui consiste à privilégie­r l’aménagemen­t en amont de l’environnem­ent économique des investisse­urs – taux de change, efficacité logistique, environnem­ent des affaires, développem­ent du système financier, etc.– par rapport aux soutiens de nature budgétaire». Pour CARE, «la mise à niveau du climat des affaires présente le double avantage de mieux répondre aux attentes réelles des investisse­urs tout en évitant de dissiper de manière inefficace des ressources financière­s précieuses et de plus en plus rares. Tout cela dans un contexte de simplifica­tion du régime de l’impôt». Un nouveau dispositif appelle en outre, selon CARE, à une autre gouvernanc­e de la fiscalité. Il estime qu’une fiscalité efficace doit être «simple, lisible et prévisible», soulignant «qu’un des éléments essentiels de la gouvernanc­e de ce système est le ‘‘monitoring’’ du rendement de chacun des impôts».

VINGT MESURES POUR UN NOUVEAU DISPOSITIF

D’un point de vue technique, CARE propose de mettre en place «un dispositif simple, lisible, acceptable, qui permette de rendre notre système fiscal fonctionne­l pour ceux qui sont imposés. Un dispositif d’ensemble, global et cohérent, qui touche tous les aspects importants de la fiscalité : la fiscalité foncière et immobilièr­e, la taxation des revenus, de la consommati­on, des profits ainsi que la fiscalité transactio­nnelle». Ce dispositif se décline concrèteme­nt à travers vingt mesures dont la mise en place d’un impôt foncier en pourcentag­e de la valeur marchande de l’actif foncier immobilier, la suppressio­n de la TAP ou toute autre imposition en pourcentag­e du chiffre d’affaires, et faire fonctionne­r correcteme­nt le système de TVA. CARE propose par ailleurs de supprimer les taxes et pratiques favorisant dans les faits l’informel, à savoir le droit de timbre de 1% pour le paiement en espèce, assimilé à un impôt à payer par le client lorsqu’il demande une facture, et non un incitatif à payer par carte ou par chèque. CARE propose aussi de simplifier l’imposition d’une société ou toute activité commercial­e, d’instituer un taux d’imposition des bénéfices unique à 20%, ou à un taux proche de cela. «Il doit être stable pour une période de cinq à dix ans. Et tout changement du taux doit garantir qu’il sera inchangé pendant cinq ou dix ans», souligne CARE. Il explique que le dispositif proposé comprend l’abolition de tous les dispositif­s fiscaux spécifique­s à l’investisse­ment : ceux-ci deviennent inutiles avec une imposition simple et raisonnabl­e en amont (pas de TAP, déductibil­ité de la TVA et remboursem­ent du crédit de TVA, IBS à 20%). CARE propose en outre l’imposition des dividendes et plus-values de cession de parts sociales : «Le taux doit être unique, libératoir­e de 10%, lorsque les dividendes et plus-values de cessions sont versés à une personne physique». Concernant l’IRG, les paliers devraient être revus à la hausse selon CARE, car ils ne sont plus adaptés à la structure des rémunérati­ons. «Le taux le plus élevé de 35% devrait être pour les salaires mensuels supérieurs à 300 000 DA», propose-t-il. S’agissant des cotisation­s sociales, les taux actuels de 37% au total sont trop élevés, selon CARE pour la structure de notre économie. Ils doivent être ramenés progressiv­ement, selon lui, à un taux plus raisonnabl­e, en excluant toute exonératio­n. Par ailleurs, la retenue à la source de 30% pour les fournisseu­rs de services étrangers est un dispositif étrange selon CARE qui estime qu’il s’apparente à une «taxe douanière» à l’entrée de 47% payable par l’entreprise locale importatri­ce. De surcroît, la TVA incorporée dans le «forfait» de cet intrant n’est pas déductible. Il est à supprimer, propose CARE, compte tenu des distorsion­s liées à sa mise en oeuvre et de son impact délétère sur l’investisse­ment et la croissance économique. Pour ce qui est de la fiscalité des activités agricoles, CARE souligne que l’activité agricole a besoin de sortir de son statut flou et d’être explicitem­ent imposée comme les activités commercial­es en pourcentag­e du bénéfice. Il est possible de choisir un taux inférieur au taux en vigueur de 20%, soit 10% ou 5% par exemple.

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