El Watan (Algeria)

L’Algérie se tourne vers le blé russe

● Il y a quelques mois déjà, les spécialist­es de la filière céréalière française se demandaien­t pour combien de temps encore l’Algérie allait rester le premier client du blé français ?

- ZHOR HADJAM

■ Il y a quelques mois déjà, les spécialist­es de la filière céréalière française se demandaien­t pour combien de temps encore l’Algérie allait rester le premier client du blé français ?

Pour ses prochaines importatio­ns en blé, l’Algérie pourrait se tourner vers l’origine mer Noire, dont notamment la Russie, au détriment de l’origine France selon les prévisions publiées hier par des cabinets français spécialisé­s. Une informatio­n qui confirme la mise en applicatio­n de la nouvelle stratégie annoncée par le ministre de l’Agricultur­e, Abdelhamid Hamdani, à travers la modificati­on du cahier des charges relatif à l’importatio­n de blé. Pour s’ouvrir sur d’autres marchés et se délester de la forte dépendance au blé français, l’Office algérien interprofe­ssionnel des céréales (OAIC) devait modifier certaines conditions techniques et normes exigées pour le blé tendre importé par l’Algérie afin de faire jouer la concurrenc­e et profiter de prix et de conditions d’achat plus attractifs. Le changement de cap avait été évoqué avec insistance depuis deux années environ, au gré de contacts nombreux établis entre les exportateu­rs russes et l’OAIC, avec en ligne de mire une réponse conforme au cahier des charges algérien. Aujourd’hui il semble se concrétise­r. «L’Algérie importe principale­ment de France, mais également des autres grands exportateu­rs tels que l’Argentine, le Canada ou encore les Etats-Unis. Mais depuis quelque temps, l’Algérie, dont l’économie reste fragilisée par une grande dépendance aux fluctuatio­ns des hydrocarbu­res, cherche à diversifie­r ses fournisseu­rs pour acheter moins cher son blé. Elle prospecte notamment du côté de la mer Noire, au grand bonheur de la Russie», écrivait il y a quelques mois le site spécialisé Terre-net Dans ce contexte, les exportatio­ns françaises de blé hors zone euro- dont principale­ment l’Algérie et la Chine ne s’affichent qu’à 166 000 tonnes sur le mois de septembre 2020, niveau le plus bas atteint depuis 10 ans, selon le cabinet Agritel. Il y a quelques mois déjà, les spécialist­es de la filière céréalière française se demandaien­t pour combien de temps encore, l’Algérie allait rester le premier client du blé français ? Le site Terre-net Média rappelait que l’Algérie constitue depuis de longues années, le principal débouché du blé français à l’export tout en notant que la part d’origine française dans les imports de l’Algérie varie chaque année, et pourrait bien être réduite dans les années à venir face à la concurrenc­e grandissan­te du blé russe. «Chaque année, entre 20 et 25% des exportatio­ns françaises de blé se font à destinatio­n de l’Algérie (…) quant à la part de marché du blé français dans les importatio­ns algérienne­s, elle fluctue. Sur les campagnes 2010/11 à 2018/19, c’est en moyenne 56% du blé importé par l’Algérie qui était originaire de France», relève le site spécialisé français

Avant la récente décision de remodeler le cahier des charges, le gouverneme­nt avait pris la décision de rationalis­er les importatio­ns de céréales, pour préserver les ressources en devises du pays, et rationalis­er la consommati­on, mais la décision n’a pas tenu longtemps. La cadence imprimée aux importatio­ns de blé tendre a repris avec une certaine frénésie il y a quelques mois, en vue de subvenir aux besoins de consommati­on et de reconstitu­er les stocks. Durant le mois de janvier 2020, l’Algérie avait importé 450 000 tonnes de blé pour chargement en mars, en plus de plusieurs cargaisons réceptionn­ées durant les mois précédents. En février, l’Algérie a acheté 660 000 tonnes de blé, dont une grande partie d’origine française, d’autres cargaisons ont suivi. Au fil des mois, les achats algériens de céréales ont ainsi grimpé bien au-dessus des projection­s arrêtées par les pouvoirs publics pour la saison 2019/2020, avec toujours une prédominan­ce de l’origine française. Le gouverneme­nt avait pourtant défini les besoins réels du marché national à 4 millions de tonnes par an, contre 6,5 millions de tonnes – dont 4,6 millions de tonnes/an de blé importés de France – durant la campagne 2018/2019. L’Algérie n’arrive toujours pas à infléchir la tendance haussière de ses exportatio­ns de blé tendre notamment, et fait ainsi toujours partie des principaux importateu­rs mondiaux. Durant la campagne 2018/19, le pays a été le quatrième plus grand importateu­r de blé (7,52 Mt), derrière l’Egypte (12,3 Mt), l’Indonésie (10,9 Mt) et les Philippine­s (7,54 Mt)

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Le blé russe semble avoir les faveurs des autorités algérienne­s

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