Premier enjeu politique majeur pour Abdelmadjid Tebboune
La campagne électorale pour le référendum sur la révision constitutionnelle du 1er novembre prochain débutera aujourd’hui. Elle durera vingt jours. Les promoteurs du projet et les partisans de cette démarche auront jusqu’au 27 octobre pour tenter de convaincre les électeurs d’aller voter et surtout de donner le quitus à la mise en oeuvre de ce projet, déjà adopté par le Parlement. Un premier enjeu politique majeur pour le pouvoir du président, Abdelmadjid Tebboune. Gardant toujours à l’esprit le taux, historiquement faible, de la participation à la présidentielle du 12 décembre 2019, les tenants du pouvoir tablent, plus particulièrement, sur l’engouement aux urnes pour effacer ce déficit de légitimité. C’est ce que pensent d’ailleurs l’ensemble des observateurs de la scène nationale. Un véritable test. Mais pas seulement. Les promoteurs du projet veulent aussi la victoire du «oui» qui renforcera encore davantage cette légitimité tronquée jusque-là. Mais pour cela, la tâche ne sera pas aisée. Et pour cause, de nombreux soutiens de cette démarche, déçus par le contenu du document, appellent à voter contre le projet. Des partis islamistes et des organisations de la même obédience expriment leur rejet, plus particulièrement, du statut de la langue amazighe. En effet, l’argumentaire du FJD de Abdallah Djaballah, d’Ennahda, du MSP et même de l’Association des oulémas est basé sur le rejet du maintien du caractère national et officiel de cette langue. Après avoir tenté de changer la donne à travers des amendements, ces organisations tentent de le faire par le vote populaire. En dehors du courant islamiste, peu de partis ont exprimé leur volonté de dire «oui» à ce texte. Même Jil Jadid, dont le président Sofiane Djilali avait estimé que «ce projet est nettement meilleur que celui de 2016», ne donne pas des consignes de vote à ses militants.
TEBBOUNE S’IMPLIQUERA-T-IL ?
Ainsi, le pouvoir sera, à nouveau, contraint de compter sur les partis et les associations maison pour faire passer ce texte. Outre ce qui est appelé «la société civile» qui a été mobilisée, ces dernières semaines, les partis de la fameuse alliance présidentielle, en l’occurrence le RND, le FLN et TAJ, se montrent déjà prêts au service. Mais, ils sont contrariés par les règles fixées par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Dans une récente ordonnance, l’ANIE oblige les partis politiques, associations et personnalités désireuses de s’impliquer dans la campagne, de remettre aux représentants de cette instance leur programme (format du meeting, identité des intervenants, contenu des interventions). La mesure dérange les états-majors du FLN et du RND qui considèrent déjà ces balises de l’ANIE comme un signe de défiance à leur égard. Pourtant les responsables de ces partis affichent leur disponibilité à offrir leurs structures nationales et locales et leur logistique au service du projet de révision de la Constitution. Quels sont donc les acteurs qui mèneront campagne pour le projet ? Le président Tebboune s’impliquera-t-il pour défendre son projet ? Jusqu’à présent, la Présidence n’a communiqué aucun programme de meetings de chef de l’Etat. De même pour le Premier ministère !