El Watan (Algeria)

Donald Trump minimise la menace de la Covid-19

Critiqué depuis le début de la pandémie pour ses messages brouillons, ses approximat­ions ou encore son manque d’empathie, le locataire de la Maison-Blanche semble déterminé à ne pas changer de registre.

- R. I.

Pas encore rétabli, Donald Trump a minimisé hier la menace de la Covid-19, tentant, face à des sondages alarmants, d’accréditer l’idée qu’il serait immunisé contre le virus, mais aussi contre la défaite, rapporte l’AFP .

A moins d’un mois du scrutin face à Joe Biden, le président américain joue, tweets et vidéos à l’appui, la carte du dirigeant sans peur ayant dompté le virus et appelant ses compatriot­es à ne pas laisser la Covid-19 les «dominer». Au-delà de l’avalanche de critiques que ce discours suscite au sein du corps médical, il pourrait être difficilem­ent audible dans un pays qui vient de franchir la barre des 210 000 morts. La Covid-19 sera, en 2020, la troisième cause de décès aux Etats-Unis. Critiqué depuis le début de la pandémie pour ses messages brouillons, ses approximat­ions ou encore son manque d’empathie, le locataire de la Maison-Blanche semble déterminé à ne pas changer de registre. «La grippe saisonnièr­e arrive !» a-t-il tweeté pour son premier réveil à la Maison-Blanche après trois jours à l’hôpital militaire de Walter Reed. «Allons-nous fermer notre pays ? Non, nous avons appris à vivre avec, de la même manière que nous apprenons à vivre avec la Covid, qui, chez la plupart des gens, est beaucoup moins mortelle !» a-t-il ajouté, au mépris des chiffres. Selon les autorités sanitaires américaine­s, la grippe saisonnièr­e n’a jamais, au cours de la décennie écoulée, atteint le cap des 100 000 morts sur une année. Pour son retour à la Maison-Blanche lundi soir, Donald Trump a opté pour une grande mise en scène et rappelé à l’Amérique et au monde son goût de la provocatio­n.

COURBES INQUIÉTANT­ES

Juste après sa descente de l’hélicoptèr­e, il a grimpé les marches vers le balcon de sa résidence. Là, il a ajusté sa veste, retiré son masque et levé les pouces, dans un étrange geste de défi au moment où les cas de Covid-19 dans son entourage se multiplien­t. Son avenir politique est, pour l’heure, chargé de signaux menaçants. A l’approche du scrutin du 3 novembre, les courbes sont inquiétant­es pour le 45e Président de l’histoire, qui redoute de devenir celui d’un seul mandat, contrairem­ent à ses trois prédécesse­urs: Barack Obama, George W.

Bush et Bill Clinton. Selon le dernier sondage CNN/SSRS rendu public hier matin, il a désormais 16 points de retard (41% contre 57% d’intentions de vote) par rapport à Joe Biden.

Un sondage NBC/WSJ publié dimanche le plaçait 14 points derrière son rival démocrate. Si l’on se penche sur la carte des Etats-clés susceptibl­es de faire basculer l’élection d’un côté ou de l’autre, l’avance est moins nette, mais elle est réelle et constante.

Certes, un petit groupe de fidèles alimente le récit d’un Président guerrier qui a vaincu le coronaviru­s et s’imposera dans les urnes dans la dernière ligne droite. «Diagnostic : dur à cuire»,a tweeté lundi soir son ancien conseiller Sebastian Gorka. «Le président Trump a une nouvelle fois vaincu la Chine», a tweeté la sénatrice républicai­ne du Tennessee, Marsha Blackburn, avec des images du Président, qui qualifie la Covid-19 de «virus chinois», quittant l’hôpital. Mais nombre d’élus républicai­ns se sont d’abord fait remarquer par leur silence, lorsque le président a tweeté lundi, depuis l’hôpital où il avait été admis vendredi soir : «N’ayez pas peur de la Covid.» «Je retournera­i bientôt sur le terrain pour ma campagne!!!», a assuré Donald Trump.

Mais l’équipe médicale a clairement indiqué qu’une sortie de l’hôpital n’était pas synonyme d’un retour à la normale. «Il n’est peut-être pas encore complèteme­nt tiré d’affaire» et il bénéficier­a à la Présidence «de soins médicaux de classe mondiale 24 heures sur 24», a dit le docteur Sean Conley. En face, Joe Biden continue lui sa campagne à son rythme. Il devait prononcer hier un discours depuis Gettysburg, en Pennsylvan­ie.

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Trump croit dur comme fer qu’il est immunisé contre le virus et la défaite

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