El Watan (Algeria)

MOBILISATI­ON CONTRE UN PROJET DE LOI «PROTÉGEANT» LES FORCES ARMÉES

- AFP

Des ONG tunisienne­s et internatio­nales se sont mobilisées hier contre un projet de loi controvers­é visant à «protéger» les forces de sécurité en Tunisie, le texte menaçant, selon ces organisati­ons, les libertés et «se vengeant» de la révolution de 2011. Composé de 15 articles, le projet de loi entend garantir «la protection des agents des forces armées» — policiers, militaires et douaniers — contre «les agressions menaçant leur sécurité et leur vie, afin de garantir la stabilité de la société tout entière». Des dizaines de représenta­nts de la société civile se sont rassemblés devant le Parlement pour exprimer leur opposition au texte qui devait être débattu hier au Parlement et qui accorde l’immunité aux forces sécuritair­es, ont constaté des journalist­es de l’AFP. «Nous sommes contre cette loi abusive», a expliqué, à l’AFP, Asrar Ben Jouira, membre de la campagne «Hasebhom» («Poursuivez-les» en arabe) lancée sur les réseaux sociaux pour contrer l’adoption de ce texte. «Nous sommes contre un Etat policier et pour un Etat démocratiq­ue qui garantit les libertés et les droits», a ajouté la jeune femme. Proposé en 2015 et transmis au Parlement peu après l’attaque djihadiste contre le musée du Bardo à Tunis (22 morts, dont un policier tunisien), le projet prévoit des sanctions contre les agressions à l’encontre des agents des forces armées et retire toute responsabi­lité à un agent dans l’exercice de ses fonctions, surtout quand «il se trouve en situation de danger». Dans un communiqué commun, 23 ONG tunisienne­s et internatio­nales, comme la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Avocats sans frontières et l’Organisati­on mondiale contre la torture, ont condamné «la tentative d’adopter ce projet de loi quelques mois avant le dixième anniversai­re de la révolution». «Elles considèren­t que ledit projet représente une grave menace pour la paix sociale et l’équilibre du système juridique», poursuit le texte. Lundi, Amnesty Internatio­nal a appelé les parlementa­ires tunisiens à rejeter un projet de loi qui «renforcera­it l’impunité des forces de sécurité et les protégerai­t de toute responsabi­lité pénale pour l’utilisatio­n de la force meurtrière». Pour la Commission internatio­nale des juristes (CIJ) basée à Genève, «près de dix ans après le soulèvemen­t (ayant écarté du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali, ndlr), les forces de sécurité tunisienne­s continuent de bénéficier de l’impunité pendant des décennies de graves violations des droits de l’homme». Les députés tunisiens «devraient envoyer un message clair et sans équivoque que l’impunité des forces de sécurité ne peut plus être tolérée», poursuit la CIJ dans un communiqué hier. «Ce projet de loi vise à se venger des Tunisiens et des Tunisienne­s et de leur révolution», a déploré lors d’une vidéoconfé­rence Yosra Frawes, présidente de l’Associatio­n des femmes démocrates.

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