Vers une réorganisation globale
Le gouvernement compte revoir le système des transports dans sa globalité. En effet, après les récentes annonces faites par le président Tebboune en Conseil des ministres, Lazhar Hani, ministre des Transports, ne fait pas dans la nuance lors de sa dernière sortie médiatique. Pourquoi ce secteur subit tant de retard et de dysfonctionnements ? «En toute sincérité, c’est un problème organisationnel, les entreprises publiques en général manquent de professionnalisme, il y a de la nonchalance, voire de la négligence, il est temps de revoir cette situation, la gestion doit être rationnelle et efficace selon des standards internationaux pour accéder aux marchés extérieurs (exportation) et suivre le rythme de la concurrence», dit-il en substance. Pour lui, les aéroports par exemple sont «des entreprises économiques à la base qui doivent générer des profits. Chez nous, on a créé d’autres concepts. Pour faire du profit, il faut une organisation et une ressource humaine formée. Il faut sortir de la mentalité qui consiste à croire que s’il n’y a pas d’argent, on se dirige vers la banque. Maintenant, il faut se dire s'il n’y a pas d’argent, il faut aller le chercher.»
Le message est à peine voilé : dans cette nouvelle conjoncture économique très délicate marquée par la chute des recettes des hydrocarbures, il faut compter de moins en moins sur l’Etat et ses subventions. Il faut se remettre au travail et en finir avec «les revenus de la rente et les comportements rentiers». D’autre part, la perception vis-àvis de l’investissement privé a, semble-il, radicalement changé, c’est même assimilé à «une décision politique dictée par les mutations économiques en cours». Le secteur des transports a besoin d’une planification stratégique car il contribue non seulement à une meilleure mobilité des citoyens et désenclave des régions (Hauts-Plateaux, Sud algérien) mais aussi il est parmi les acteurs importants qui contribuent au décollage économique de l’Algérie. Dans ce cadre, il faut signaler que le transport maritime des voyageurs et surtout des marchandises «accuse un retard». Selon le ministère des Transports, plus de 97% des marchandises destinées à l’Algérie passent par les compagnies de transport étrangères. Les surcoûts logistiques imposés pénalisent lourdement l’économie nationale (la saignée des devises), alors que le cadre juridique en vigueur n’encourage nullement le privé national à se lancer dans ce créneau. Le coût élevé du transport alourdit la facture des entreprises et, par conséquent, celle des consommateurs. D’où la nécessité de repenser de fond en comble cette activité, aujourd’hui sous monopole étranger, ne devant pas être contre mais tisser des partenariats gagnant/gagnant. Le hub régional et complémentaire de l’aéroport de Tamanrasset ouvert sur quelque 20 pays africains (N’Djamena, Nairobi, Johannesburg, Addis-Abeba) est programmé dans la même optique : faciliter le transit des voyageurs et renforcer les échanges commerciaux avec les pays du continent.
Quant au transport aérien, il fera l’objet d’un programme spécial avec la création d’une compagnie aérienne publique dédiée au réseau domestique et Air Algérie se consacrera au réseau international avec une concurrence féroce et massive (27 concurrents étrangers, y compris des low-cost), sur le marché France, il y a 7 concurrents. En fait, la viabilité d’Air Algérie dépend du changement de son modèle économique, c’est-à-dire de passer du trafic d’un pays à un autre à ce qu’on appelle le trafic de transit ou la sixième liberté. C’est ce modèle qui est pratiqué par les compagnies aériennes étrangères qui desservent le pays que ce soit des compagnies européennes ou celles du Golfe. Elles ont inéluctablement pris une part du marché à la compagnie nationale.