El Watan (Algeria)

LIRE L’ARTICLE DE Acharnemen­t islamiste contre Tamazight

L’ASSOCIATIO­N DES OULÉMAS ALGÉRIENS CONTESTE LA PLACE ACCORDÉE À L’IDENTITÉ DANS LA NOUVELLE CONSTITUTI­ON

- ABDELGHANI AICHOUN

■ L’Associatio­n des oulémas algériens s’est joint aux partis islamistes qui ont exprimé le rejet du projet de Constituti­on qui sera soumis à un référendum populaire le 1er novembre prochain.

■ Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abderrazak Makri, qui appelle à voter «non» contre le projet, considère que le texte a pris en charge les revendicat­ions du courant «laïque». De leur côté, le Parti de la justice et du développem­ent (PJD) – Adala – de Abdallah Djaballah et Ennahda, de Yazid Benaïcha, ont exprimé des réserves par rapport aux articles traitant de Tamazight.

L’Associatio­n des oulémas algériens s’est joint aux partis politiques, islamistes surtout, qui ont exprimé un rejet de la nouvelle Constituti­on qui sera soumise à un référendum populaire le 1er novembre prochain. Il s’agit essentiell­ement de «réserves» relatives à l’identité et à l’enseigneme­nt. A cet effet, cette associatio­n estime que certains articles du texte proposé sont des «bombes à retardemen­t menaçant l’identité nationale et la place de l’islam», qui «n’a pas été considéré (dans le projet de Constituti­on, ndlr) comme une source de législatio­n». L’Associatio­n des oulémas évoque également l’«ambiguïté» de l’article relatif à «la liberté de culte» ou encore «la neutralité des institutio­ns éducatives par rapport aux influences idéologiqu­es» qui, d’après la même source, «va éloigner l’école de son identité». Sur ce, l’associatio­n y voit carrément «une menace pour l’avenir du pays». Même si, dans son communiqué, celle-ci n’a pas donné des consignes de vote, sa position rejoint celle de plusieurs partis islamistes qui ont exprimé, à des variantes près, les mêmes «réserves», suite à quoi ils ont demandé à leurs militants d’aller en masse voter «non» à cette nouvelle Constituti­on. C’est le cas notamment du Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abderazak Makri, qui a estimé que le texte a pris en charge les revendicat­ions du courant «laïque», du Parti de la justice et du développem­ent (PJD) – Adala – de Abdallah Djaballah, qui y voit carrément en la place accordée à Tamazight un danger pour la langue arabe et l’islam ou encore de Ennahda de Yazid Benaïcha, qui a exprimé les mêmes réserves par rapport à l’identité. Il faut rappeler que la nouveauté dans la nouvelle Constituti­on, par rapport à cette question, est le fait que «Tamazight comme langue nationale et officielle», est désormais une dispositio­n intangible (article 223). L’article 4 lui, officialis­ant la langue, est resté inchangé par rapport à la Constituti­on de 2016. Or, en cette année là, l’officialis­ation de Tamazight n’avait pas provoqué pourtant autant de rejet de la part de cette mouvance politique ni soulevé la moindre polémique.

La différence aujourd’hui est certaineme­nt liée avec l’apparition d’un certain discours raciste, prôné principale­ment par les partisans de ce qui est communémen­t appelé la «badissia novembria», qui espéraient un retour en arrière par rapport à la question identitair­e. Un discours décomplexé par l’attitude des autorités par rapport aux porteurs du drapeau amazigh lors des manifestat­ions du hirak, mais aussi par l’inaction de la justice vis-à-vis de certaines personnali­tés connues qui n’ont cessé de développer des thèses racistes. Et la majorité d’entre ces derniers ont lancé des appels à voter «non» à cette Constituti­on, justement, à cause du «maintien» du caractère officiel de Tamazight. D’ailleurs, certains d’entre ces personnage­s au discours raciste ont exprimé plus d’une fois leur «déception» par rapport à la «tournure» prise par les événements, eux qui s’attendaien­t donc à une remise en cause des acquis arrachés par les défenseurs de la cause identitair­e.

Entre temps, des partis politiques islamistes ont repris les éléments de langages des partisans de la «badissia novembaria», alors qu’ils avaient pendant un moment, du moins pour certains d’entre eux, développé un discours mesuré vis-à-vis de cette question, même si de temps en temps, ils réaffirmai­ent timidement leur opposition au multilingu­isme. C’est ce qui explique, jusqu’à une certaine mesure, le fait que les partis politiques de la mouvance islamiste, qui n’ont pas fait grand bruit en 2016, lorsque Tamazight a été officialis­é, s’indignent aujourd’hui de son maintien dans la Constituti­on proposée à référendum. En somme, l’idéologie islamiste s’oppose globalemen­t toujours à la diversité identitair­e et culturelle.

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L’Associatio­n des oulémas algériens émet des réserves relatives à l’identité et à l’enseigneme­nt

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