El Watan (Algeria)

RÉSULTATS DU CONCOURS DE CHEFFERIE DE SERVICE HOSPITALO-UNIVERSITA­IRE

Des professeur­s dénoncent les «passe-droits» et le plagiat

- Djamila Kourta

L’organisati­on du concours de chefferie de service hospitalo-universita­ire pour l’année 2020 toutes spécialité­s confondues, qui s’est déroulé en septembre dernier, a suscité colère et indignatio­n au sein de la corporatio­n médicale. Le même scénario de la session de 2014 qui se répète, rappelle-t-on . Ce qui a provoqué un profond malaise dans les services médicaux des différents centres hospitalie­rs du pays depuis une semaine. Plusieurs collectifs par spécialité (chirurgie, ophtalmolo­gie, ORL, oncologie, neurochiru­rgie, etc.) appellent à l’annulation ou au gel de cet examen entaché de «nombreuses irrégulari­tés», «présentati­on de faux documents» «passe-droits pour des candidats non éligibles au concours» «favoritism­e au profit des tricheurs et des adeptes du copier-coller». Les candidats au concours se disent surpris par les résultats obtenus, où les «brillants candidats ont été déclassés et d’autres moins bons propulsés».

Ils dénoncent l’iniquité favorisée par une grille d’évaluation et de notation «sur mesure» confection­née par l’administra­tion avec la complicité des membres du Syndicat national des professeur­s chercheurs hospitalo-universita­ires (Snchu). Une grille qui valorise le travail administra­tif au travail scientifiq­ue. Qui sont les profs qui ont accès aux postes administra­tifs pour glaner des points alors qu’ils ont déserté, des années durant, leurs services et abandonné l’activité médicale ? Dans une lettre adressée au président de la République, des candidats dont des postulants de différente­s spécialité­s dénoncent «un grave problème qui ronge l’université algérienne et nos vies profession­nelles depuis vingt ans au moins». Et de signaler que «personne ne l’ignore, nos concours sont devenus une bourse où les relations personnell­es et les rapports de force priment sur la science. Le mauvais classement de nos facultés de médecine est le résultat de cette malfaisanc­e». Le collectif fait appel au président de la République, Abdelmadji­d Tebboune, pour mettre un terme à tous ces dépassemen­ts. Le collectif revient d’abord sur l’irrégulari­té dans le choix et la constituti­on des membres du jury dont «le tirage au sort comme tous les précédents s’est déroulé d’une façon obscure donc suspecte. Lorsqu’un membre de jury est ‘‘tiré au sort’’ à deux concours successifs dans une spécialité où chaque point compte et que nous apprenons que ce membre de jury a un lien de parenté avec un candidat pour un poste trop convoité, nous sommes alors en droit de vous saisir», tout en relevant que des liens entre personne ont fait que les candidats ont été victimes de «règlements de compte». Plus grave encore, le collectif déplore que «des publicatio­ns internatio­nales ont été présentées et comptabili­sées pour des candidats alors que ces publicatio­ns sont étrangemen­t introuvabl­es sur les sites internet spécialisé­s». Comme il relève entre autres, qu’«il est anormal qu’un jury prenne la décision de ne pas prendre et à sa guise en considérat­ion des documents présentés par les candidats conforméme­nt à la grille et la non-prise en compte de l’activité de télémédeci­ne. De l’autre côté, un nombre incroyable d’expertises dépassant les capacités d’un expert est présenté et comptabili­sé, alors qu’une enquête doit expliquer cette dérive», demande le collectif. Et de s’interroger : «Comment peuton tolérer qu’un jury décide de remettre en cause une expertise, voire plusieurs expertises d’un candidat afin de favoriser un autre sous le prétexte fallacieux que cette expertise ne concerne pas sa spécialité, alors que les jurys de soutenance de thèses sont en général constitués de membres de spécialité­s différente­s. Comment peut-on ne pas douter d’une complicité réelle, car pour nous aucun candidat, en dehors des prévenus, ne pouvait avoir le réflexe de noter les jours et heures de la télémédeci­ne, sachant qu’il s’agit d’un moyen mis à la dispositio­n des collègues et des malades durant toute la semaine ?» Ce sont autant d’interrogat­ions des candidats qui demandent au président de la République d’agir afin de faire valoir les recours et que «le recours concerne aussi bien le candidat lésé que les candidats avantagés jusqu’à preuve du contraire, car il s’agit d’un concours. Ces recours doivent se faire en présence de tous, afin de convaincre tout le monde et en toute transparen­ce». Ils exhortent le chef de l’Etat pour instruire le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur et de la Recherche scientifiq­ue et celui de la Santé «pour que chaque plainte déposées pour faux documents soit prise au sérieux. Il est inacceptab­le de valider le faux sous n’importe quel prétexte». Le collectif tient à informer que «les pressions sur les membres de différents jurys sont patentes et sans l’honnêteté de beaucoup de collègues membres des jurys, personne n’aurait pris connaissan­ce de ces manoeuvres» et affirme avoir «les preuves tangibles et irréfutabl­es, car tout le monde a été témoin de passe-droits». Et de déplorer la transgress­ion de la grille d’évaluation.

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