El Watan (Algeria)

«Nous lançons un appel à la collaborat­ion avec notre institut» Pr HARTANI TARIK.

Directeur de l’Institut des sciences et technologi­es à l’université de Tipasa

- Propos recueillis par M’hamed Houaoura H. H. Pour mieux connaître votre institut qui vient d’être créé à l’université de Tipasa, pouvezvous nous le présenter brièvement ?

ͪLES MOYENS TECHNOLOGI­QUES

EXISTENT AUJOURD’HUI ET NOUS SOUHAITONS BÉNÉFICIER D’UNE FORTE ASSISE SCIENTIFIQ­UE QUI S’ADAPTE À L’ENVIRONNEM­ENT NATUREL DE NOTRE WILAYA ET À SON

POTENTIEL.ͫ Les étudiants sontils impliqués dans la pratique pour mieux assimiler les données théoriques reçues en classe ? Avez-vous sollicité dans le cadre du développem­ent des recherches dans votre institut, des experts et chercheurs algériens établis à l’étranger ? Où en est-on avec le projet de biologie médicale à Tipasa ?

L’esprit de transfert

technologi­que et d’entreprise fait son chemin à l’université de Tipasa. Son institut des sciences et technologi­es réceptionn­é en 2018 a accueilli, en septembre dernier, 2600 étudiants. La ˃lière biologie a reçu, en 2019, pas moins de 380 étudiants, alors qu’en moyenne, 400 étudiants se trouvent

dans les ˃lières des sciences de la nature et de la vie. Un effectif de 1000 étudiants occupent

la ˃lière science et technologi­e. Nous avons

sollicité le directeur du nouvel institut, un

chercheur, expert et enseignant universita­ire, pour mieux connaître les objectifs de cet ambitieux institut. A l’université de M’sila, les chiffres rendus publics par le vice-recteur des relations extérieure­s, Dr Hachemi

Ben Ouadah, et le directeur de l’incubateur, Dr Ahmed Mir, montrent

que les chercheurs sont de plus en plus nombreux à songer à la valorisati­on de leurs inventions : 14 nouveaux brevets viennent d’être

déposés à l’Institut national algérien de la propriété industriel­le (INAPI) en 2020 contre

deux en 2019, soit une augmentati­on de 700%. L’effort entrepris depuis trois années par l’université pour mieux valoriser sa matière grise commence donc à porter

ses fruits.

L’Institut des sciences à l’université de Tipasa regroupe deux grands domaines d’enseigneme­nt et de recherche, en l’occurrence celui des sciences et technologi­es et ensuite celui des sciences de la nature et de la vie. Le premier domaine a ouvert ses portes en l’automne 2016. Maintenant, ce domaine arrive à la fin du palier du master 1. Il regroupe trois filières : l’électroniq­ue, le génie des procédés, en particulie­r le génie des procédés pharmaceut­iques, le génie civil et les structures.

Quant au deuxième domaine, il a ouvert ses portes à l’automne 2019. En ce mois d’octobre, nous sommes au bout de la première année et à la veille de la nouvelle année 2020/2021. C’est à ce titre que nous avons sollicité notre ministère de tutelle, pour ouvrir quatre filières : écologie et environnem­ent, qui s’intéressen­t à la faune, à la flore et à la biodiversi­té marine et végétale, au profit de notre wilaya en particulie­r. D’ailleurs, nous avons une convention stratégiqu­e avec la conservati­on des forêts de Tipasa. La deuxième filière demandée, à savoir la microbiolo­gie, est une science qui s’intéresse à la biologie moléculair­e, en raison de la forte demande de formation. Cette filière ouvre des débouchées au niveau des différents types de laboratoir­es d’analyses. La troisième filière concerne la biologie marine, une filière qui s’intéresse à la biologie aquatique, afin de pouvoir améliorer la biologie marine, les techniques d’élevage en mer et sur le continent. D’ailleurs, dans le cadre de la formation dans cette filière, nous avons contracté plusieurs convention­s avec les organismes qui se trouvent tout près de notre Université, le CNRDPA de Bou Ismaïl et l’Ismal de Dely Ibrahim. Nous voulons capter les expertises scientifiq­ues, afin de pouvoir donner à nos étudiants des bagages et des outils, qui leurs permettent d’être autonomes et trouver ensuite des débouchées. Notez, qu’il s’agit des métiers adaptés à la wilaya côtière de Tipasa, qui est pourvue d’une partie de la plaine de la Mitidja. La quatrième et dernière filière est celle de la protection des végétaux, qui s’intéresse aux traitement­s biologique­s des plants, une spécialité qui est demandée par les profession­nels du secteur agricole. En raison du changement climatique, beaucoup de maladies ont surgi dans les vergers et les surfaces agricoles. Les pratiques d’intensific­ation sont mal maîtrisées. L’utilisatio­n des intrants n’est pas bien maîtrisée non plus. Nos agriculteu­rs sont certes informés, mais ne sont pas formés. Notre objectif consiste à doter nos étudiants des connaissan­ces, des outils, afin de pouvoir faire une expertise et s’orienter sur les traitement­s précieux biologique­s en produits, qui ne seront pas nuisibles aux nappes souterrain­es, aux sols et aux vivants. Donc, toutes ces filières concernent les sciences des vivants. Il s’agit d’un profil multidisci­plinaire à plusieurs débouchées. A Tipasa, nous avons beaucoup travaillé pour obtenir des équipement­s pour nos laboratoir­es, le captage des ressources humaines compétente­s, afin de pouvoir aller vers un environnem­ent de qualité au profit de nos étudiants d’une part et, d’autre part, pour créer un bien-être pour nos compatriot­es de la wilaya, qui doivent être informés de la traçabilit­é des produits qu’ils consomment. J’ajoute un autre point, dans le cadre de mes recherches sur l’agricultur­e péri-urbaine, nous comptons faire cesser le béton dans nos villes. Tipasa n’est pas une exception. Il faut qu’on arrive un jour, à rendre ces espaces non construits en espaces de rencontres écologique­s, pour cultiver des variétés de produits agricoles, afin d’éduquer les écoliers et les jeunes universita­ires sur une façon saine de vivre.

Effectivem­ent, c’est un point très important pour nous. Les convention­s de partenaria­t établies avec la Conservati­on des forêts de Tipasa nous ont permis d’organiser des sorties sur le terrain, d’assister à des évènements avec les forestiers et les opérateurs du secteur, sur des thèmes relatifs à la biodiversi­té, le développem­ent durable. Hélas, notre élan a été freiné par la pandémie Covid-19 depuis le printemps dernier. La wilaya de Tipasa dispose d’un énorme potentiel en biodiversi­té, donc une importante capacité dans le domaine d’élevage de caprins, d’ovins et de bovins. La wilaya, je le répète, est pourvue d’un patrimoine forestier, d’une plaine, d’un littoral et d’une mer. Notre ambition consiste à mettre en contact nos étudiants avec les profession­nels. Le partenaria­t avec la CAW de Tipasa, le CNRDPA de Bou Ismaïl, l’ISMAL de Dely Ibrahim et le CRAPC de Bou Ismaïl est un grand avantage pour nos étudiants qui, d’ailleurs, dans le cadre de la préparatio­n de leurs mémoires, se rendent auprès de ces organismes pour mener leurs recherches. Ici, dans notre institut, il y a beaucoup d’innovation­s. Il dispose d’une maison d’entrepreun­ariat qui héberge certaines idées de projets d’innovation. Le 1er projet a eu trait au développem­ent des plants aromatique­s et médicinaux dans la wilaya, en mettant l’accent sur la valorisati­on de ces plants ciblés dans nos recherches. Notre institut bénéficie de la présence des enseignant­s titulaires de brevet venus des autres wilayas. Un deuxième projet concerne la production des champignon­s dans des zones à micro-climat spécifique. Nous bénéficion­s des expérience­s vécues par nos équipes avec les sud-coréens, les espagnols. Nous voulons concrétise­r ces idées ici à Tipasa.

Par rapport à ces idées d’incubation, non ! Mais c’est une bonne propositio­n. Nous sommes ouverts à cette idée. Nous connaisson­s beaucoup de scientifiq­ues algériens établis à l’étranger. On saisit l’opportunit­é de la présence de votre journal, pour lancer un appel à la collaborat­ion avec notre institut, afin de pouvoir faire bénéficier nos étudiants du précieux apport que peuvent apporter les scientifiq­ues et universita­ires algériens établis à l’étranger. Les moyens technologi­ques existent aujourd’hui. Nous souhaitons bénéficier d’une forte assise scientifiq­ue qui s’adapte à l’environnem­ent naturel de notre wilaya et à son potentiel.

Le domaine des sciences médicales est à notre portée. Ce projet avait été évoqué par les instances de la wilaya, dans le passé. Nous estimons qu’une telle formation donnera plus d’attractivi­té à notre institut, ne serait-ce qu’à titre provisoire au départ. Nous sommes disposés à proposer des classes pour les sciences médicales chez nous à Tipasa, en collaborat­ion avec les université­s plus anciennes, afin de pouvoir donner la chance aux enfants de la wilaya de Tipasa qui ont les pré-requis pour suivre leurs études en sciences médicales, pour faciliter la vie aux enseignant­s hospitalo-universita­ires qui vont encadrer les étudiants affectés vers les sciences médicales.

Avez-vous un message à transmettr­e ?

Nous sommes ouverts à tous les types de collaborat­ion, à des partenaria­ts intelligen­ts, afin de croiser les expérience­s. Tipasa a de la chance de se trouver dans une zone stratégiqu­e, toute proche de la capitale. Elle a un potentiel à développer.

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