Les appréhensions des directeurs d’école
RESPECT DU PROTOCOLE SANITAIRE DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES
Surcharge des classes, risque de propagation du virus, près de 5 mois de retard et des établissements dans des situations de délabrement sont autant de problèmes auxquels le ministère de l’Education nationale devra prévoir des solutions dans les mesures d’organisation de la rentrée scolaire 2020-2021.
Maintenant que les dates de la rentrée scolaire sont enfin connues, un important problème se pose : comment appliquer les différents scénarios proposés par le ministère de l’Education nationale sur le terrain ? Les établissements scolaires sont-ils préparés pour recevoir les élèves ? Est-il possible d’appliquer réellement le protocole sanitaire dans tous les paliers ?
Pour la Coordination autonome des directeurs de lycée, la réalité est bien loin de tout scénario possible. «Nous ne faisons pas de constat hâtif. Nous sommes sur le terrain et les ressources dont disposent les établissements sont nettement loin de ce qu’exige la situation actuelle. Le budget annuel d’un lycée de 500 élèves tourne autour de 900 000 DA. Près de 40% de ce budget sont affectés aux charges annexes, à savoir le payement des factures d’eau, d’électricité et de gaz. Ce qui nous reste ne peut suffire pour acheter, tout au long de l’année, les masques, les solutions hydroalcooliques et les détergents nécessaires pour la désinfection quotidienne des lieux», souligne Ahmed Fettoum, coordinateur national des directeurs de lycée, qui déclare avoir déjà saisi le ministre, lors de la dernière rencontre portant sur l’organisation de la rentrée scolaire, quant à l’impossibilité d’application du protocole sanitaire. De plus, notre interlocuteur relève plusieurs soucis dont essentiellement la surcharge des classes, notamment ceux de la 1re année secondaire. La raison est la révision à la baisse de la moyenne de passage qui a permis à 90% des candidats au BEM d’accéder au lycée. «La situation est grave. Dans la wilaya de Ouargla, certains lycées se retrouveront avec 56 élèves par classe. Certes, cette situation est l’extrême que l’on peut constater. Toutefois, la surcharge est bien réelle partout dans les lycées de la République. Je tiens à noter que le surplus cette année en 1re AS est de 182 000 nouveaux élèves en plus comparé à l’année précédente. Si nous appliquons le concept de 20 élèves par classe, nous devons préparer 9000 divisions scolaires, soit plus de 200 lycées à construire pour absorber cette vague supplémentaire d’élèves. Chose complètement impossible», ajoute M. Fettoum, qui considère que la distanciation sociale dans les établissements scolaires est très difficile, notamment dans la cour, les couloirs et à l’extérieur de l’établissement. Il insiste aussi sur l’obligation de protéger le personnel qui travaille avec les élèves, notamment le personnel administratif, à leur tête les proviseurs, qui ont travaillé durant toute cette période de confinement pour assurer le bon déroulement des examens et des inscriptions. Pour lui, le ministère doit prévoir un budget spécial à cet effet, en plus de la protection des enfants. Concernant la contribution financière des collectivités locales dans cette organisation de la rentrée scolaire, le coordinateur national des directeurs de lycée estime que cela est juste impossible. Pour lui, cela a été fait à titre exceptionnel lors des examens de fin d’année, mais reste impossible pour assurer toute l’année scolaire. Il relève que les APC n’ont pas de chapitre dans leur budget qui prévoit des aides financières pour les lycées et les CEM. Les solutions ? M. Fettoum suggère la tenue d’une rentrée normale avec la mise en place d’un dispositif de veille sanitaire afin de prendre en charge immédiatement les cas suspects. Signalons que depuis l’annonce des dates de la rentrée scolaire, 21 octobre pour le primaire et 4 novembre pour les CEM et lycées, le département de Mohamed Ouadjaout n’a pas encore fourni les détails par rapport à l’organisation de cette rentrée scolaire. Selon des sources proches de ce dossier, des déclarations devraient être faites incessamment. Le nombre des élèves inscrits cette année dans les 3 paliers avoisine les 10 millions.