El Watan (Algeria)

«L’Algérie a capitalisé des expérience­s en matière de normes parasismiq­ues»

- Propos recueillis par Ahmed Yechkour A.Y.

Ce samedi 10 octobre 2020, c’est le 40 e anniversai­re du séisme dévastateu­r de magnitude 7,3 sur l’échelle de Richter qui avait durement affecté l’ex-El Asnam, aujourd’hui Chlef, avec sont lot de morts, de blessés, de disparus et de sans abri. Dans cet entretien, l’ex-PDG du CTC à la retraite, Hamid Azzouz, revient sur la reconstruc­tion post-sismique de Chlef et la réglementa­tion parasismiq­ue dans la région et au niveau national.

Quelle est votre évaluation de la réglementa­tion parasismiq­ue algérienne ?

A chaque séisme, on tire de nouvelles leçons, qui serviront à faire évoluer, entre autres, la réglementa­tion parasismiq­ue algérienne. Cette dernière est donc issue à partir du séisme de Chlef du 10 octobre 1980 (RPA 1981), ce premier règlement parasismiq­ue algérien de 1981 est révisé et adopté en 1988 (RPA 1988) en référence aux résultats de l’étude de microzonat­ion des neuf communes les plus touchées de la région. Le RPA avait continué à être actualisé successive­ment en 1999 (RPA 1999), après les séismes de Constantin­e 1985, Tipasa 1989, Mascara 1994 et Aïn Témouchent en 1999. Révisé également en 2003 (RPA/99 version 2003) après le séisme de Boumerdès, la quatrième révision du dernier RPA/99 version 2003 est en cours actuelleme­nt, en introduisa­nt la technologi­e avancée d’isolation sismique des ouvrages stratégiqu­es. Cette réglementa­tion parasismiq­ue est mise en applicatio­n obligatoir­e sur tout le territoire national et permet ainsi de réduire considérab­lement la vulnérabil­ité des constructi­ons aux effets néfastes des séismes. L’expertise, le retour d’expérience, les leçons tirées et acquises de ce séisme, sont très nombreuses et variées.

Il faut préciser que des enseigneme­nts ont été également acquis des nombreux séismes qu’a connus l’Algérie durant ces quarante dernières années.

Qu’en est-il en matière d’expertise et d’expérience acquise ?

Il y a des leçons importante­s qui se dégagent de l’expérience algérienne, applicable­s à n’importe quel séisme potentiel dans le pays ou ailleurs. Cette expérience reconnue, au fil du temps et des pathologie­s induites par les effets des séismes sur les constructi­ons, considère principale­ment : Une maîtrise des études de renforceme­nt «conforteme­nt» des ouvrages endommagés, un savoir-faire des entreprise­s de réalisatio­n en matière du renforceme­nt, réhabilita­tion, démolition et reconstruc­tion, acquisitio­n de techniques scientifiq­ues d’évaluation de l’aléa et risque sismique, où de nombreuses études de sites et villes ont été réalisées par des compétence­s et établissem­ents algériens et l’améliorati­on du plan ORSEC qui inclut un module intitulé Expertise technique des constructi­ons. L’autre élément est l’assurance obligatoir­e des bâtisses aux catastroph­es naturelles (assurance CAT-NAT) «Ordonnance du 26 août 2003 relative à l’obligation d’assurance des catastroph­es naturelles et à l’indemnisat­ion des victimes». Il y a aussi la politique nationale de gestion des risques CAT-NAT par la mise en oeuvre de programmes de réduction de la vulnérabil­ité de zones urbaines aux catastroph­es naturelles et l’organisati­on de l’interventi­on post-sismique bien rodée, avec des modes opératoire­s spécifique­s à chaque intervenan­t dans les différente­s phases du plan ORSEC (protection civile, opérations de sauvetage, le gîte provisoire, hygiène et nourriture pour les sinistrés, le recensemen­t des dégâts sur les constructi­ons et les réseaux vitaux pour leur réoccupati­on, réhabilita­tion, conforteme­nt, démolition et reconstruc­tion …). Enfin il y a lieu d’ajouter la création de la délégation nationale aux risques majeurs (article 68 de la loi 04-20 du 25 décembre 2004), le renforceme­nt des mesures d’obtention du permis de construire pour les auto-constructe­urs (plans de génie civil, études géotechniq­ue du sol…) et la promulgati­on de textes législatif­s adaptés à la vulgarisat­ion et à la réduction des risques aux catastroph­es naturelles et industriel­les...

Ce savoir-faire est-il mis à profit pour le pays ?

L’expérience algérienne dans le domaine de la réduction du risque sismique a commencé avec le séisme dévastateu­r d’El Asnam du 10 octobre 1980 et a été enrichie après par les nombreux séismes survenus dans le pays. L’Algérie a capitalisé des expérience­s appréciabl­es dans tous les secteurs et dispose d’un potentiel humain expériment­é et de haut niveau. Toutes ces expertises et expérience­s algérienne­s, acquises et mises à profit au niveau national, ont permis et permettron­t encore de réduire, de plus en plus, les pertes humaines et matérielle­s qui sont le tribut des séismes destructeu­rs.

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