El Watan (Algeria)

LA CULTURE, UN LIEN ENTRE LA SOCIÉTÉ ET LES CITOYENS

RENCONTRE-DÉBAT AUTOUR DE L’ÉCONOMIE DE LA CULTURE

- Amina Semmar

● Dans le cadre de la rentrée culturelle, l’Agence algérienne pour le rayonnemen­t culturel (AARC) a organisé, mercredi dernier, une rencontre-débat à Dar Abdeltif sur l’économie de la culture avec les experts, Karim Abdelmoula et Mehdi Benaïssa. Retour sur les thématique­s abordées autour de l’économie de la culture.

L’Agence algérienne pour le rayonnemen­t culturel (AARC) a organisé une rencontred­ébat intellectu­elle sur le thème «L’Economie de la culture», notamment avec les experts, Karim Abdelmoula, consultant et spécialist­e du numérique, et Mehdi Benaïssa, producteur et consultant média. En effet, tous les deux ont défini le rôle de la culture dans l’économie d’un pays, mais ont aussi énuméré plusieurs aspects en relation avec la présence d’un marché culturel structuré. Les experts expliquent que c’est une problémati­que de pouvoir définir la valeur de la culture dans une économie. Et, il l’est d’autant plus de pouvoir distinguer les revenus générés de manière directe, de ceux obtenus de manière indirecte, mais aussi leur impact sur d’autres secteurs. Il faut savoir que chaque pays dispose de son propre budget alloué au secteur de la culture. En Algérie, par exemple le ministère de la Culture a reçu un peu plus de 15 milliards de dinars, en 2019, alors qu’en France, ce chiffre est beaucoup plus important. Il s’agit en fait de près de 10 milliards d’euros. Une somme plutôt considérab­le. Dans cette conférence, il est dit que la culture en Algérie a toujours été nationalis­ée, individual­isée et singularis­ée par l’Etat, mais aujourd’hui, tout le monde se demande jusqu’où la culture est une économie de marché ? Le rôle de l’artiste est de s’organiser autour de lui pour capter les moyens nécessaire­s afin d’exécuter son art. Cependant, si l’état n’établit pas un flux monétaire assez suffisant vers le secteur, comment cela serait-il possible ? Pour cela, nous avons soit les subvention­s ou le sponsoring, mais là encore, tous ne peuvent pas y bénéficier. Mehdi Benaïssa soutient «qu’il faut d’abord lever le tabou de l’art et de l’argent». C’est en effet, le premier pas. Mais pour y arriver, les experts conseillen­t d’avoir un marché structuré en permettant à trois aspects de se rencontrer. Les acteurs culturels, les espaces d’expression culturelle ou de consommati­on culturelle et le marché. «La rencontre entre les acteurs culturels et les lieux culturels, le tout dans un modèle économique constitue un écosystème favorable à l’émergence d’une industrie de revenus lié à l’exploitati­on d’oeuvre culturelle», précise Karim Abdelmoula. De plus, cette perspectiv­e doit suivre des modèles de production­s culturels, trois d’ailleurs ont été énumérés. Le premier, c’est ce que nous produisons et mis sur le marché avec suffisamme­nt de marge pour s’autosuffir­e. Le second est un produit qui va représente­r un investisse­ment comme une oeuvre audio (une chanson) qui permet de percevoir des droits d’auteur. Et le troisième, e sont toutes les oeuvres culturelle­s qui ne sont pas mises sur le marché à un prix économique­ment viable et qui pourraient pour des raisons stratégiqu­es obtenir des subvention­s ou soutiens de l’Etat. Et c’est ces trois types de produits qui vont inévitable­ment se croiser.

LE FINANCEMEN­T, «LE NERF DE LA GUERRE»

La question qui pourrait revenir souvent, c’est comment un acteur de production culturelle pourrait générer un revenu ? C’est très simple, il y a un modèle économique à suivre et si nous ne savons pas comment, nous devons générer de la valeur, il ne peut y avoir de pérennité, étant donné que l’argent est le carburant de toute entreprise économique. La culture doit se mettre au-delà, car elle représente le rayonnemen­t d’un pays, d’une nation à l’échelle internatio­nale. «La culture est transversa­le, elle est le lien entre la société et les individus. Elle est aussi l’origine d’une nation», déclare Karim Abdelmoula. Or, un pays qui génère une visite accrue de touristes est un pays qui possède une importante économie culturelle. A titre d’exemple, la France, tout le monde s’y rend. La raison, c’est pour la gastronomi­e qu’elle recèle, pour les monuments, les musées, les cinémas … qu’elle possède. Tout ceci constitue la culture ou les pôles d’attractivi­té à un niveau internatio­nal. Toutefois, pour y parvenir, les conférenci­ers suggèrent qu’il faut une parfaite harmonisat­ion et une réglementa­tion légiférée qui servira à préserver les acteurs culturels ainsi que le PIB du pays. Mehdi Benaïssa propose de créer plus de lieux culturels, notamment cinq multiplex avec plusieurs écrans et dans les plus grandes villes. Avec le financemen­t, les taxes et les rentrées de ces multiplex, nous pouvons générer des fonds qu’il sera possible de remettre à profit. Par ailleurs, cette conférence a pour but de proposer des moyens afin de développer une meilleure économie de la culture, et par la même occasion stimuler l’état pour imposer une réelle force publique. «Il y a pour cela des règles de gouvernanc­e à respecter, le bon sens, le timing, le respect des budgets, la clarté et la transparen­ce des procédures», ajoutet-il. Lors de cette rencontre, les deux consultant­s conseillen­t de reconstrui­re notre outil culturel, et ce, en lui assignant des objectifs clairs. Rajouté à cela qu’il est plus que nécessaire de faire une rénovation sectoriell­e, séquentiel­le et fiscale sur les prochaines années. Ensuite, avec les données recueillie­s, nous serons en mesure de redresser la barre. Et pourquoi pas envisager un rapprochem­ent avec le ministère de la Communicat­ion en ce qui concerne l’aspect des contenus. Mais finalement, ce qui compte vraiment, c’est le lieu parfait, avec le bon artiste et la bonne informatio­n pour produire un succès.

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Rencontre-débat sur l’économie de la culture à Dar Abdeltif avec Mehdi Benaïssa (à gauche) et Karim Abdelmoula

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