El Watan (Algeria)

L’ACCÈS AUX SERVICES DE SANTÉ MENTALE FORTEMENT PERTURBÉ

- D. K.

Célébrée le 10 octobre de chaque année, la Journée mondiale de la santé mentale trouve tout son sens en cette crise épidémique. La campagne de cette année vise à favoriser l’investisse­ment en faveur de la santé mentale.

Le confinemen­t imposée à la population mondiale durant des mois et qui risque de perdurer ne sera pas sans conséquenc­es sur la santé mentale des citoyens. Isolement, peur , perte d’êtres chers, crise économique sont autant de sources de stress voire même de facteurs de risque sur la santé mentale. «Cette année, la Journée mondiale de la santé mentale est célébrée alors que la pandémie de Covid-19 modifie considérab­lement notre façon de vivre au quotidien. Ces derniers mois, les difficulté­s ont été nombreuses pour les soignants qui ont dû prodiguer des soins dans des circonstan­ces difficiles et qui sont allés travailler en craignant de ramener la Covid-19 chez eux ; pour les élèves, qui ont dû s’adapter à l’enseigneme­nt à distance, en ayant peu de contact avec leurs enseignant­s et leurs amis et en étant inquiets pour leur avenir ; pour les travailleu­rs dont les moyens de subsistanc­e sont menacés ; pour le grand nombre de personnes pauvres ou qui se trouvent dans des situations de crise humanitair­e et qui sont très peu protégées de la Covid-19 ; pour les personnes atteintes de troubles mentaux, dont beaucoup sont encore plus isolées socialemen­t qu’auparavant ; et pour ceux qui ont perdu un être cher et qui doivent faire un travail de deuil, parfois sans avoir pu faire leurs adieux au défunt», souligne le communiqué de l’OMS publié à cette occasion. Il signale que les conséquenc­es économique­s de la pandémie se font déjà sentir et, en effet, des entreprise­s licencient du personnel pour tenter de survivre, ou doivent purement et simplement fermer. «Compte tenu de l’expérience acquise dans les situations d’urgence, les besoins en santé mentale et en soutien psychosoci­al devraient augmenter considérab­lement au cours des mois et les années à venir. L’investisse­ment dans les programmes de santé mentale aux niveaux national et internatio­nal, insuffisam­ment financés depuis plusieurs années, est aujourd’hui plus important que jamais», recommande l’OMS. Selon une nouvelle enquête de l’OMS, la pandémie de Covid-19 entraîne des perturbati­ons ou une interrupti­on des services de santé mentale essentiels dans 93% des pays, alors que la demande de soins augmente.

UNE ENQUÊTE DANS 130 PAYS

Cette enquête, menée dans 130 pays de six régions de l’OMS permet de disposer des premières données mondiales montrant l’impact désastreux de la Covid-19 sur l’accès aux services de santé mentale et souligne qu’il est urgent d’accroître le financemen­t. Cette étude réalisée entre les mois de juin et août derniers et visait à évaluer l’effet de l’infection sur l’évolution de la prestation des services de soins psychiatri­ques, neurologiq­ues et liés à l’usage de substances psychoacti­ves, les types de services qui ont été perturbés et la façon dont les pays s’adaptent pour surmonter ces difficulté­s, a été publiée à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale à des fins de sensibilis­ation, qui réunira des dirigeants mondiaux, des célébrités et des militants pour défendre l’augmentati­on des investisse­ments en faveur de la santé mentale dans le contexte de la Covid-19. L’OMS a déjà signalé que la santé mentale est un secteur où l’insuffisan­ce du financemen­t est chronique : avant la pandémie, les pays consacraie­nt moins de 2% de leur budget national de la santé à la santé mentale et avaient du mal à répondre aux besoins de leur population. L’OMS précise qu’aujourd’hui, la pandémie fait augmenter la demande de services de santé mentale : «Le deuil, l’isolement, la perte de revenu et la peur entraînent ou aggravent des pathologie­s mentales. Beaucoup de gens consomment plus d’alcool ou de drogue et souffrent davantage d’insomnie et d’anxiété». Parallèlem­ent, la Covid-19, signale l’organisati­on onusienne, peut entraîner des complicati­ons neurologiq­ues et psychiatri­ques (état confusionn­el, agitation ou accident vasculaire cérébral, par exemple). Les personnes qui présentent des troubles mentaux, neurologiq­ues ou liés à l’usage de substances psychoacti­ves sont également plus vulnérable­s face à l’infection par le SARS-CoV-2 car, pour elles, le risque d’être atteintes d’une forme grave de la maladie et d’en mourir peut être plus élevé. «Une bonne santé mentale est fondamenta­le pour la santé et le bien-être en général», a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, directeur général de l’Organisati­on mondiale de la Santé. «La Covid-19 a entraîné une interrupti­on des services essentiels de santé mentale dans le monde au moment même où ils sont le plus nécessaire­s. Les dirigeants mondiaux doivent agir rapidement et résolument pour investir davantage dans des programmes de santé mentale qui sauvent des vies, pendant et après la pandémie», a-t-il ajouté. A noter que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitaliè­re organise aujourd’hui une conférence à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale placée sous le slogan mondial «Investisse­z dans la santé mentale» et le slogan national «Améliorer l’offre de soins en santé mentale» en visioconfé­rence, au siège du ministère de la Santé.

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