El Watan (Algeria)

«LE PROJET DE LOI DU LIVRE N’EST PAS SACRÉ»

- Propos recueillis par Comment.. ? Pourquoi ? K. S.

K. Smail

n’avons pas été invités à la commission du livre. Les deux syndicats, le SNEL et l’ONEL n’ont pas été invités et associés. Dans ladite commission, il n’y a que des administra­teurs et pas de profession­nels du livre. Comment peut-on amender les choses sans notre avis ? Sans les éditeurs, les imprimeurs, les importateu­rs, les libraires… Même à l’ouverture officielle de la saison culturelle, non plus. Ni les deux syndicats ni les éditeurs. Il n’y a pas que les arts dans la culture. Le livre et l’industrie du livre sont importants et vitaux dans un pays, une société, un Etat. Le livre, qu’il soit en arabe, tamazight, français ou anglais, est noble. Il n’y a ni mépris ni exclusion. Nous respectons le ministère de tutelle. Le livre est la colonne vertébrale de la culture. Pour vous dire, le Syndicat national des éditeurs du livre (SNEL), en collaborat­ion avec le ministère de la Culture et le groupe HTT (hôtellerie, tourisme et thermalism­e), avait lancé, en avril 2020, une action livresque en solidarité avec les citoyens rapatriés depuis la France et l’Espagne, mis en confinemen­t temporaire dans des hôtels, suite à la pandémie du coronaviru­s. 10000 ouvrages avaient été offerts aux confinés du Complexe touristiqu­e EGTC des Andalouses (Oran), des hôtels Matares (Tipasa), Mazafran (Zéralda), El Riad (Sidi Fredj), en présence de Mme Malika Bendouda, la ministre de la Culture. Un autre important don d’ouvrages avait été effectué à la wilaya de

Blida à travers le Haut Commissari­at des Affaires Religieuse­s.

Un nouveau projet de loi du livre ou un amendement…

Le projet de loi du livre date de l’époque de l’ex-ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi. Nous n’étions pas d’accord et nous n’adhérions pas à ce projet de loi du livre, alors. Comment peut-on nous convier, maintenant pour le débattre ? Et surtout, ce projet de loi avait été conçu lors du règne de la «issaba (le régime et les décideurs de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika). Le dossier était dans les tiroirs depuis 2015.

Où pèche ce projet de loi du livre où le bât blesse ?

Il existe de nombreux problèmes dans ce projet de loi du livre. Par exemple, il est stipulé que pour l’ouverture d’une librairie, un espace de plus de 40m² est requis. Mais il y a des librairies qui ont 30 ou 40 ans d’existence, qui jouissent d’une notoriété à travers les wilayas, et ne possèdent qu’une aire de 40m². Comment vont-t-ils faire les libraires ? Ils ferment si cette loi du livre est appliquée ? La loi ne leur permet pas de demeurer une librairie, d’exercer leur métier de libraire. Un autre point. Il est stipulé que l’éditeur doit être détenteur d’un diplôme universita­ire. Cela n’existe nulle part dans le monde. Et on sait que 90% des éditeurs en Algérie ne sont pas diplômés. Mais ils ont cumulé une expérience de 30 ou 35 ans d’expérience. Cela implique que ces éditeurs vont cesser leur activité. Autre chose. On parle de qualité. Mais quels sont les critères évaluant cette qualité ? Il est exigé aussi une autorisati­on émanant du ministère de la Culture pour toute activité ou animation culturelle organisée par les éditeurs. D’un autre côté le président de la République et le chef du gouverneme­nt nous disent qu’il y en assez de la bureaucrat­ie. Plus de lenteurs, plus d’errements. Nous, Syndicat national des éditeurs du livre (SNEL), avons l’agrément (de l’exercice syndical) depuis vingt ans. Nous sommes connus pour avoir organisé des salons nationaux du livre. Dix-neuf salons du livre à l’échelle nationale. On ne nous a jamais demandé une autorisati­on. Mais quel type d’autorisati­on ? Il ne s’agit que de livres locaux. Des ouvrages ayant leur ISBN. Même les livres qui ont été importés. Ils sont passés par les services de douanes… C’est-àdire que cette loi du livre est autoritair­e et antidémocr­atique, un non-sens. C’est pour cela qu’à l’époque nous n’avions pas accepté cette loi du livre. On parle de crise de l’édition. Mais en fait, il s’agit de la menace de disparitio­n de l’édition. A l’image des librairies qui ont fermé ou changé de vocation et d’activité ( restaurati­on…). Certains éditeurs vendent leurs matériels, leurs équipement­s. Avec la crise sanitaire, les publicatio­ns sont rares. Pour soulager un peu la condition des éditeurs, imprimeurs, distribute­urs ou encore des libraires, le soutien au livre peut être réalisé en achetant des ouvrages multidisci­plinaires à travers, par exemple, les quarante-huit (48) directions de la Culture, quarante-huit bibliothèq­ues principale­s à travers le territoire national.

Un débat collégial constructi­f s’impose…

La loi du livre n’est pas le Saint Coran. Elle n’est pas sacrée. Actuelleme­nt, même la Constituti­on (algérienne) va être amendée. Pour faire le parallèle. D’une manière constructi­ve. En tant que Syndicat, nous y adhérons. Puisque la nouvelle Constituti­on est soumise à débat. Il y a des articles dans la Constituti­on auxquelles nous adhérons et d’autres non. C’est cela la démocratie. Nous sommes issus de la société civile. Le président de la République souligne que la société civile est le partenaire efficient.

Le Salon internatio­nal du livre d’Alger (SILA), cette année sera virtuel avec l’effet de la Covid-19…

Le SILA ne se tiendra, malheureus­ement pas. Effectivem­ent, tout comme les salons du livre dans le monde entier. On nous propose un salon du livre virtuel, on se trompe.

Comment allez-vous vendre les livres ? Le livre qui coûte, par exemple, 500 DA, vous allez ajouter 500 DA de plus, pour les frais d’envoi par la poste. Nous ne sommes préparés au virtuel.

La version électroniq­ue, numérique, du livre, le e-book, est le futur…

Le livre électroniq­ue est le futur, certes. Mais nous ne sommes pas prêts.

Il n’y a pas de méthode ou moyen de vente du livre numérique. La plus part des gens ne possèdent pas de cartes de crédit. L’Union des éditeurs arabes (Liban, Egypte, Jordanie..), jusqu’à aujourd’hui, n’a pas pu appliqué le epaiement en ce qui concerne la vente du e-book. Ce que nous revendiquo­ns, c’est l’exonératio­n des taxes sur la matière première (le papier, les plaques, les films, l’encre, la gomme, la colle…), l’aide à l’exportatio­n du livre et générer la devise pour le pays. Le livre algérien, les auteurs algériens sont très prisés à l’étranger. Nous oeuvrons pour une réelle industrie du livre. Autre chose, le Centre national du livre, institué par décret présidenti­el n’est jusqu’à maintenant pas opérationn­el. Le fonds à la création au niveau du ministère de la Culture est gelé. Normalemen­t, 50% sont dévolus au livre et 50% au cinéma. L’ancien ministre de la Culture a consacré ce fonds uniquement au cinéma. Cherchez l’erreur.

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