El Watan (Algeria)

Le dépistage et la prise en charge compromis

● Avec la Covid-19, le nombre de dépistages a fortement baissé ● Ce qui pourrait augmenter le taux de mortalité ● Octobre Rose éclipsé.

- Djamila Kourta

Le coronaviru­s a fait de l’ombre depuis des mois à toutes les autres maladies. Ce qui a d’ailleurs compromis les stratégies de dépistage, notamment pour le cancer du sein. Un retard supplément­aire pour le diagnostic, le traitement et le suivi. Un fait non sans conséquenc­e sur la vie des femmes atteintes. Le taux de mortalité liée à cette maladie pourrait augmenter, alertent les spécialist­es. Mme Hamida Kettab, secrétaire générale de l’associatio­n El Amel d’aide aux personnes atteintes de cancer, ne cache pas ses inquiétude­s aux conséquenc­es de la Covid-19 sur cette la prise en charge de cette maladie. «Les examens de mammograph­ie, échographi­e, RDV de chimiothér­apie, de radiothéra­pie et de chirurgie ont été décalés durant tous ces derniers mois. Les contrôles ont été reportés et ne sont programmés pour les interventi­ons chirurgica­les que les cas urgents. Avec le manque de transports et par peur d’être contaminée­s, beaucoup femmes ont dû retarder leur RDV de mammograph­ie ainsi que la chimiothér­apie», a-t-elle indiqué. Et de préciser : «Les consultati­ons ont été réduites de plus de 50%. Ce qui a ralenti de manière considérab­le la prise en charge. Une situation qui pourrait compliquer les choses et enregistre­r encore des cas de cancer avancés.» Le mois d’octobre, le mois mondial de lutte contre le cancer du sein est éclipsé devant le décompte macabre causé par l’épidémie à travers le monde. Cette année, l’associatio­n El Amel d’aide aux personnes atteintes de cancer du CPMC tient à être présente et maintient sa campagne de sensibilis­ation et de lutte contre le cancer du sein malgré toutes les difficulté­s à mener une communicat­ion directe avec les femmes en plein crise épidémique. Toutes les activités organisées chaque année sont réduites cette année et à être menées en mode virtuel. «Dès l’apparition des premiers cas de la Covid-19 et la mise en place des mesures de confinemen­t, notre opération de dépistage organisée lancé en 2019 à Biskra dans le cadre du plan cancer a été arrêtée puisque l’unité a été dédiée à la Covid. Il en est de même pour la campagne de dépistage qui était programmée pour les zones en enclavées avec la mammobile lancée à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer le 4 février 2020», rappelle Mme Kettab. Dans un communiqué rendu public hier, l’associatio­n souligne que «l’année 2020, impactée par la Covid-19, El AmelCPMC a dû adapter son programme afin de ne pas rater cet événement et être aux côtés de la femme atteinte de cancer du sein malgré les restrictio­ns sanitaires et l’impossibil­ité d’organiser les activités rassemblan­t des centaines de personnes comme la course féminine». Elle signale qu’«en 2019, 14 000 nouveaux cas ont été détectés. Il ne s’agit pas seulement d’un chiffre. Derrière chaque cas, il y a une femme, une famille, une vie, un destin, qu’il s’agit de ne pas laisser briser par la maladie» et de préciser qu’un programme de communicat­ion à travers les médias et réseaux sociaux comme les années précédente­s. «Nous avons organisé toutes nos activités traditionn­elles sur internet, comme la course féminine que nous avons lancée sur internet sous forme de partage d’activité physique à la maison ou au jardin ou dan un lieu ouvert à la campagne, dans un stade, une forêt… et le poster sur les réseaux sociaux, à travers les pages de l’associatio­n (associatio­n elamelcpmc@facebook), et sur Instagram. Notre solidarité avec les patientes est ainsi renouvelée et notre message pour pratiquer une activité physique est de nouveau lancé», a-t-elle souligné. Elle signale également que les témoignage­s de femmes ayant combattu et vaincu le cancer qui viennent d’habitude en émissions ou lors des rassemblem­ents et conférence­s, sont postés, cette année, sur les réseaux sociaux et partagés sur les pages de l’associatio­n. «Ce sont des témoignage­s forts et leur impact est tout aussi important.» Par ailleurs, pour marquer cet événement dès le 1er octobre, le CPMC et Maqam Chahid ont été illuminés en rose.

PRÉVENTION, DÉTECTION ET DIAGNOSTIC

«Par ailleurs, nous avons procédé à l’illuminati­on en rose du CPMC (Centre Pierre et Marie Curie) pour la lutte contre le cancer et Maqam Echahid. Symbolique­ment, ces illuminati­ons visent à redonner de l’espoir à nos patientes, mais aussi à toutes les femmes algérienne­s que toute la nation est mobilisée pour les soutenir et les aider à dépasser leur maladie. Elles visent également à rappeler à toutes les femmes que la prévention, la détection et le diagnostic précoce sont les premières armes de lutte contre le cancer du sein.» Une session de formation a été organisée au profit des journalist­es le premier samedi d’octobre, en particulie­r vers les jeunes journalist­es qui travaillen­t pour la première fois sur le sujet, afin de leur donner les grandes lignes liées à la pathologie comme la prévention, les traitement­s, les facteurs de risque, le mois d’octobre, l’impact de la pandémie sur les patientes… «Nous organisero­ns une autre session dans les prochains jours. Lors de cette session, nous lancerons un concours pour le meilleur article et le meilleur reportage TV et radio. Activité que nous organisons aussi depuis plusieurs années pour remercier symbolique­ment la famille des médias pour son soutien actif et indéfectib­le depuis le début de notre engagement contre le cancer du sein, et cela remonte déjà à plus de 10 ans», a précisé Mme Kettab, et d’ajouter que les spots TV sont diffusés en continu sur nos chaînes nationales, et renforcés par des capsules (questions-réponses) de quelques minutes qui constituen­t une informatio­n donnée par un médecin oncologue et répond aux questions les plus posées et les plus pertinente­s sur la pathologie. «Cette année, beaucoup de questions sur la gestion des soins et l’impact de la Covid-19 puisque les trois premiers mois ont vu la réduction drastique des séances de chimiothér­apie, de radiothéra­pie et d’opérations chirurgica­les et les effets physiques et psychologi­ques induits», relève l’associatio­n et de souligner que «des soins à domicile ont pu être donnés en chimiothér­apie orales au lieu des intraveine­uses par exemple, mais les inquiétude­s étaient fortes parmi les patientes. Les questions liées à l’immunité des patientes atteintes qu’il fallait renforcer pour ne pas être une proie facile au coronaviru­s.» Il fallait être attentifs aux effets secondaire­s comme les fièvres et les courbature­s devaient être aussi détectés comme tels, pour pouvoir les différenci­er des symptômes de la Covid, a-t-elle souligné et d’ajouter : «Les déplacemen­ts vers les centres de soins qui ont été très difficiles pour beaucoup de patientes qui ne pouvaient pas se permettre de prendre un taxi à 5000 DA en l’absence des transports en commun...». Toutes ces questions ont été prises en compte dans les capsules et diffusées en plus de la télévision, les pages Facebook et Instagram de l’associatio­n.

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La crise de coronaviru­s perturbe le programme de dépistage et de prise en charge du cancer du sein

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