«Les décisions étaient conformes aux instructions», selon Ghoul
Le procès en appel de l’homme d’affaires Ali Haddad s’est poursuivi hier à la cour d’Alger par l’audition de plusieurs accusés. Le tribunal de première instance avait condamné Amar Ghoul à une peine de 10 de prison ferme et Boudjemaa Talaï à 3 ans de prison ferme pour l’«octroi délibéré d’indus privilèges» à l’homme d’affaires Ali Haddad et «abus de fonction» lorsqu’ils occupaient les postes de ministres. Amar Ghoul, ancien ministre des Transports, a réfuté les faits de corruption que lui reproche la justice. Il dira même que «toutes les décisions prises étaient soit conformes aux instructions du président de la République (Abdelaziz Bouteflika), soit aux directives du gouvernement ou du Premier ministre». Selon lui, «le Trésor public n’a pas perdu un dinar, mais a gagné beaucoup en devise. J’ai travaillé avec sincérité, dévouement et intégrité et j’ai préservé les intérêts de mon pays».
Il souligne qu’il n’avait pas été informé de quelconque dépassement dans les marchés conclus pour réaliser plusieurs projets, à l’instar de l’autoroute Est-Ouest ou le projet de ligne ferroviaire reliant Tlemcen à Sidi Bel Abbès et Lakhdaria à Bouira.
Il tente de se défendre en se référant à des chiffres précis : «A mon époque, en tant que ministre, il y a eu pas moins de 5000 projets et seuls 2 projets ont été octroyés à Ali Haddad contre 13 autoroutes attribuées selon la formule de simple gré à gré à des entreprises publiques et privées.» Mahdjoub Bedda, ex-ministre de l’Industrie, dira à son tour qu’il était investi de la mission de revoir les textes de loi et les procédures dans le secteur de l’industrie «qui a connu plusieurs dysfonctionnements, voire des dépassements. On m’accuse d’avoir signé une décision sans avoir effectué une visite sur le terrain concernant la société d’assemblage de camions Astra, filiale du Groupe Etrhb Haddad». Mise en place en mars 2006, Savem, qui avait pour principale activité le montage et la commercialisation des camions Astra, voulait proposer une gamme construction et routière destinée aussi bien pour les chantiers et les travaux publics que pour les transports routiers. «Il était question d’une demande de fabrication de 7 prototypes d’équipements à travers des SKD pour effectuer des essais et former la main-d’oeuvre. Un projet qui a reçu l’accord de l’ANDI en 2016 et Conseil national de l’investissement (CNI) en 2018, les autorisations ayant été obtenues en 2005.»
Pour sa part, Boudjemaa Talaï a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés, soulignant qu’il ne s’agissait pas d’abus de fonction, ni d’octroi d’indus privilèges, mais «de simples actes de gestion». Il a abondé dans le même sens que Sellal en affirmant que «les arbitrages internationaux durent dans le temps, ce qui conduit au gel des projets».
Abdellah Benmansour, ancien wali d’El Bayadh, affirme : «Je suis innocent et je rejette toutes les accusations portées contre moi, toutes les procédures ont été appliquées d’une manière réglementaire et transparente, je suis fils de chahid et un haut cadre de l’Etat que j’ai servi avec honnêteté.» Ali Haddad a bénéficié d’une superficie de 50 000 hectares dans la commune de Brezina dans le cadre d’une concession agricole. Un bureau d’études avait fait ressortir qu’au regard des projets envisagés, le groupe Haddad avait besoin d’au moins 120 000 hectares. L’ancien chef du FCE, Ali Haddad, avait été condamné, en première instance, à une peine de 18 ans de prison ferme assortie d’une amende de 8 millions de dinars, avec confiscation de tous ses biens. Il est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, dont «obtention de plusieurs privilèges immobiliers et bancaires» et «conclusion de marchés publics en violation de la législation en vigueur».