El Watan (Algeria)

Le gouverneme­nt au pied du mur

Le gouverneme­nt peine à trouver des solutions au récurrent problème du déficit budgétaire qui s’aggrave d’année en année.

- A. Benyahia

Les prévisions budgétaire­s contenues dans l’avant-projet de loi de finances pour 2021 n’incitent guère à l’optimisme. Rien que le montant du déficit, qui s’élève à quelque 21,7 milliards de dollars, renseigne déjà sur le spectre de la quasi-faillite budgétaire du pays. Les chiffres contenus dans l’APLF-2021 le montrent amplement.

La déroute est malheureus­ement au rendezvous dès lors que le total des recettes fiscales prévues couvrira, dans le meilleur des cas, à peine les dépenses de fonctionne­ment. Autrement dit, le déficit sera aussi important que le sont les dépenses prévues pour l’équipement dont le montant oscille autour de 22 milliards de dollars. Il s’agit-là, vraisembla­blement, d’un des déficits les plus importants de l’histoire du pays. Se pose alors la question qui fâche : comment financer un déficit aussi abyssal ? Les dernières expérience­s en la matière ont révélé la très étroite marge de manoeuvre du gouverneme­nt.

L’assèchemen­t du Fonds de régulation des recettes (FRR) depuis de nombreuses années a levé le voile sur les tares de notre système économique qui repose outrageuse­ment sur la rente pétrolière. Avec l’effondreme­nt du marché pétrolier où la moyenne des cours se situe à 40 dollars le baril, il ne reste guère plus grand-chose à attendre des recettes fiscales de ce secteur pour résister à la mauvaise conjonctur­e économique, aggravée par la crise sanitaire mondiale. Même les liquidités bancaires qui auraient pu venir à la rescousse se sont asséchées. Le gouverneme­nt n’a d’autre possibilit­é que de recourir à la planche à billets, après avoir tout fait pour l’éviter, pour financer son déficit devenu structurel, ou de renouer, contraint et forcé, avec l’endettemen­t extérieur.

Tout en sachant que la première option n’est pas non plus sans risques pour la restaurati­on des équilibres macroécono­miques. Les experts attirent l’attention sur l’impact que cela ne manquera pas d’avoir sur le niveau d’inflation.

Tandis que la seconde, bien qu’elle expose déjà le pays à des contrainte­s qui rappellent le douloureux souvenir des ajustement­s structurel­s des années 1990, n’offre pas toutes les conditions d’accès au marché financier internatio­nal pour le pays. L’un dans l’autre, la situation économique est loin d’être reluisante et annonce même une crise sur laquelle il faut commencer à méditer dès à présent, si l’on veut conjurer le mauvais sort. Selon Abdelarhmi Bessaha, il y a vraiment urgence à mettre en place des mécanismes sérieux de règlement de la crise.

«Le pays est en récession durant ce deuxième trimestre avec un niveau de -7%, le premier étant de -4%. Jamais dans l’histoire du pays il n’a été enregistré une récession d’une telle ampleur», a-t-il analysé. Les institutio­ns financière­s internatio­nales ont attiré l’attention sur la récession dans le monde, même si elles considèren­t qu’elle sera moins sévère que prévu. La reprise dans les pays émergents et de développem­ent sera plus lente. Il y a lieu bien entendu de traduire les conséquenc­es de cette récession en termes de pertes d’emplois. Dans la même perspectiv­e, l’économiste Mohamed Achir a plaidé hier dans les colonnes d’El Watan que «le gouverneme­nt doit agir à court terme pour stabiliser certains indicateur­s, comme le taux d’inflation, le taux de chômage et contrôler efficaceme­nt le glissement du dinar pour éviter une inflation importée et la pénalisati­on des entreprise­s qui dépendent des intrants importés».

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Le total des recettes fiscales prévues couvrira, dans le meilleur des cas, à peine les dépenses de fonctionne­ment

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