Les investisseurs lorgnent l’élevage du poisson d’ornement
Pour répondre aux besoins des fermes aquacoles, deux écloseries ont été installées, l’une à Sidi Bel Abbès, et l’autre à Sétif.
Face à la pénurie d’aliments pour poisson, la production de cyprinidés a dégringolé de 400 tonnes en 2019 à 30 tonnes actuellement, ce qui a contraint les investisseurs à changer de cap en optant pour l’élevage du poisson rouge d’ornement, dit Gold fish, un poisson plus rustique et plus rentable à leurs yeux.
Les trois fermes aquatiques implantées à Bir Snab, Zennouna et Tixter en sont les pionnières. «Au départ, ces fermes étaient conçues pour produire du poisson en vue de le destiner à la consommation. Mais les aliments font souvent défaut, et s’ils sont disponibles, il faut débourser 360 DA pour un kilogramme, ce qui n’est pas abordable pour tous. D’autant plus que l’élevage des cyprinidés (la carpe et le carassin) nécessite des eaux chaudes et donc de l’énergie pour chauffer l’eau. Voilà ce qui a empêché l’aboutissement des trois projets visant à alimenter le marché de la consommation, pour lorgner l’élevage du poisson rouge», nous dit Noredine Fehima, ingénieur halieutique et inspecteur principal à l’antenne de la pêche de Bordj Bou Arréridj. Il y a quelque temps, l’Algérie importait les alevins de Hongrie. Aujourd’hui, pour répondre aux besoins des fermes aquacoles, deux écloseries ont été installées, l’une à Sidi Bel Abbes et l’autre à Sétif, qui couvrent l’ensemble territoire national. «L’investisseur de Tixter a mis 5,2 milliards dans son projet d’une ferme piscicole de 6,2 hectares, intégrée aux différentes activités agricoles et pour produire du poisson-chat. Mais à défaut du gaz pour chauffer l’eau, l’incubation ne réussit pas, puisque le taux de mortalité des larves est plus grand, vu leur taille minuscule, au lieu des larves d’au moins un ou deux mois pour qu’elles grossissent et à terme donner les résultats estompés. Il a fini aussi par choisir la production du Gold fish, dont les prix oscillent entre 70 et 2000 DA, suivant le calibre, et qui se vend partout dans le pays», nous dit notre interlocuteur en poursuivant : «La ferme de Bir Snab, à la périphérie nord de Bordj Bou Arréridj, l’investisseur y a installé 17 bassins et une écloserie, et il comptait même passer à l’énergie propre en envisageant d’installer des panneaux photovoltaïques, et après plusieurs essais, sans réussite, il a, à son tour, opté pour l’élevage du Gold fish». Même son de cloche pour la ferme de Zennouna de 7000 m2, près d’El Achir, gérée par un ingénieur halieutique depuis 2012. «L’investisseur a fait construire 11 bassins de grossissement et 4 bassins d’élevage larvaire. Il a produit pendant quelque temps le poisson-tilapia de large consommation à travers le monde, tout en veillant de s’acquitter des dettes qu’il a contractées du dispositif Ansej. Mais, compte tenu de la rareté et de la cherté des aliments et le chauffage de l’eau, il a dû renoncer à ce segment pour aller produire le poisson rouge et il compte changer de site pour aller s’installer près d’une retenue collinaire. Là encore, un autre problème se posait pour lui, celui de la sécheresse. En attendant le changement dans les textes de loi régissant le secteur de la pêche, nous prions le ministre de tutelle qui connaît bien le domaine de prendre en considération les préoccupations des investisseurs, en termes de raccordement au réseau du gaz, de cherté et de pénurie des aliments. Et nous avons d’énormes potentialités, capables de relever le défi et faire des miracles, avec au passage, d’importants postes d’emploi générés», conclut-il.